Marc Cerrone : "Les barrières, je les ai prises pour des escabeaux pour aller plus haut"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, elle reçoit le compositeur et musicien Marc Cerrone pour son nouvel album "DNA". L’occasion de raconter un peu de son enfance, sa passion pour la musique et ses débuts par une erreur heureuse aux Etats-Unis.
Marc Cerrone est un battant (et un batteur) et doit sa réussite à son talent mais aussi à une heureuse erreur. Il raconte à Elodie Suigo que les maisons de disques en France ne souhaitent pas éditer son premier album Love in C Minor (1976). Il décide donc d’en faire compresser en Angleterre pour les vendre et gagner un peu de sous, mais la société envoie par erreur son carton aux Etats-Unis, en pensant que c’est celui de Barry White. Un magasinier avec une casquette de DJ le week-end met la main dessus et trouve la musique géniale : "Ça a fait un buzz incroyable !"
Il est bien incapable de dire quel morceau de sa discographie il préfère, lui, ce qu’il souligne c’est le chemin parcouru : "Dans deux ans, bientôt 50 ans de carrière, venant de banlieue parisienne, à Vitry-sur-Seine, et avoir fait le chemin que j’ai fait sans m’en rendre compte. J’ai vu souvent des barrières, c’est difficile comme métier hein, mais souvent les barrières je les ai pris pour des escabeaux pour aller plus haut ".
J’ai toujours tenté d’être à la hauteur des opportunités et de la chance que la vie a bien voulu me donner dans ce métier, parce que ce n’est pas facile.
Marc Cerroneà franceinfo
Et il raconte qu’il a 5 ans quand ses parents d’origine italienne se séparent après avoir fui le fascisme, il part en pension très jeune, un traumatisme : "Oh c’est terrible, à 5 an et demi, c’est un peu difficile". Il se décrit comme très turbulent en classe, il tape partout et en est souvent exclu. Sa mère ne pouvant lui payer une école privée tente le tout pour le tout et lui propose une solution : "Puisque tu tapes partout, si tu veux je t’achète une batterie, fait une bonne année !" Et Marc Cerrone se reprend : "Quelle idée incroyable, ça m’a donné l’envie et j’ai réussi et au mois de juin à la fin de l’année scolaire, elle m’a offert une batterie. Je n’ai jamais quitté, ça a été mon meilleur copain et ça l’est encore". La batterie comme planche de salut dans un milieu où il n’y a rien, dans lequel il explique à Elodie Suigo que deux chemins s’ouvrent aux jeunes, celui de la passion qui aspire ou celui de la délinquance.
Son père qu’il définit comme dur souhaite qu’il fasse des études pour un meilleur avenir, Marc Cerrone aime la musique mais son paternel considère que ce n’est pas un vrai métier alors pensant l’embêter, il suit un cursus de haute coiffure et obtient une mention, ce qui ravit son père mais pas lui, et à 16 ans il fugue.
L’heureux hasard : direction New York
Marc Cerrone se retrouve chez une amie qui travaille au Club Med et de fil en aiguille devient le directeur artistique, producteur d’une quarantaine de villages et choisit les meilleurs musiciens pour monter son premier groupe Kongas. L’aventure dure quatre ans, il finit par en avoir marre d’être tout le temps en concert, devient papa pour la première fois, et décide d’ouvrir des magasins de disques (cinq en deux ans) : "Pour rester dans la musique". Mais il s’embête très vite même s’il gagne très bien sa vie. Il vend ses boutiques et va donc, à 24 ans, en Angleterre faire des tirages de ce premier album Love in C Minor qui arrive aux Etats-Unis par une heureuse erreur.
J’ai vendu mes magasins, et je suis resté dans ce métier en me disant je reviendrai dans la vie réelle quand ça s’arrêtera et ça ne s’est jamais arrêté.
Marc Cerroneà franceinfo
La musique pour Cerrone c’est son oxygène : "Je crois que le titre de mon dernier album explique bien, c’est ma vie, c’est mon ADN."
J’ai l’impression de m’être accompli parce que je me suis exprimé et je n’aurais eu autre moyen de mieux m’exprimer qu’au travers de la musique
Marc Cerroneà franceinfo
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