Peter Cincotti : "J'écrivais des chansons à sept ou huit ans"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mardi 15 octobre 2024 : le chanteur pianiste de jazz Peter Cincotti. Il sort un nouveau single "Roll Alone (Soondclub Remix)".
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Peter Cincotti assiste à la première de "The Human Trial" à New York au SVA Theatre le 23 juin 2022 à New York (DIA DIPASUPIL / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Pour mieux présenter Peter Cincotti, il suffit de lire le New York Times, le journal new-yorkais le considère comme l'un des chanteurs pianistes les plus prometteurs de la nouvelle génération. Son premier album a atteint la première place du classement jazz du Billboard, le classement américain le plus prestigieux, faisant de lui à 18 ans, le plus jeune artiste à atteindre ce niveau. Le premier à l'avoir repéré, c'est Harry Connick Jr et ses concerts à New York dans les clubs faisaient salle comble. Il s'est même produit à la Maison-Blanche. Aujourd'hui, après des collaborations avec Phil Ramone, David Foster, Andrea Bocelli ou encore David Guetta, il est de retour avec Roll Alone (Soondclub Remix), un remix pop électro jazz réalisé avec le producteur français Soondclub.

franceinfo : Cette collaboration ouvre-t-elle les portes finalement associées à cette tournée européenne, à la conquête de l'Europe ?

Peter Cincotti : Tout d'abord, merci vos gentils mots, bien sûr. Mon dernier album, Roll Alone Remix, c'est très différent de tout ce que j'ai fait. C'est Soondclub qui l'a produit et c'est une combinaison de styles. Et oui, c'est le premier d'autres sorties dans cette direction qui vont arriver, qui sont vraiment taillées en particulier pour la France.

Ce qui est étonnant, c'est que depuis que vous êtes arrivé sur le devant de la scène, il y a toujours eu ce soin apporté à la fois à la musique, aux standards qui vous ont bercé, qui vous ont donné envie de pratiquer et de faire ce métier. Mais aussi, vous avez toujours eu besoin d'apporter votre pierre à l'édifice, d'apporter vos propres compositions avec des nouveaux titres. C'est une partie de votre personnalité, ça ?

Oui, merci encore pour vos mots. Je me considère comme un auteur-compositeur. Très tôt, très jeune, avant de commencer sur la scène jazz, beaucoup de gens ne le savent pas, mais j'écrivais des chansons à sept huit ans. J'ai commencé par le jazz et j'ai sorti mon premier album. Et puis dans mon troisième album, je suis revenu qu’avec des morceaux originaux. Je joue et je chante juste pour faire sortir les chansons.

"Parfois, j'utilise de grands classiques pour les réinterpréter parce que j'aime les vieux classiques et puis j'adore essayer de trouver ma voix à travers ces tubes."

Peter Cincotti

à franceinfo

Vous avez commencé très jeune, à l'âge de quatre ans. Qu'est-ce qui fait que vous ayez eu envie de vous asseoir derrière cet instrument qu'est le piano ?

En fait, j'avais trois ans et je dis ça parce que ma grand-mère m'a acheté un piano, un jouet pour mon troisième anniversaire. Il y avait dix touches dans cette boîte en bois et puis elle m'a appris à jouer Happy Birthday dessus. Apparemment, je lui ai joué directement. Dès qu'elle me l'a montré, je lui ai rejoué et je suis devenu addict à cet objet. Et puis à quatre ans, j'ai commencé à prendre des leçons, on a eu un vrai piano à la maison, j'étais vraiment attiré par ça. C'était inconscient, mais je ne pouvais pas arrêter d'y jouer.

Il y a ce moment où Harry Connick Jr vous rencontre. Il vous a toujours accompagné dans tout ce que vous avez pu faire. On va juste préciser que vous avez perdu votre père très jeune. Vous aviez 13 ans quand il a disparu. Justement, que gardez-vous de lui ?

Mon père était une personnalité très forte. Et j'ai vraiment beaucoup de chance de l'avoir eu pendant 13 ans, j'ai beaucoup appris de lui. Il est décédé au moment de mon premier concert professionnel, à 13 ans. Il venait me voir dans le club. C'est quelque chose dont je n'ai jamais parlé auparavant et surtout pas dans une interview, mais il se trouve que j'ai écrit une chanson sur cet album qui s'appelle Close to My Father, et ça raconte l'histoire de la perte de ce père, mais également le fait que quand on perd quelqu'un comme ça, on ne se répare jamais, on ne s'en remet jamais. La relation avec cette perte change au fur et à mesure du temps, mais ça ne s'en va jamais.

"Ce fantôme vous suit depuis votre adolescence jusqu'à la quarantaine, donc la perspective sur cette perte change, mais mon père est avec moi tout le temps."

Peter Cincotti

à franceinfo

Je me demandais comment vous arriviez à gérer la pression parce que vous avez commencé très tôt. Est-ce qu'on arrive avec le temps à se dire que tout ne peut pas être complètement parfait ?

Le mieux que je puisse dire c'est que d'une certaine manière, il y a une barrière de protection qui arrive à votre adolescence et à la vingtaine et l'innocence d'être jeune et l'ignorance qu'apporte le fait d'être jeune, cela arrête presque la pression parce que vous dites que vous pouvez tout gérer. C'est plus tard dans la vie quand vous regardez en arrière, vous dites : "Mon Dieu, j'avais 13 ans ou 21 ans quand j'ai fait ça !" On n'a pas cette perspective quand on est à l'intérieur, dans l'œil du cyclone. Je ne sentais pas cette pression immense. J'avais juste l'impression d'être très chanceux de faire ce que j'aimais. C'est toujours le cas d'ailleurs. Mais c'est vrai que les barrières de protection ce sont un peu en allées avec le temps. Quand je me couche, je suis un petit peu plus conscient de ce que ça vous prend, parce que oui, ça prend quand même beaucoup de choses.

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