Le onzième album de Yann Tiersen, "Kerber", comme un nouveau départ
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’auteur, compositeur et interprète, Yann Tiersen. Son onzième album est sorti : "Kerber".
Yann Tiersen est auteur, compositeur et interprète. Il est évidemment connu pour "la bande non-originale", dit-il, du film Le fabuleux destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet (2001). Sa notoriété a dépassé les frontières à ce moment-là puisqu'il est aussi à l'origine de la bande originale du film allemand "Goodbye Lenin !", en 2003, pour laquelle il a été récompensé. Yann Tiersen revient avec un onzième album Kerber.
franceinfo : Kerber est un retour aux sources puisqu'on parle vraiment de l'île d'Ouessant. C'est aussi un nouveau départ ?
Yann Tiersen : Oui, vraiment. Un peu parce que juste avant, j'ai sorti un album qui s'appelait Portrait. C'était un peu remettre justement en contexte tous mes morceaux. On a même masterisé l'album en passant de la bande au vinyle et du coup, c'était un point d'orgue. Et là, c'est la suite.
Cet album, c'est un peu la définition de ce que vous êtes, un laborantin. Vous êtes toujours à la recherche du son, mêlant votre savoir-faire à ce que vous connaissez aussi : les partitions, les arrangements, mais aussi vous réinventez quelque chose.
C'est tout con. J'ai commencé à faire ma musique début des années 90 et en fait, c'était le post-punk. C'était empirique comme ça. J'ai toujours enregistré mes trucs sans me poser trop de questions et en aimant bidouiller et faire des choses dans ma chambre.
Comment la musique est-elle arrivée dans votre vie ?
Mon papa était très mélomane. Je l'ai perdu à l'âge de 7 ans, donc je pense que c'est lié à ça.
"La musique a toujours été hyperprésente dans ma vie. Ça me permettait d'évacuer des choses, me réconfortait. C'était plein de choses."
Yann Tiersenà franceinfo
Il y a sept titres sur cet album. On a l'impression d'être dans un film et pourtant, c'est le film de votre vie, c'est ce qui vous touche à l'intérieur. Il y a la nature, l'environnement et puis l'essentiel. C'est quoi, d'ailleurs, votre essentiel ?
Je pense que l'essentiel, en tout cas maintenant, c'est de se connecter, se reconnecter, de laisser l'anthropocentrisme un peu derrière... C'est un truc un peu hippie.
Ça a donné cet album qui s'appelle Kerber. Parlons du titre de cet album car il en dit long sur votre démarche, sur qui vous êtes, sur ce qui vous ressource.
Kerber, c'est une chapelle à côté de chez moi. Avant, ma musique était plus centrée sur le fait d'essayer de faire des instantanés et d'encapsuler le temps. Et maintenant, c'est plus les lieux. Mettre un lieu et lui juxtaposer un morceau de musique, qui n'ait pas forcément quelque chose à voir, en plus. Mais j'aime bien cette juxtaposition, elle permet justement de se focaliser sur un lieu et de réfléchir sur les endroits. Donc, c'est tout simple.
Vous avez une formation classique, que vous avez arrêtée à 13 ans. Puis adolescent, vous vous tournez vers le rock. Vous avez toujours eu cette mentalité-là, cette envie de faire du rock ?
Non. Je suis né à Brest et mes parents ont bougé à Rennes. J'y ai passé mon adolescence et c'était génial parce qu'il y avait les Transmusicales. Il y avait au moins deux groupes déments par semaine. Je n'ai fait que ça, aller voir des concerts et répéter avec les copains. Et j'ai commencé aux Trans.
Ce qui ressort aussi, c'est votre besoin d'avoir toujours des challenges, je pense au projet L'absente avec ce quatuor à cordes, à l'orchestre symphonique avec Goodbye Lenin ! même si vous n'êtes pas fan des musiques de film. Vous avez toujours eu ce besoin de pousser encore un peu plus, d'essayer de nouvelles choses.
Ce n'est pas que je n'aime pas les musiques de film... Goodbye Lenin ! est un très bon exemple. On me demande de faire une musique de film et ma mère était malade au même moment. C'est un peu l'histoire du film. J'ai dit oui, pas de problème. Je n'ai pas fait un truc sur le film, mais sur ma mère qui était malade.
"Pour chaque album, je suis un gamin avec la musique. Je trouve que c'est quelque chose d'assez précieux, de vital."
Yann Tiersenà franceinfo
J'ai besoin de m'amuser comme si c'était la première fois tout le temps et du coup, je ne peux pas me répéter. Du coup, je change à chaque fois, j'explore de nouveaux territoires pour garder cette énergie-là.
Votre musique traduit vos émotions et on sent que c'est bien de les garder, mais de temps en temps, c'est bien de les donner, de les partager en tous cas.
Oui. Je dis toujours que les concerts sont le moyen le plus simple de partager de la musique avec les gens. Un morceau quand il est sur l'album, tant qu'on ne l'écoute pas, il est mort, il n'existe plus. Normal, il est sur un support, il faut mettre le vinyle sur la platine ou qu'on aille sur une plateforme, pour l'écouter. Et après, il renaît. Il faut qu'il renaisse pour la scène : je refais tout pour que le morceau soit vivant.
Cet album est un message d'espoir, de transmission aussi ?
J'ai envie d'être positif et de croire en l'avenir. De toute façon, l'avenir est vraiment à inventer, pour le coup.
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