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Romain Duris : "J'aime que ce métier puisse être un peu magique, un peu sans règles"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mercredi 4 octobre 2023 : le comédien Romain Duris. Il est à l'affiche du film : "Le Règne animal" de Thomas Cailley qui sort aujourd’hui.
Article rédigé par franceinfo, Elodie Suigo
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Publié Mis à jour
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Romain DUris, à l'affiche du film : "Le Règne animal" de Thomas Cailley. (franceinfo)

Romain Duris est l'un des acteurs les plus sollicités du cinéma français. Sa première apparition a eu lieu dans le film Péril jeune de Cédric Klapisch en 1994 dont il est devenu l'un des acteurs fétiches avec sept films tournés ensemble. Le réalisateur l'a même érigé en héros dans la trilogie L'Auberge espagnole (2002). Depuis, le chemin parcouru lui a permis de toucher à tout et de s'essayer à la comédie, à l'horreur, à l'historique, à la romance, au drame et maintenant au fantastique.

Mercredi 4 octobre 2023, il est à l'affiche du film : Le Règne animal de Thomas Cailley. Un long-métrage qui raconte comment un père et son fils se lancent ensemble sur le chemin de la vie, avec des hommes et des femmes qui se transforment en animaux et tentent de survivre, de trouver leur place.

franceinfo : Le règne animal est une belle métaphore pour mettre l'accent sur le rejet de l'autre, sur la différence. La différence est-elle définitivement une force ?

Romain Duris : J'en suis sûr. Et à travers ce film, je l'ai vécu en un temps réduit, sur trois, quatre mois. Le personnage que j'incarne était à la fin beaucoup plus rempli, plus heureux. Je le sentais vraiment. Alors qu'au début du film, il est plus dans l'inquiétude et dans la suspicion, parce qu'il y a de la menace partout. Donc oui, avec la différence, on est plus riche, c'est sûr.

Ce film relance finalement le débat sur l'humanité, sur ce que nous comprenons des êtres humains, sur la place des animaux, la place de la vie, la place de l'autre. Est-ce que ce n'était pas aussi le sens de ce film ? Ce qui vous a plu dans ce scénario ?

C'est clair. On parle de la différence. Quand j'ai lu le scénario, il m'a bouleversé parce que ça venait juste après cette période qu'on a tous traversé, le Covid, le confinement. J'étais chez moi, j'ai ouvert le scénario, je l'ai fini, je me suis dit : c'est fou ! C'est comme si Thomas Cailley se permettait d'imaginer le pas supplémentaire. On a tous traversé ça. Comment les jeunes, surtout entre 10 et 20 ans, ont vécu ce passage-là ? Ce scénario montre ça, comment d'un coup la nature pourrait reprendre ses droits. On sortait d'un moment où il y avait des troupeaux de sangliers dans les grandes villes qui erraient et ce film-là, c'est l'étape d'après. Et avec en plus la dimension paternelle, celle d'un père qui essaye de protéger son fils au départ et puis qui va grandir à ses côtés parce que son enfant ne sera pas exactement comment il l'attendait. Et au final, son fils va exister et sortir de l'emprise paternelle.

Cet enfant aurait pu être vous ? À quoi rêviez-vous à son âge ?

Je n'étais sûr de rien. J'étais plutôt attiré par le dessin, la peinture, la musique. J'avais du mal à avoir le culot de penser que je pourrais être filmé. Je pense que j'étais acteur malgré moi, parce que j'ai toujours fait le con, en fait ! Je ne sais pas si acteur c'est faire le con, mais en tout cas, il y a un peu une façon de se mettre en scène. J'étais ouvert sur plein de choses.

En même temps, le dessin, c'est aussi ce qui vous permet de vous aérer. Ça continue entre deux tournages. On a l'impression que vous avez besoin que ça se remplisse tout le temps.

S'aérer ou me reconnecter à une échelle plus concrète de vie, c'est vrai, plus solitaire. Acteur, on s'envole, vraiment. Enchaîner des tournages et tout, je ne sais pas si c'est d'ailleurs très sain parce qu'on part loin, je pense. Géographiquement et à l'intérieur.

"Le dessin me permet de revenir à quelque chose de plus concret, d'être plus moi."

Romain Duris

à franceinfo

Les liens familiaux sont aussi au cœur de ce film, entre ce père et ce fils. Que vous gardez-vous de vos parents ?

Sûrement une liberté de penser, une liberté d'être, la joie. Alors, est-ce que c'est eux ou est-ce que c'est la place qu'ils laissaient au cœur de la famille ? J'étais gai. J'ai eu la chance de connaître la joie assez tôt, on m'appelait "joie de vivre" quand j'étais petit. C'est une chance.

Quand on parle de vous, on met en avant votre côté très animal. Est-ce que vous vous y retrouver là-dedans ?

Ce que je pourrais imaginer de plus animal, ce serait l'instinct. Et c'est vrai que beaucoup de choses passent par l'instinct.

Il y a beaucoup de réalisateurs qui ont cru en vous avant même que vous ayez confiance en vous. Est-ce qu'aujourd'hui vous avez pris conscience que vous étiez effectivement fait pour ça ? Que vous prenez plus de temps pour profiter de ce qu'on vous a transmis ? Je pense à Patrice Chéreau, par exemple, qui vous a beaucoup aidé.

À chaque fois que je joue, je pense à ce que m'a inculqué Patrice. Ce sont des sensations, c'est comment habiter chaque mouvement ? Avec lui, on a fait un travail au théâtre. Il m'apprenait chaque jour à renouveler l'intention, l'intention du geste, l'intention d'une émotion, d'une parole. C'est vrai qu'en ça, ça me pénètre, du coup, je m'en sers à chaque fois. Mais j'aime, pour laisser la fameuse place à cet instinct dont on parlait, que ça ne devienne jamais une méthode. J'aime que ce métier puisse être un peu magique, un peu sans règles. J'ai tout ça à l'intérieur de moi. Mais c'est pour ça que je serais bien incapable de donner des cours. Essayer de transmettre la passion du jeu, je trouve cela très compliqué. Parfois c'est bien qu'il n'y ait pas de mots, que cela reste des sensations très personnelles pour chacun.

Vous dessinez, vous aimez raconter des histoires. Et l'écriture alors ?

L'écriture, c'est tellement large. J'ai écrit. J'ai eu des moments où j'écrivais des choses intimes...

"L’écriture, c'est compliqué, mais j'aimerais bien réaliser donc je me dis qu'à un moment, soit l'histoire va sortir de moi, soit je vais la lire, ça va passer par les mots."

Romain Duris

à franceinfo

C'était ma question. À quand votre première réalisation ?

Il faut que l'histoire soit tellement évidente. Il faut que ce soit une question de vie ou de mort de réaliser un film. Si ça doit venir, ça va venir. J'ai de l'espoir.

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