Francis Perrin effectue son retour dans la pièce "Le Duplex" : "Je suis très étonné d'être encore là"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mercredi 21 février 2024 : le comédien, scénariste et réalisateur, Francis Perrin, pour son rôle dans la pièce "Le Duplex", au Théâtre de Paris.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Francis Perrin est l'invité du Monde d'Elodie, le 21 février 2024 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Francis Perrin est acteur, scénariste et réalisateur. Raymond Devos le désignait comme un homme de talent aux multiples facettes et un homme de théâtre complet. Ancien élève du Conservatoire national supérieur d'art dramatique, il a remporté trois premiers prix de comédie puis a été pensionnaire de la Comédie-Française pendant un an. Au cinéma, il a notamment joué dans les films On a volé la cuisse de Jupiter et Le roi des cons, mais sa vraie passion est le théâtre. À partir du 22 février, il sera sur scène avec Pascal Légitimus, Anny Duperey et Corinne Touzet dans la pièce Le duplex de Didier Caron au Théâtre de Paris jusqu'au 31 mars prochain. Il y joue le rôle de Jean-Jacques Tissandier, homme marié, heureux d'habiter dans son appartement, qu'il partage avec son épouse. Mais c'est sans compter sur les voisins du dessus qui cherchent à récupérer le logement pour faire un duplex.

franceinfo : C'est un mélange de plein de choses cette pièce, mais on a déjà le sentiment que de monter sur scène et de revenir au théâtre, c'est quelque chose qui vous tient à cœur. 

Francis Perrin : Dans un théâtre, c'est là où je me sens mieux, à part chez moi, dans ma maison du Vaucluse où je suis bien. Mais j'ai l'impression de respirer mieux quand je suis dans un théâtre. C'est extraordinaire. Ça me manquait mais j'avais envie de prendre un peu de recul par rapport à mon métier parce que j'ai joué 9 800 représentations, tout de même, ce n'est pas rien au théâtre.

Le fil rouge de cette pièce, c'est le mensonge et notre capacité à l'encaisser, à l'entendre et à le déceler.

Oui, puis, mon personnage, il en prend plein la figure et il aime bien ça. Enfin voilà, moi j'aime bien ces personnages qui me paraissent vraiment des gens pas très futes-futes mais qui cachent bien leur jeu.

Je voudrais savoir à quel âge finalement vous avez décidé de monter sur une scène de théâtre, ce qui fait que vous ayez eu envie d'ailleurs effectivement de devenir acteur.

C'est très simple. Mon père, un jour m'a apporté un grand Guignol à la maison avec des marionnettes et j'aurais dit : "Oh, c'est quoi ?" Et mon père a dit : "C'est un théâtre." Il paraît qu'à quatre ans, j'aurais dit : "Je ferai du théâtre."

Le Conservatoire a été le déclic ? Vous avez été repéré très vite.

C'était trois ans de grand bonheur et puis j'ai partagé ça avec Jacques Villeret, Francis Huster, Jacques Weber. C'était extraordinaire. On avait une liberté extraordinaire, une insouciance. Je trouve que c'est très important et cette envie aussi d'exister chacun. J'oubliais André Dussolier avec qui j'ai partagé les prix.

Ce qui est étonnant d'ailleurs, c'est qu’on vous a d'abord appris à jouer des rôles de valet.

C’est-à-dire que quand je rentrais en scène, bon, je n’ai pas un physique particulièrement drôle, mais il paraît qu'à l'œil, les gens ont envie de rire. Alors ça, c'est une chose, mais j'avais aussi un bégaiement que j'ai réussi à bien contrôler et à m'en servir après aussi dans mes personnages.

Pourtant, ce bégaiement vient d'un souci de défendre votre mère. Les autres se moquaient d'elle et ça a été une armure que vous avez créée pour la protéger.

Ma mère était handicapée, elle marchait mal, elle boitait, donc elle avait une canne. Et puis quand elle venait me chercher à Colombes, à l'école, j'ai remarqué qu'ils se moquaient un peu. Je me suis dit : "Tiens, si on se moquait de moi, on ne se moquerait plus de ma mère". Et ça a marché. À chaque fois que j'ai une émotion, ça me revient.

Ce qui ressort aussi, c'est ce besoin, que vous avez eu de reprendre à chaque fois votre vie. C'est comme ça que vous avez décidé de réaliser aussi, de proposer votre cinéma et vos histoires.

J'adore l'éclectisme aussi que je trouve dans ce métier. J'ai écrit aussi et j'aime bien ne pas rester comme ça enfermé. 

"Je crois qu'on m'a assez enfermé, au cinéma, dans le rôle du petit rigolo, un peu niais et naïf."

Francis Perrin

à franceinfo

C'est dommage parce qu'on m'a offert des rôles au théâtre après, qui étaient dramatiques. Mais je sais que si je n'avais pas eu, dans ma vie, l'envie de faire les choses, d'être au départ des choses, je pense qu'on ne m'aurait pas beaucoup engagé.

Je voudrais savoir ce que représente cette carrière pour vous ?

Je n’aime pas trop regarder en arrière, mais je me suis dit : "J'ai fait énormément de choses !" Mais c'est toujours des choses que j'ai décidé de faire. C'était mon choix. Je n'avais pas de plan de carrière, mais j'avais dit au conservatoire, je me souviens, à un journaliste qui m'avait interviewé : "comment voyez-vous votre carrière ?" J'ai dit : "durer." Et je suis très étonné d'être encore là, très sincèrement.

Dans cette pièce vous retrouvez Anny Duperey avec qui vous avez vécu une histoire d'amour.

C'est formidable. On avait tourné ensemble et on s'était revu, mais c'est très amusant d'être en couple 50 ans après sur scène.

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