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Le monde d'Elodie. Mylène Demongeot : "Le médecin m'a dit "Je suis très pessimiste". Je lui ai répondu : "Pas moi !"

A 84 ans, la comédienne était en plein tournage avec Gérard Depardieu quand le Covid-19 lui est tombé dessus. Et elle l'a vaincu !

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Mylène Demongeot en compagnie d'Elodie Suigo sur franceinfo le 4 juillet 2019 (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Elodie Suigo : Mylène Demongeot, vous êtes actrice et productrice, auteure également. Vous avez connu la consécration en 1957, vous aviez 21 ans, avec Les sorcières de Salem et puis évidemment, on vous a vue aux côtés de Jean Marais dans la trilogie Fantomas, aux côtés d’Yves Montand, de Roger Moore, de Samy Frei, de Jean-Paul Belmond, bref ; une grande carrière. On a toujours l’impression que ça n’arrive qu’aux autres et pourtant le Covid-19 vous a frappée de plein fouet. Racontez-moi ce combat... 

Mylène Demongeot : Hé bien, j’étais en plein tournage de ce film qui va s’appeler MDR, dont nous avons tourné la moitié, qui est une grande comédie, intensément drôle et tendre avec Depardieu, Daniel Prévost, avec toute une équipe formidable. On tourne... J’étais un petit peu mal foutue et puis, paf !  le confinement tombe. Je me dis que je ne vais pas rester à Paris, que s’il y a confinement je file à la campagne. Et je pars chez moi, dans la Mayenne et toute le monde me dit "Tu as mauvaise mine » - « Ha bon ?" ... Alors je prends mon thermomètre frontal, j’ai toujours 36.4, donc ça va bien, je ne suis pas malade et Sandra, quoi vit avec moi, prend son thermomètre auriculaire et j’avais 39.5 alors la situation n’était pas du tout la même avec 39.5 ! J’appelle vite à Paris mon cardiologue me dit "Appelle le 15 immédiatement !". Alors j’ai appelé le 15. Ils m’ont bombardée de questions pendant au moins dix minutes, j’ai répondu et au bout de ces questions ils m’ont dit "Vous restez tranquille, vous ne bougez pas on vient vous chercher". Ils sont arrivés, ils m’ont embarquée en ambulance, dare-dare vers l’hôpital de Laval et on m’a hospitalisée immédiatement. Ce que j’ai su après, c’est que j’étais condamnée. C’était pratiquement impossible de me sauver, le médecin a dit "Si on l’intube, dans 48 heures elle est morte". Ils se sont concertés tous et ils ont dit : "Bon, on va essayer autre chose". Donc on a essayé le traitement du professeur Raoult, pour ne pas le nommer, avec des antibiotiques, tout un panel de médicaments et ma foi ils m’ont sortie de là ! Et j’y pensais ce matin en me disant, "J’ai failli mourir, je fais partie de l’ADMD, l’association pour le droit de mourir dans la dignité et je me dis que quand on est dans le potage, quand on est complètement dans un état semi inconscient, il n’y a aucune raison d’avoir peur de la mort. On doit se glisser tranquillement d’un état à un autre". Ce qui s’est passé c’est que j’ai senti que mon heure n’était pas venue et quand le docteur m’a dit "Je suis très très pessimiste à votre sujet, je lui ai répondu "Pas moi !".  

Dans quel état étiez-vous ? 

Une énorme fatigue. Tousser, pas vraiment. Du mal à respirer, oui. Essoufflée dès que je faisais trois pas, oui. Donc cette maladie, c’est sûr qu’elle nous attaque les poumons et elle nous attaque le intestins. D’ailleurs il y en a qui sont en train de découvrir qu’il y a une bactérie dans l’intestin, très nocive, et pendant que j’étais à l’hôpital j’ai eu des crises de diarrhées absolument atroces ! C’est douloureux. Je suis restée deux semaines et demie sans bouger. Il faut réapprendre à marcher, parce que tout ça est raide, je n’ai pas d’équilibre, j’ai un mal fou... Disons-le, bien comme il faut : c’est une saloperie ! Il faut avoir beaucoup de patience. Vous ne crevez pas du premier coup. Je suis sur le chemin de la renaissance, si on veut, mais ce n’est pas du jour au lendemain que ça se passe. C’est lent. 

Vous sentez-vous rescapée, vous qui avez aussi vaincu un cancer ? 

Je ne me sens comme rien du tout mais mes copains me disent que je suis une miraculée. Alors d’accord : moi je me dis que j’ai encore des choses à faire, que j’ai encore des choses à dire, que j’ai encore des envies, que j’ai encore du désir et que je ne me sens pas du tout comme quelqu’un de 84 ans. Je pense que physiquement, dans mon organisme, je suis une femme de 70 ans. Les gens m’ont toujours dit "Tu ne fais pas ton âge !". C’est sûr, je ne le fais pas et je ne le sens pas non plus : je ne suis pas une femme de 84 ans. Je ne me sens pas vieille du tout, c’est ça le problème ! 

C’est un beau message d’espoir, c’est pour ça que vous voulez témoigner ? 

Oui c’est ça, si on est là, il faut aider du mieux qu’on peut ! 

Comment imaginez-vous l’après ? 

Moi j’ai un but très précis, c’est de me remettre bien sur pied pour pouvoir terminer le film ! Sauf qu’entre le moment où j’ai tourné et aujourd’hui, j’ai pas mal fondu. Donc il va falloir qu’on triche avec le maquillage pour que je sois aussi dodue que quand j’ai tourné ! 

Merci beaucoup Mylène Demongeot ! 

Avec grand plaisir.  

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