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"Je suis totalement en paix avec cette décision" : la handballeuse Amandine Leynaud prend sa retraite

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’ancienne gardienne de but de l’équipe de France de handball, Amandine Leynaud. 

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
 Amandine Leynaud, lors d'une séance photo à Paris, le 8 juin 2022. (JOEL SAGET / AFP)

Amandine Leynaud est handballeuse internationale française. Son poste était celui de gardienne de but. Elle a été sacrée championne du monde en 2017, d'Europe 2018 et olympique en 2021. Elle a, aussi, été élue meilleure gardienne de l'Euro en 2018 et meilleure joueuse du championnat de France. Fraîchement retraitée, elle revient sur son parcours exceptionnel.

franceinfo : Une carrière déjà bien remplie pour la petite Ardéchoise que vous êtes, qui rêvait déjà de pratiquer ce sport à haut niveau. Que représente le handball dans votre vie d'ado, de femme ?

Amandine Leynaud : Déjà, ça m'a permis d'apprendre beaucoup de choses sur moi. Le sport de haut niveau, c'est quand même extraordinaire. Je ne pensais pas avoir une carrière comme celle-là. J'en rêvais, mais honnêtement, quand j'ai commencé le hand pour moi, je ne savais même pas qu'on pouvait être professionnel de handball. C'était il y a bien longtemps.

Vous aviez douze ans ?

Exactement. J'avais juste envie de jouer avec mes copines. Profiter. Ma maman avait fait du handball. Tranquillement, je suis rentrée dans tout ça et ça a plutôt bien pris.

Qu'est-ce qui fait alors que vous allez vous tourner vers ce rôle, tellement important, de gardienne de but ?

J’ai choisi d’être gardienne de but pour le challenge.

Amandine Leynaud

à franceinfo

Et ça reflète assez bien ma personnalité, un sport collectif dans lequel je m'amuse. J'ai besoin d'être avec des copines, des filles avec lesquelles tu partages des émotions hyper fortes. Et puis, il y a, un petit peu, ce devoir de responsabilité de faire tourner un match, c'est vraiment quelque chose qui m'intéressait vraiment.

Vous allez être repérée à travers les championnats de France et vous allez intégrer cette équipe de France très jeune.

À ma grande surprise parce que je n'étais pas vraiment prête.

Comment vous apprenez cette proposition ? Ce regard sur vous ?

J'ai signé un contrat pro très jeune. Je revenais d'une longue blessure aux ligaments croisés durant laquelle je n'avais pas joué. J'avais seize ans. J'ai signé mon premier contrat pro à Metz et tout le monde m'a dit : "Mais qu'est-ce que tu vas faire ? Tu n'as pas joué pendant un an." J'ai répondu : qui ne tente rien, n'a rien ! Autant aller chez les meilleures. Et puis, cette même année, première sélection en équipe de France A, alors que j'étais encore en équipe de France Espoirs. J'ai vraiment pris du plaisir, j'ai rencontré des personnes formidables. J'ai été bien accueillie par les anciennes. J'étais vraiment le bébé du groupe. Ça s'est déroulé assez naturellement.

Sur un terrain de handball, la gardienne de but a un rôle prépondérant, extrêmement important. Quand un but rentre dans le filet, en règle générale, c’est elle qu’on regarde. C'est difficile d'endosser ce rôle ?

C'est quelque chose qu'on apprend au fur et à mesure. C'est la remise en question perpétuelle à chaque but ou même arrêt, il faut savoir passer à autre chose très vite, c'est vraiment quelque chose d'incroyable.

Championne du monde, championne d'Europe, championne olympique, quelle est la médaille qui a eu le plus de saveur ?

Honnêtement, si on m'avait posé la question plus jeune, j'aurais tout de suite dit : l'or olympique ! Parce que ça reste l'or olympique et c'est quelque chose d'extraordinaire. La première médaille où tu es championne du monde, ça reste quand même la première et tu ne l'oublies pas.

Quand vous avez été nommée gardienne titulaire à la suite du départ de Valérie Nicolas en 2008, comment avez-vous réagi ? C'est quand même le Graal !

Tout au long de ma carrière, ce qui m'a poussé encore et encore, c'est que je prenais vraiment, vraiment beaucoup de plaisir à faire ce sport.

Amandine Leynaud

à franceinfo

Ça y est, j'y suis et il va falloir assurer ! C'est une vraie pression de chaque instant. Déjà, quand tu portes le maillot de l'équipe de France, il faut l'honorer. Tu n'as pas envie de décevoir. Ceci étant dit, j'ai toujours essayé de rester moi-même et de prendre du plaisir. C'est vraiment ça.

Vous avez annoncé votre retraite internationale. C'est dur de se dire : "Ça y est, j'arrête" ?

Je pense, tout simplement, que c'est une des décisions les plus dures que j'ai eu à prendre dans ma carrière. Mais je suis totalement en paix avec cette décision parce que c'est quelque chose qui a été réfléchi depuis longtemps et que c'est le bon moment pour moi. J'ai profité de ma dernière année en club et uniquement en club. J'ai vraiment eu le temps de digérer cette fin de carrière, finir sur l'or olympique avec l'équipe de France, finir sur une finale de la Ligue des Champions avec mon club. Je me sens hyper chanceuse et ce n'est pas donné à tout le monde.

Vous avez beaucoup de choses à transmettre et vous avez décidé d'accompagner, d'apporter votre expérience à d'autres.

Oui, c'est vrai que c'est un poste spécial, un peu un sport individuel dans un sport d'équipe. J'en ai un peu souffert, étant plus jeune, de ne pas être accompagnée dans un rôle qui paraît déterminant. Donc je trouvais ça égoïste de ma part, justement de m'être construite et d'avoir appris des choses et ne pas les partager, tout simplement.

Est-ce que vous êtes fière de cette carrière, du parcours que vous avez déjà accompli ?

Oui, bien sûr. Je suis surtout fière de la femme que je suis devenue. De la petite Ardéchoise qui est sortie et qui a découvert la vie, qui a appris plein de choses sur elle, qui a rencontré des gens extraordinaires. Aujourd'hui, j'ai une ouverture d'esprit qui est complètement différente de ce qu'elle aurait été si je n'avais pas voyagé, si je n'avais pas été sportive professionnelle.

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