"J'essaie de mettre du rose sur le noir de la vie" : Gérard Jugnot est à l’affiche de "Comme par magie"
Gérard Jugnot a plusieurs casquettes : acteur, réalisateur, scénariste et producteur de cinéma. Avec ses amis de la troupe du Splendid, il a réussi à conquérir le public avec des films devenus cultes, comme Les Bronzés (1978), Les Bronzés font du ski (1979) ou encore Le Père Noël est une ordure (1982). Il est aussi un réalisateur d'un registre différent, avec des comédies sociales comme Pinot simple flic (1984), Scout toujours... (1985), Une époque formidable... (1991).
Mercredi 15 novembre 2023, il est à l'affiche du nouveau film de Christophe Barratier Comme par magie aux côtés de Kev Adams. Ce film raconte l'histoire de Victor, un magicien qui va devenir père. La vie lui sourit jusqu'au jour de l'accouchement, où tout bascule puisque sa femme décède en donnant naissance à leur fille. Il va donc devoir élever sa fille seul. Mais il peut alors compter sur le grand-père fantasque qui va devenir sa nounou et sur Nina (Claire Chust), sa meilleure amie d'enfance, sa confidente et guide de vie.
franceinfo : Comme par magie met en lumière l'illusion de nos vies et la confronte à la réalité du quotidien. Alors, faut-il vivre sans illusions ou avec ?
Gérard Jugnot : C'était Truffaut qui disait une chose assez terrible : Si j'avais aimé la vie, je n'aurais jamais fait de cinéma. Moi, je n'irais pas jusque-là, mais il est sûr que j'envisage le cinéma comme la vie en mieux. On arrange la vie, on vire tout ce qui n'est pas bien et on met un regard d'humour, de rire, comme dans ce film où il y a quand même beaucoup de moments de rire et donc ça arrange, ça répare.
"Je crois que le rire est un médicament, c'est des vitamines."
Gérard Jugnotà franceinfo
Effectivement, vous avez toujours aimé ce cinéma qui mettait en avant le "beau" plus que la vie finalement. Pourquoi faites-vous du cinéma ?
J'ai fait un film qui a été un immense échec, qui s'appelait Rose et Noir (2009) et qui était peut-être le film le plus autobiographique. Oui, je crois que j'essaie de mettre du rose sur le noir de la vie. J'essaie d'embellir tout ça. Peut-être parce que j'ai un peu tendance à être attiré par tout ce qui ne va pas, par les défauts. Alors j'en tire parfois de la comédie, on peut aussi tirer du mal de la beauté et de l'humanité.
Comment vivez-vous le fait qu'au fil du temps, vous êtes devenu l'un des membres de nos familles ?
Oui, c'est assez touchant. Je suis dans une période de ma vie où je croise beaucoup de gens qui me disent : Merci, j'ai grandi avec vos films. C'est plutôt sympathique et surtout, c'est assez valorisant parce que ça n'a pas toujours été le cas. Il y a quelques années, il y a eu une exposition à Lille en hommage au Père Noël est une ordure qui fêtait ses 40 ans. Ils avaient ressorti des costumes, des décors, mais aussi des critiques de l'époque et ça, c'est assez agréable à lire 40 ans plus tard. De voir que des gens avaient écrit des choses péremptoires et extrêmement dures à notre égard... Je ne suis pas dans la vengeance, mais c'est une petite satisfaction !
Qu'est-ce qui a le plus changé avec le temps ? Entre ce moment où vous rencontrez vos camarades de lycée devenus vos compagnons de route et aujourd'hui ?
Beaucoup de choses ont changé. Je ne suis pas dans le côté "c'était mieux avant". Pendant cette période du Splendid, on a fait des tas de choses formidables, on a beaucoup rigolé, mais j'avais quand même beaucoup d'inquiétude. Ce n'est pas une période très apaisée dans ma vie. On a emprunté pas mal de sous pour construire deux, trois théâtres. Il fallait que ça marche et ça n'a pas marché tout de suite ! Ça a marché relativement vite donc il ne faut pas se plaindre, mais j'étais vraiment très inquiet. Je crois qu'à partir de 35-40 ans, ça s'est mieux passé parce que j'étais déjà un peu plus installé. J'ai eu un môme à 30 piges et je m'en suis occupé, mais je devais aussi beaucoup m'occuper de ma carrière. Ce qui est bien aussi dans le film et qui est très juste, c'est le cas du personnage de Kev, qui est partagé entre sa fille et la tentation d'aller vers ce qui est plus simple, ce qui est plus valorisant et plus apaisant.
Pour terminer, êtes-vous heureux du parcours déjà réalisé, même si vous avez encore plein de choses à faire et sûrement encore plein d'envies ?
"J'aime vraiment profondément ce métier."
Gérard Jugnotà franceinfo
Oui, je suis heureux. Nous, c'était notre inquiétude de rester les stars des années 1980, avec un mec qui chante toujours la même chanson, j'aurais trouvé cela un peu difficile. Là, entre tous les films qu'on a faits au Splendid, plus ceux que j'ai faits personnellement... Je suis heureux que les gens me parlent, Des Choristes (2004), du Père Noël, d'autres de Pourris gâtées (2021), c'est plutôt satisfaisant. Heureux et un peu fier d'avoir réussi à faire tout ça. Je suis même le premier épaté ! Quand on me parle de tout ça, je me dis : le nombre de trucs que j'ai fait, le nombre d'heures que j'ai passé sur des plateaux, sur des scènes de théâtre... Oui, j'ai été assez heureux.
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