Pour Carmen Maria Vega, la scène est "un virus qui a été instantané"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l'artiste Carmen Maria Vega. Chanteuse, comédienne et écrivaine, elle publie un récit inspiré de sa propre histoire.
Carmen Maria Vega est une artiste complète. Dans son livre Le chant du bouc (éditions Flammarion) elle raconte la quête d’identité d’une enfant née au Guatemala et adoptée par des parents français alors qu’elle avait neuf mois. Ce récit, c'est celui de son histoire. Elle confie qu’elle a toujours su qu’elle était adoptée, mais ce n’est qu’à 15 ans qu’Anaïs apprend son vrai nom : Carmen Maria Vega.
Je me dis c’est quand même dommage, il est joli ce nom et ça devient un leitmotiv de le reprendre d’une manière ou d’une autre. Le métier d’artiste c’était idéal.
Carmen Maria Vegaà franceinfo
Ses parents (adoptifs) ont toujours été très transparents sur la question de l’adoption : "C’est toujours quelque chose qui a été dit, répété par ma mère, par souci que ce ne soit pas un problème justement et avec beaucoup d’amour évidemment, en disant : 'Je t’aime pareil, ça ne change rien'. Et puis surtout pour que je ne souffre ni d’exclusion ni d’éventuels commentaires désagréables des autres enfants à l’école".
Dans son livre, elle raconte une maman très généreuse, très volubile, un père plus taiseux mais pas sans humour, et peut-être sa peur de l’abandon un peu exacerbée qui pousse sa mère à l’inscrire au théâtre pour couper le cordon et respirer un peu : "Je suis une enfant très introvertie, j’ai des amis, ce n’est pas tellement le problème, mais je ne supporte pas ses absences", et là, c’est le coup de foudre pour la scène : "C’est un virus qui a été instantané".
Après le théâtre, c’est la musique qui entre dans sa vie par le biais de ses oncles maternels qui possèdent un large éventail de musiques dans leurs discothèques respectives et c’est donc tout naturellement que Carmen Maria Vega met aussi un pied dans la danse.
Victime d'un trafic d'enfants
Par le passé, elle fait quelques démarches pour retrouver sa mère biologique mais elles n’aboutissent pas et c’est en 2010 que la contacte un certain Vincent Simon, porte-parole français de Rigoberta Manchu (Prix Nobel de la Paix 1992 et voix des indigènes guatémaltèques). Elle finit par partir avec lui au Guatemala en janvier 2011, pour dix jours.
En posant pour la première fois les pieds dans son pays d’origine, Carmen Maria Vega sent instinctivement que ses recherches ne vont pas être faciles. C'est là qu'elle découvre que son adoption relève d’un trafic d’enfants : "C'est le pot aux roses que je découvre, mais vraiment à la toute fin du séjour, quand je retrouve enfin un grand-père au Honduras qui me dit que ma mère biologique est donc en Belgique", raconte-t-elle.
Contrairement à ce qui était marqué dans son dossier, sa mère n’est pas une activiste, elle a aussi un grand frère confié à une autre famille. Des révélations qui vont ébranler sa famille de cœur, persuadée que son adoption avait été faite dans les règles, et induire des rapports délicats avec sa mère biologique.
C’est compliqué pour moi de la voir car je ne peux pas lui rendre tout l’amour dont elle a besoin.
Carmen Maria Vegaà franceinfo
Ce livre émouvant et le remix de l’album Santa Maria coulent de source pour Carmen Maria Vega. "Pour moi tout était assez logique", explique-t-elle. Ils vont d'ailleurs connaître une suite sur scène et au cinéma. Ce sont les prochains chantiers de l'artiste pour les deux années à venir. "Et comme j’ai envie, je vais le faire", assure-t-elle.
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