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François Cluzet à la tête d’un foyer de jeunes migrants dans "La brigade" : "Je suis fier d'être dans ce film parce que je le trouve intelligent"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le comédien césarisé, François Cluzet. Depuis ce mercredi 23 mars, il est à l’affiche, aux côtés d’Audrey Lamy, de la comédie sociale "La brigade", réalisée par Louis-Julien Petit. 

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
L'acteur François Cluzet lors de la 47e édition des César, à Paris (France) le 25 février 2022 (BERTRAND GUAY / AFP)

François Cluzet, c'est plus de 70 films en 45 ans de carrière. Peu importe les rôles ou les costumes endossés au théâtre, à la télévision ou au cinéma : son implication en tant qu'acteur de composition a su convaincre le public, la critique, le métier lui-même, avec des récompenses et des nominations qui sont venues ponctuer ses choix et son travail. Il a reçu le César du meilleur acteur en 2007 pour le film Ne le dis à personne de Guillaume Canet, et il a été salué pour son rôle dans Intouchables d'Olivier Nakache et Eric Tolédano, aux côtés d'Omar Sy.

Depuis mercredi 23 mars 2022, au cinéma, il est le patron d'un foyer de jeunes migrants dans la comédie sociale La brigade, de Louis-Julien Petit. Il joue aux côtés d'Audrey Lamy, qui incarne une cheffe qu'il recrute pour reprendre en main la cantine de cet établissement pour élaborer non seulement des menus, mais surtout pour transmettre une passion. D'ailleurs, dans ce film, les partenaires de François Cluzet sont des jeunes recrutés dans des foyers par le réalisateur. Ce sont leurs premiers rôles au cinéma.

franceinfo : Il y a un vrai travail de transmission dans La brigade.

François Cluzet : Je suis fier d'être dans ce film parce que je le trouve intelligent, plus que digeste, avec un sujet très profond, très grave, très important et en même temps, il y a la force et le talent d'un metteur en scène et de toute son équipe pour le rendre divertissant. C'était Ingmar Bergman qui disait : "N'oublions pas que nous faisons un métier de divertissement."

Pour nous, les acteurs, être dans un collectif qui défend l'humain, c'est un peu notre vocation. Là, on est dans un truc un peu interactif avec ces jeunes migrants qui ont tous vécu cette aventure de venir jusqu'en France, leur humilité, le fait que finalement, ce qu'ils ont vécu est plus lourd que ce que j'ai pu vivre moi, même si j'ai 40 ans de plus.

Cette générosité, cette humilité est frappante parce qu'ils ne savaient rien du cinéma. Les gens connaissent assez peu l'accueil des jeunes migrants qui ont entre 12 et 17 ans et ce qu'ils sont venus faire ici.

"Finalement, on ne vit que pour aimer, partager. L'étranger nous apprend tellement de choses. Il faut privilégier l'échange plutôt que l'individuel."

François Cluzet

à franceinfo

On a le jeune GusGus qui apprend la langue française, les expressions, qui cherche à trouver sa propre voie. Il y a un vrai regard d'enfant, finalement, à travers ce garçon. Quels rêves d'enfant aviez-vous ?

J'avais deux rêves. Je voulais connaître l'amour fou comme un idéaliste. Et puis être célèbre parce que quand j'étais petit, j'avais besoin d'amour comme nous tous, mais je n'en avais pas, pas assez, donc je voulais être aimé par le plus grand nombre. Alors après, j'étais peut-être prédisposé. On parle de talent, mais moi, je parle plus d'envie. J'avais une telle envie que finalement, les choses se sont un peu déroulées avec beaucoup de chance quand même, avec des espèces de coïncidences heureuses. J'aurais pu très bien passer à côté de ce rêve que j'avais.

Il y a eu un déclic, un élément déclencheur, c'est Jacques Brel avec L'homme de la Mancha. Vous avez été extrêmement marqué et touché par le fait qu'en pleurant, on pouvait émouvoir et on pouvait justement plaire.

Oui, ça a été la vraie surprise. Comment est-ce qu'on peut applaudir un type pendant 20 minutes, alors qu'il pleure, qu'il est en sueur, qu'il chante à l'extrême ? Ma première réaction d'enfant, je me suis dit : il va se faire engueuler par ses parents de se mettre dans un état pareil parce que chez moi, cet état-là ne serait pas passé. Et ensuite, tout le théâtre des Champs-Elysées qui se lève et qui l'applaudit, pendant 20 minutes, je me suis dit : il est aimé parce qu'il pleure, mais alors moi, je veux faire ça aussi !

Vous avez dit tout à l'heure que vous manquiez d'amour quand vous étiez enfant. Est-ce que le cinéma, ce métier vous a apporté cet amour dont vous aviez besoin ?

Oui, je dois beaucoup au théâtre, au cinéma. J'ai rencontré des gens magnifiques. J'ai aussi rencontré des gens infects, mais dans la majorité, j'ai rencontré des gens vraiment beaux, sains, qui finalement ont ce sens humain indispensable, à savoir "Je ne vaux pas plus que l'autre".

Vous avez démarré au théâtre, à 21 ans, et puis ensuite, les films se sont enchaînés. Il y a eu Diane Kurys qui a cru en vous très vite dans Cocktail Molotov (1979), puis Le cheval d'orgueil de Claude Chabrol (1980). Vous avez toujours joué, il n'y a pas eu de temps mort dans votre parcours. Je me suis demandée si vous aviez déjà douté de vous ?

Non. Je ne sais pas comment vous dire. Je n'ai jamais douté. J'ai toujours eu confiance. C'est mon éducation, mon vécu.

"Quand vous devenez mûr très jeune parce que c'est difficile, ensuite, vous avez un avantage sur les autres. Vous avez le vécu. J'ai eu cette chance. Je n'étais plus candide à 14 ans donc quand je suis arrivé dans ce métier, j'avais les armes pour me protéger et voyais ce qui n'allait pas aller dans mon sens."

François Cluzet

à franceinfo

J'ai eu la chance de rencontrer des partenaires qui m'ont tout donné. C'est eux qui m'ont donné envie de jouer comme ça. Je m'en fous d'être filmé. Ce que je veux, c'est que toi, le partenaire, tu sois le mieux possible. On pourrait croire que c'est de l'altruisme et pas du tout. C'est qu'à partir du moment où vous donnez le meilleur au partenaire, il vous répond en vous donnant le meilleur et c'est le film qui gagne là-dedans. Et c'est ça notre job !

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