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Le monde d'Elodie. Claire Keim : "Mon témoignage n'a pas plus de valeur qu'un autre, c'est juste pour dire 'Je pense à vous, on va s'en sortir'."

La comédienne et chanteuse est chez elle, au Pays Basque, et elle trompe l'inquiétude avec sa "madeleine de Proust", en pensant à tous ceux qui sont en première ligne. 

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
L'actrice et chanteuse Claire Keim espère que "quelque chose de beau sortira de cette situation folle". (CAPTURE D'ECRAN TWITTER)

Elodie Suigo : comment vivez-vous ce confinement ? 

Claire Keim : ça dépend des moments. ça dépend des jours. ça dépend de plein de choses. Il y a des moments où c'est très très difficile, vertigineux et effrayant. Et des moments où tout à coup, on arrive à respirer un petit peu, à se clamer, à observer les choses, à regarder ce qui va bien, les choses sur lesquelles il faut essayer de se concentrer, essayer de retrouver le goût des choses essentielles. Du coup, on voit plein de choses qui ne vont pas mais peut-être qu'une fois de plus, la forêt, on ne l'entend pas pousser, mais peut-être qu'il y a des tas de choses merveilleuses qui sont en train de sortir de ça. On a du mal à les voir, ces jours-ci, c'est compliqué, mais il faut absolument envoyer beaucoup d'espoir. Je suis sûre que l'espoir qu'on envoie dans l'atmosphère, c'est quelque chose de très concret, c'est de l'énergie qui peut faire des choses...

Comment occupez-vous vos journées ? 

ça dépend. Je me suis découvert une passion pour le repassage, qui m'apaise, c'est fou ! En fait, c'est un peu une madeleine de Proust, ça me rappelle l'odeur quand j'étais petite et que ma maman repassait à côté de moi... Cette odeur de linge propre, chaud, il y a quelque chose de très rassurant, alors qu'en ce moment on est très tentés de vouloir passer tout à 90 degrés ! La maison, de fond en comble, moi je n'ai jamais autant rangé, briqué, nettoyé tout. Donc ça c'est plutôt pas mal ! Avec la passion repassage de ces derniers jours. Mais j'avoue que je n'ai pas la méthode, je n'ai pas la recette. J'aimerais bien, avoir le mode d'emploi de ces journées, plus sereines, mais ce n'est pas toujours le cas. 


Claire Keim, comédienne, chanteuse aussi... Prenez-vous le temps de vous évader avec la musique ? 

J'ai eu une espèce d'élan, de réaction épidermique dès que j'ai compris, en même temps que tout le monde, qu'il allait falloir vraiment rester chez nous et être sérieux, j'ai eu tout de suite cette envie de faire un petit morceau sur une chanson paresseuse de Bruno Mars, "The Lazy song", je voulais faire un truc un peu léger ;  "Je vais juste ne pas bouger de chez moi", pour dire restons chez nous, soutenons nos soignants et protégeons les, mais en fait non, je n'arrive pas trop à produire des choses...
(Claire Keim joue au piano et chantonne quelques notes de Bruno Mars)... J'ai une fille qui a 11 ans et qui m'a vue cette année faire des petites vidéos marrantes pour Twitter pour rigoler, elle me donnait son avis mais ne participait pas. Mais là, je trouvais que c'était vraiment une occasion de dire voilà, on est tous confinés chez nous avec nos enfants, avec les gens qu'on aime, j'espère car il faut aussi penser à tous ceux qui sont confinés dans une atmosphère pas forcément évidente, je pense aussi beaucoup à eux. Et donc, ma fille chantait derrière moi avec sa petite voix, c'était notre premier petit duo ensemble, voilà, un événement un peu gai. Il faut se soutenir, se montrer qu'il y a des choses extraordinaires chez les êtres humains. On est en train de réaliser à quel point on peut être merveilleux, beaux, inventifs... Il y a des choses formidables qui sortent de tout ça et du coup, c'est quand même une lueur d'espoir et j'ai surtout envie de penser à ça. 

Où êtes-vous actuellement ?

Je suis chez moi, dans ma maison au Pays Basque entourée des miens, mon homme, ma fille. Hélas mon grand est aux Etats-Unis, malheureusement il n'est pas avec nous, mais on est en contact permanent, évidemment. Surtout, j'ai l'impression d'entendre encore plus les oiseaux, alors ma mère me dit "Oui, évidemment, c'est le printemps !" . Oui c'est le printemps, mais j'ai l'impression qu'ils chantent beaucoup plus fort que d'habitude, qu'ils disent encore plus de choses que d'habitude. Quand je vois le langage des oiseaux, qui en ce moment me semble tellement fourni, j'ai l'impression que ça raconte des milliards de choses, qui nous échappent un peu, mais vers lesquelles il va falloir tendre l'oreille, je crois


Vous mettez-vous à votre fenêtre à 20 heures pour applaudir les soignants ? 


Je pense évidemment à eux et bien plus qu'une fois par jour. J'y pense à chaque minute et je n'ai pas de mots pour dire ma reconnaissance à ces gens là et pas que ces gens-là... Jean-Jacques Goldman a fait une chanson qui est limpide : ils sauvent des vies  tous ces gens, qui sont à la fois des soignants, bien sûr en première ligne, mais aussi tous les gens qui nous amènent à manger, qui nous donnent le courrier, les caissières qui sont aussi en première ligne, tous ces gens très courageux, je pense à eux à chaque instant !


Un message d'espoir pour les auditeurs de franceinfo ?  

Je les serre dans mes bras, on est tous dans une situation folle, mais je ne peu pas croire qu'il ne sorte pas quelque chose de merveilleux de tout ça. On va forcément évoluer. J'espère qu'on n'aura pas la mémoire courte. Je suis un peu émue, je vous avoue, parce que j'adore franceinfo et que j'ai envie d'être proche des gens, mais mon témoignage n'a pas plus de valeur qu'un autre, c'est juste pour dire "Je pense à vous on va s'en sortir. Je vous embrasse fort".

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