"La guitare, c'est un peu un truc de geek" : Thomas Dutronc réédite son album "Frenchy" et publie une méthode pour apprendre la guitare
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, le musicien et chanteur Thomas Dutronc.
Musicien, chanteur, comédien, Thomas Dutronc est un enfant de la balle puisqu'il est le fils du couple mythique Jacques Dutronc et Françoise Hardy. C'est pourtant Django Reinhardt qui va le convaincre d'apprendre à jouer de la guitare. Il republie aujourd’hui son album Frenchy avec en bonus six inédits et propose en sus une méthode pour apprendre à jouer de la guitare : La méthode simple en 17 chansons pour commencer la guitare.
Elodie Suigo : Vous publiez une réédition de votre album Frenchy avec six nouveaux titres et en parallèle, la sortie d'une méthode ludique et drôle pour apprendre la guitare : La méthode simple en 17 chansons pour commencer la guitare. Envie de transmettre ?
Thomas Dutronc : Oui sauf la Covid que je n'ai pas du tout envie de transmettre ! Mais sinon la guitare, j'aime bien ça. J'aime bien apprendre. La guitare, c'est un truc de geek un peu. C'est Henri Salvador qui disait : "T'as remarqué les guitaristes entre eux, dès qu'il y en a un qui fait un truc, il est tout le temps épaté par ce que fait l'autre ? Fais voir l'accord !" Et j'ai appris comme ça avec des gens qui m'ont montré des accords, des bouts de chansons de Brassens ou des picking de Bob Marley ou de Clapton. Quand j'ai découvert Django, je me suis dit : "Mais en fait, ce n'est pas la peine de rêver sur le blues avec le Mississippi, on a des gens incroyables qui ont une vérité dans la musique, ici en France, c'est génial !" Voilà, c'est ça qui m'a poussé aussi dans le monde de la guitare manouche.
Avec le titre Nuages, on se rend compte à quel point, dans cet album, Django avait cette modernité.
C'est hyper inspiré par Debussy ou Ravel. C'était un grand. Il disait de la musique : "Le jazz m'a attiré parce que j'ai retrouvé une perfection de la forme qui fait défaut aux musiques populaires." Il avait envie de faire quelque chose de populaire mais en même temps, c'était un grand musicien, un des plus grands improvisateurs de tous les temps.
Les improvisations de Django, on a l'impression qu'elles sont écrites.
Thomas Dutroncà franceinfo
L'idée de départ de Frenchy, c'était de prendre des gens qui ont du talent et de voyager ?
Voyager, c'est vivre d'autres expériences que d'aller au frigo jusqu'au canapé en appuyant sur le bouton de Netflix. Oui, on s'est dit : "Mais qu'est-ce qu'on peut faire pour aller jouer ailleurs, pour essayer de jouer un petit peu aux États-Unis, au Japon, en Allemagne, dans d'autres pays que les pays francophones ?" L'idée, c'était de reprendre aussi les plus grandes mélodies françaises qui ont fait le tour du monde. On peut parler de Django mais il y a toutes ces chansons des grandes années. J'ai repris plus de chansons anciennes mais aujourd'hui, il y a aussi les Daft Punk ou des groupes comme Air qui ont fait le tour de la planète et donc voilà, l'idée c'est de reprendre ces titres-là avec les plus grands musiciens ici et d'inviter des stars internationales.
Un mot sur Iggy Pop. Il a été un des premiers à embarquer dans ce projet, immédiatement et en plus, il a été force de proposition avec Diana Krall, ce qui vous a permis de la rencontrer aussi et d'interpréter cette chanson à trois voix.
On a chanté C'est si bon ensemble. C'était vraiment génial, j'étais tellement heureux quand Iggy Pop a dit oui ! Diana Krall était aussi emballée, et m'a envoyé un mail en disant qu'elle trouvait la version super. C'était très simple, ça s'est déroulé comme une lettre à la poste, on s'est beaucoup marré. Iggy Pop a une classe, une décontraction, c'était extraordinaire de faire ça vraiment et je suis un petit peu triste parce que le disque devait sortir aux États-Unis mais il y a eu le confinement. On n'a pas pu le sortir.
Il y a Billy Gibbons, le guitariste et chanteur du groupe texan ZZ Top, qui joue avec vous. Il y a des moments de grâce comme Ces petits riens avec Jane Birkin.
J'ai eu envie de faire un truc très famille donc j'ai demandé à mon père, à Etienne Daho, qui est un peu comme un tonton artiste génial, d'une sensibilité, d'une intelligence... Il a tellement de coeur et de talent, c'est fou ! Et puis Jane aussi par extension, c'est un petit peu la famille de cœur. J'ai demandé à Philippe Katerine parce que c'est vraiment un des artistes aujourd'hui qui m'éclate le plus. À Clara Luciani parce que dans les nouveaux, c'est une artiste qui m'émeut énormément avec une voix magnifique. Eddy Mitchell pareil, c'est un peu la famille avec Les vieilles canailles, une époque que j'adore et qui fait partie de moi.
Quel effet ça fait de jouer avec son père ?
Mon père est d'une gentillesse folle en ce moment. Il a toujours été charmant mais il buvait quand même beaucoup et là, il ne boit plus du tout d'alcool depuis trois ans et j'avoue que je le trouve encore plus extraordinaire qu'avant, parce que très tendre, très gentil et très lui-même, encore plus lui-même finalement. Il s'est beaucoup appliqué pour chanter la chanson, s'est donné du mal et ça m'a fait vraiment plaisir.
J'ai de la chance d'avoir deux parents extraordinaires.
Thomas Dutroncà franceinfo
Quel regard portez-vous sur votre parcours ?
J'ai beaucoup de chance. On peut dire que je suis né sous une bonne étoile malgré tout car quand on est fils d'artistes célèbres, ce n'est pas non plus tout rose ou facile, il y a une pression tout le temps. Mon père a mis la barre haut.
Cet album est fait pour être joué sur scène, pour prendre énormément de plaisir aussi ?
Il est fait pour s'exporter, pour être joué ailleurs. J'avais très envie de préparer une petite tournée, quelques petits clubs à New York, à Los Angeles, aux Etats-Unis. Dès que la pandémie sera finie, je partirai sur les routes du monde. En attendant, je vais travailler sur un nouveau disque.
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