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L'écrivain Didier Van Cauwelaert : "Il fallait que la planète ferme pour que les cœurs s’ouvrent"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’invité est l’écrivain Didier Van Cauwelaert qui vient présenter son livre "L’inconnue du 17 mars" sur l'épidémie de Covid-19 et le confinement.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
L'écrivain Didier Van Cauwelaert à Montpellier, le 12 novembre 2020. (SYLVIE CAMBON / MAXPPP)

Didier Van Cauwelaert, le lauréat du Prix Goncourt en 1994, revient avec un roman, L’inconnue du 17 mars, aux éditions Albin Michel qui prend ses racines dans la pandémie de coronavirus. Il s'agit d'un conte philosophique qui met en scène un sans domicile fixe qui croise la route d’une femme énigmatique au moment où la France doit se confiner une première fois. Voici que ses deux êtres, seuls, à la rue, se retrouvent dans un lieu abandonné et un dialogue existentiel s’entame. La rencontre de deux parcours générant une profusion de sentiments et de réflexions profondément humaines mais à quelles fins ?

Didier Van Cauwelaert explique au micro d'Élodie Suigo que l’idée de ce livre se rapporte à une question de survie dans un monde figé par une pandémie. Et l’acceptation de ce nouveau mode de vie, même temporaire, passe par une question pour surmonter cette période inédite selon l’auteur : "Comment changer ce qu’on était tous obligés de vivre au même moment ? He bien avec un regard différent." 

C’est vrai que j’aime partir d’une réalité difficile et montrer des chemins de sorties possibles

Didier Van Cauwelaert

à franceinfo

Ce regard, il l'a perçu, par une belle journée ensoleillée, dans les yeux d’un sans abri qui lui-même observait les gens pressés de rentrer chez eux avec leur stock de pâtes. Didier Van Cauwelaert a eu comme une fulgurance et s’est dit : "Voilà, c’est mon narrateur. D’abord qui est cette personne ? Pourquoi il s’est retrouvé là ? Et comment il peut, au moment où tout le monde s’enferme se rouvrir au monde et se reconstruire ?"

"Tout s'est construit entre 8 et 11 ans"

Considéré par ses pairs comme un écrivain de "reconstruction", c’est très jeune, à 7 ans, que Didier Van Cauwelaert se met à l’écriture pour réparer à sa façon l’injustice qui touche son père, handicapé après un grave accident de voiture. Surprenant une conversation de ce dernier, menaçant de se suicider s’il devait finir en fauteuil roulant, le jeune garçon se donne une mission : "Faire quelque chose de tellement extraordinaire qu’il va avoir envie de vivre quand même. Même dans un fauteuil. Et je vais être le plus jeune auteur publié." À partir de là, il envoie ses premiers écrits aux maisons d’édition avec enthousiasme et détermination même si les retours sont négatifs.

Ce qui aurait pu me briser m’a donné une énorme énergie, une vitamine, un enjeu et un rapport au temps que j’ai toujours conservé en fait. Tout en moi s’est construit entre 8 et 11 ans

Didier Van Cauwelaert

à franceinfo

C’est en 1982, il a 22 ans, que son premier roman Vingt ans et des poussières est publié. Un moment un peu étrange qu’il se remémore : "C’était à la fois un moment merveilleux parce que les gens me disent en général : ’Vous avez réussi tout de suite !’" et lui de leur répondre : "Non, il y a une traversée du désert, entre 8 ans et 21 ans, d’échecs, d’obstinations".

Un prix Goncourt surprise

Le prix Goncourt en 1994 pour Un aller simple est une grande surprise pour lui comme pour son éditeur et son agent. Alors que ça bavarde, c’est d’une oreille que l’auteur entend à la télévision qu’il remporte le prix. Le trio fait silence pour bien écouter. "Et oui, c’était moi. Voilà, toujours ces décalages qui me plaisent !", ajoute-t-il. Ce prix a bien entendu eu une saveur toute particulière vis-à-vis de son père et il raconte "l’élan de gratitude" : "En plus mon père était encore vivant, c’était génial ! L’écriture a toujours été le rêve de sa vie et ce rêve, il l’a vécu à travers moi."

À chaque nouveau livre, plus rien n’existe de tout ça. Je suis comme l’enfant qui écrivait à 9 ans sa première page et j’adore remettre le compteur à zéro à chaque fois

Didier Van Cauwelaert

à franceinfo

Depuis ce jour, cet auteur prolifique de presque 50 ouvrages, six pièces de théâtre, deux comédies musicales se lève une demi-heure avant l’heure, chaque matin pour écrire et "pour prendre rendez-vous avec le prochain livre". Il imagine probablement son prochain roman, sur fond du deuxième confinement. Peut-être fera-t-il le constat que cette phrase forte de son livre est toujours d’actualité : "Il fallait que la planète ferme pour que les cœurs s’ouvrent" ou pas.  

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