"PAFINI", le nouvel album de Jean-Louis Aubert : "On est tous très perméables et très intuitifs"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 14 octobre 2024 : l’auteur, compositeur et interprète Jean-Louis Aubert. Il vient de sortir, en septembre 2024, "Pafini", son dixième album studio.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le chanteur français Jean-Louis Aubert se produit sur scène lors de la 36e édition du festival de musique des Francofolies, à La Rochelle, dans le sud-ouest de la France, le 10 juillet 2021. (GAIZKA IROZ / AFP)

Au départ, Jean-Louis Aubert voulait faire de la musique pour déranger les adultes parce que le petit garçon qu'il était, celui qui s'ennuyait, décrit par son père comme moitié introverti et moitié extraverti, celui qui se sentait emprisonné dans sa petite enfance, a eu envie de créer son monde en gardant ce regard émerveillé, ce sourire permanent, et cette farouche envie de rassembler. Jean-Louis Aubert sait faire des chansons qui touchent le cœur des gens, que ce soit avec Téléphone ou en solo. Un magicien des mots, des mélodies, un obsédé textuel totalement assumé, engagé, engageant, prêt, comme il le dit dans le documentaire "Le chant des possibles" de Sophie Lesage, "d'embrasser les moments de bonheur". Aujourd'hui, il est venu avec sous le bras PAFINI, son nouvel album.

franceinfo : PAFINI est un album qui parle de l'amour de soi, des autres, une déclaration d'amour inconditionnel à la vie.

Jean-Louis Aubert : C'est plus compliqué que ça bien sûr. Mais c'est surtout vous qui m'avez pris dans vos bras depuis une cinquantaine d'années. Je suis fier d'avoir accompagné par les chansons quelques escapades. Il faut dire que j'ai commencé la musique sur la chanson "I'm Free" des Who. J'avais vraiment envie de m'envoler, de faire ce que mon cœur me disait de faire. Cet enfant et cet adolescent, j'ai l'impression que c'est toujours mon ancêtre. De temps en temps, je suis convoqué dans son bureau et je dois rendre des comptes. Est-ce que je me suis trahi ? Est-ce que j'ai essayé de faire quelque chose pour une raison qui n'était pas valable ? J'essaie d'être au maximum honnête vis-à-vis de lui. En général, ça me rend assez honnête vis-à-vis de vous, je l'espère.

Vous avez eu une intervention chirurgicale très minutieuse. Le cœur a ses raisons. Il a tenu ce cœur, il s'est remis. Est-ce que ça change le regard quand on a vécu ce genre de choses ?

"Quelquefois, quand vous frôlez la mort, ça vous indique quelque chose comme quoi disparaître à soi-même en étant bien vivant, c'est être ultra-vivant."

Jean-Louis Aubert

à franceinfo

Ce n'est pas là où la mort m'a fait des clins d'œil. Mais il y a eu beaucoup d'autres moments dans ma vie où elle m'a fait des clins d'œil et je crois que j'ai commencé à chanter ça très tôt "je ne veux pas crever dans un cercueil comme un deux-pièces de banlieue", j'avais 17 ans quand j'ai écrit ça.

Vous avez toujours été dans l'époque dans laquelle vous vivez. C'est incroyable. C'est-à-dire que vous avez traversé les décennies. Qu'est-ce qui fait que vous restez chroniqueur d'une société ? C'est parce que vous êtes très observateur ?

Je ne juge pas les autres et je marche avec eux. Quelquefois je ressens des choses en marchant avec eux et je n'ai pas d'idée sur la manière dont ils sont habillés, parfois, je trouve des filles jolies bien sûr, des choses comme ça... En fait, j'adore les autres, ils m'apprennent plein de choses et ils sont tous différents. Quelquefois j'ai rencontré des gens très importants qui n'avaient pas grand-chose à me dire et des SDF qui avaient énormément de choses à me dire.

"Ça m'est arrivé de me réveiller dans les bras d'un SDF dans un parking ou devant la porte d'un McDonald à 4 h du matin. Vous voyez, il ne m'avait pas pris mon portefeuille. Non, il m'avait plutôt donné une chanson."

Jean-Louis Aubert

à franceinfo

Vous dites que le monde, c'est nous qui le faisons. Que voulez-vous dire ?

C'est notre monde. La chanson parle de ça. Elle était très intime. Tout le monde le dit : "Moi aussi je rêvais d'un autre monde" ! Mais en fait, c'est dans le rêve. Tous les partis politiques m'ont demandé cette chanson ! Ça signifie que je pourrais les mettre d'accord sur une phrase. Ils pourraient se mettre d'accord tous seuls. Beaucoup de choses pourraient se passer si on effectue des petits changements nous-mêmes. Quelquefois des choses un peu rugueuses, un peu dures qui vous arrivent peuvent vous donner des bonnes choses. Par exemple, si j'avais tout le temps voulu faire plaisir à mes parents, je ne serais pas là en train de vous parler.

En même temps, vous avez accompli le rêve secret de vos parents à travers cette carrière, cette vie d'artiste.

Oui. Les enfants savent parfaitement lire ce qui se passe dans les visages quand ils ne sont pas en train d'essayer de les éduquer. On ne peut pas apprendre à un enfant quelque chose qui ne vient que de la raison parce qu'il vous regarde même quand vous ne lui parlez pas. On est tous très perméables et très intuitifs. C'est beau.

Pour terminer, est-ce que le petit garçon que vous étiez est fier de l'homme que vous êtes devenu ?

Très. En revanche, il y a quand même des choses à encore polir, surtout au niveau de l'esprit, qui avance tout le temps, de la raison, de l'anxiété. C'est dure à doser cette anxiété. Si moi je ne tenais pas cet album ou que je pensais, drapé dans un truc intellectuel, que si les gens ne le comprennent pas, c'est parce que je suis plus intelligent, je ne pense pas que je serais aussi trépignant à la sortie de celui-ci.

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