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Le monde d'Elodie. Alain Souchon : "C'est un mur que nous allons passer, tous ensemble"

Alain Souchon était en pleine tournée , après la sortie en octobre dernier, de son album Âmes fifties, quand tout s'est arrêté. 

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Alain Souchon le 14 février 2020 aux Victoires de la musique, à la Seine Musicale, à Boulogne-Billancourt (ALAIN JOCARD / AFP)

Elodie Suigo : Comment vivez-vous ce moment ? 

Alain Souchon : A la fois on regarde un spectacle de toute la vie qui s’arrête, comme ça, c’est impressionnant. Et puis on est un petit peu bouleversé à l’idée d’éventuellement attraper le "microbe"… On a peur pour ses enfants, ses petits-enfants… On vit chacun dans sa chambre, on mange les uns après les autres. On est à la campagne, à côté il y a une grande forêt, je vais marcher dans la forêt, j’essaie de trouver des phrases, des trucs pour d’éventuelles prochaines chansons ; éventuelles, c’est pas sûr… Et on est un petit peu chacun séparés. Ce qu’on aime bien dans la vie, Elodie, Il y a un truc qu’on aime bien c’est les bisous. Et alors là, walou ! C’est vraiment très très difficile à vivre ! On s’aperçoit qu’on a besoin des autres, on a besoin de leur affection, on s’aperçoit que c’est important les autres et que là, on ne peut pas s’en approcher, ça fait un drôle d’effet.

Et puis, il y a une espèce de solidarité, comme en temps de guerre. Le président l’a dit, "C’est la guerre !", c’est vrai, c’est la guerre, alors il y a une espèce de solidarité, on oublie un peu les différences politiques, les machins qui nous divisent, pour essayer de nous rapprocher. C’est toujours dans ces périodes là qu’on devient plus humain. Et en même temps, c’est pas marrant.

Comment allez-vous garder le contact avec le public ?

Le contact, je l’ai établi avec des chansons. On est chacun très isolés, très timides quand on est ado… Le fait d’avoir fait des chansons, il y a une relation qui s’est établie entre les gens et moi (pas tous, mais certaines personnes) et c’est rassurant, c’est merveilleux, ça réchauffe. Ça créée un lien. Alors là, j’arrivais, tous les soirs, les gens m’applaudissaient, je faisais "Allo Maman bobo"» avec ma guitare et puis tout le monde chantait, c’était un truc comme un anniversaire, quelque chose de charmant quoi ! Et puis là, bon, c’est fini. Alors je vais dans la forêt ; je regarde les arbres.

(Alain Souchon chante le premier couplet d’"Allo Maman bobo"…)

Les concerts en ligne c’est très bien. Je crois que ma maison de disques a prévu que je fasse un petit concert à un moment, alors je chanterai cinq-six chansons pour les gens, filmé par un téléphone portable ; ma belle- fille, qui est très gentille, elle a un potable qui filme !

Un mot pour les soignants ?

On se met aux fenêtres, on les applaudit de tout notre cœur, bien sûr ! On applaudit, on applaudit… C’est beau de voir les gens applaudir. C’est vrai que c’est terrible, ils sont en première ligne. Courage ! Et on est tous un petit peu stupéfaits et profondément atteints ; on fait les idiots mais on a peur pour tout le monde. C’est impressionnant.

Votre message personnel d’espoir aux auditeurs de franceinfo  ?

J’espère que ça ne va pas durer. Et ça ne va pas durer ! Il faut qu’on soit tous bien disciplinés, il faut faire attention, il faut être soudés. Ensemble. Il y a une chanson de Jean-Jacques Goldman qui s’appelle "Ensemble", il y avait un mur à traverser, on est passés par-dessus, parce qu’on était tous ensemble. Et c’est comme ça…

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