"Nouvelle Babel" : Michel Bussi nous téléporte en 2097
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’écrivain, Michel Bussi. Il publie son nouveau roman jeudi 3 février : "Nouvelle Babel", aux Presses de la Cité.
Michel Bussi est écrivain et classé quatrième des écrivains français qui ont vendu le plus de livres à travers le monde en 2021. Jeudi 3 février, il publie Nouvelle Babel aux Presses de la Cité.
franceinfo : C'est très compliqué d'en faire un résumé sans spoiler l'histoire. Vous êtes vraiment très attiré par l'insularité des lieux et la Normandie. C'est vrai que Mourir sur scène (2008) se déroulait pendant l'Armada de Rouen, Nymphéas noirs (2011) dans le village de Giverny. Vous jouez avec le suspense, les rebondissements et vous nous attrapez systématiquement. On devient finalement nous aussi un peu acteurs de vos histoires.
Michel Bussi : C'est ce que je voulais. Je voulais faire un roman policier qui s’inscrit dans la logique des précédents, il y a un crime avec des enquêteurs qui vont essayer d'attraper ce tueur. Mais pour ne pas toujours écrire le même roman, il y a cette particularité quand même assez forte qui est que cette enquête policière se déroule en 2097, dans un monde où on a inventé la téléportation humaine, c'est-à-dire qu'on peut se déplacer à la vitesse de la pensée. On n'a pas seulement un téléphone avec lequel on peut appeler ou éventuellement télétravailler en Zoom ou autre, on peut vraiment se déplacer.
Ce qui est bien, c'est que la téléportation ne consomme rien.
La téléportation reste un grand fantasme, alors que maintenant, toutes les informations circulent à la vitesse de la lumière, la culture, l'argent, simplement en cliquant sur un ordinateur. Par contre, pour nos déplacements, on est encore très contraints et c'est ce paradoxe que ce roman, peut-être, voulait montrer.
J'ai l'impression que vous avez conservé cette âme d'enfant. Tout est un jeu.
Oui. C'est un jeu, c'est-à-dire qu'il y a une âme d'enfant, il peut y avoir un côté un peu Jules Verne dans le fait de se dire "On fait le tour du monde". Mais évidemment, le tour du monde en 80 jours, à l'époque, c'était révolutionnaire.
"Dans ces récits d'anticipation, un peu futuristes, il y a quand même cette envie, au-delà d'amuser le lecteur et de le faire voyager, de le faire réfléchir."
Michel Bussià franceinfo
Moi, je suis persuadé qu'on réfléchit d'autant plus quand on a un bon divertissement, qui surprend. Ça démontre quand même une forme d'absurdité de notre monde aujourd'hui, ça nous montre ce que pourrait être le monde de demain et si ce monde était possible, ou si on vivait dans ce monde, comment je réagirais ? Quel miroir cela renvoie-t-il sur le monde d'aujourd'hui ?
Vous avez toujours des yeux qui pétillent. Enfant, vous rêviez à quoi ?
Je pense qu'ils ont toujours pétillé comme ça, parce qu'enfant, j'inventais déjà des histoires. D'ailleurs, cette histoire de téléportation date de mon enfance, voire de mon adolescence. J'avais très peur pendant toutes ces années qu'un grand écrivain écrive un monde où on pourrait se téléporter, où tout tourne autour de cette invention. Finalement, ça n'a pas été fait. Du coup, j'ai nourri mon récit au fil des années.
Vous avez attendu vos 40 ans pour vous lancer. Il y a eu un premier roman qui n'a pas été publié puis un autre, qui lui a connu un meilleur succès, réédité neuf fois. Vous n'avez pas de regrets d'avoir attendu aussi longtemps, sachant que ça a toujours été réellement votre passion ?
Si, forcément. Je peux me dire que si mon premier roman avait été publié quand j'avais 30 ans ou 20 ans, peut-être que j'aurais eu plus de temps pour écrire d'autres romans, plus de temps pour aller vers d'autres directions comme le cinéma ou d'autres choses. Là, forcément, il y a une forme d'urgence, d'envie de rattraper le temps perdu. Donc, oui, sans doute, ma vie aurait été différente. Après, je n'ai pas de regrets d'avoir été à l'université et d'avoir été chercheur.
Et puis, c'est comme quand on découvre l'amour, tard dans sa vie. Est-ce qu'on a des regrets ? Oui, on se dit peut-être que ça aurait été formidable de rencontrer cette personne à 20 ans et peut-être qu'on peut se dire aussi : oui, mais finalement, je n'aurais pas eu le même plaisir. Je me dis qu'en fait, la vie suit une espèce de trajectoire ascendante. C'est assez merveilleux d'avoir un rêve et de se dire que de toute façon, je sais maintenant que ce rêve ne va pas redescendre parce que j'ai plus d'"idées" que d'années qu'il me reste à écrire. Dans mon cas, je me dis que je vais peut-être encore vivre des choses plus fortes. C'est peut-être une chance.
Babel est associée à la vie des hommes, à leur mégalomanie. En fait, ce que vous dites dans ce roman, c'est que c'est tout le contraire. La tour de Babel est une métaphore, "elle touche le ciel" dit la Bible, cela ne signifie pas qu'elle devait être la plus haute possible, mais qu'elle est une source d'espérance, finalement, que l'humanité puisse vivre à jamais en paix. Babel, c'est un monde sans guerre où nous serions tous frères. C'est un rêve ou pas ?
Oui clairement. Et d'ailleurs, dans mes romans, il y a effectivement toujours une forme d'utopie, toujours une forme d'empathie pour les personnages. Mais il y a quand même des vrais salauds, ce qui justifie les meurtres. Mais j'ai toujours considéré que la gentillesse était de l'investissement à long terme. Donc, j'ai toujours considéré que c'étaient les gentils qui gagnaient à la fin.
"Passer par le genre policier, par la fiction et le récit d'aventures, ne donne aucune morale. Ça permet juste de réfléchir."
Michel Bussià franceinfo
Comment vous vous définissez ?
Peut-être comme un gentil qui gagne à la fin !
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