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"Écrire, c'était déjà se soigner" : Alex Vizorek lit des lettres de Denis Diderot à son amante

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’humoriste et comédien, Alex Vizorek. Il est en tournée avec son spectacle "Ad Vitam" et sera le 8 juillet au Festival de la Correspondance de Grignan.
Article rédigé par franceinfo, Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
L'humoriste belge Alex Vizorek lors d'une séance photo à Paris le 9 janvier 2017. (JOEL SAGET / AFP)

Alex Vizorek est un comédien, humoriste belge. C'est son spectacle : Alex Vizorek est une œuvre d'art (2009-2019) qui va le propulser sous le feu des projecteurs lors du Festival du rire de Montreux en 2009. Ensuite, il a enchaîné les prix, est devenu membre de l'Académie Alphonse Allais et a multiplié les collaborations. Il va notamment intégrer France Inter avec Frédéric Lopez, André Manoukian, Patrick Cohen ou encore et surtout Charline Vanhoenacker.

Il est en tournée avec son spectacle Ad Vitam et fera un passage au château de Grignan le samedi 8 juillet 2023 avec la lecture de lettres écrites par Denis Diderot à son amante Sophie Volland : Vous baiserez au bout de cette lettre, car j'y aurai baisé aussi dans le cadre de la 27ᵉ édition du Festival de la Correspondance de Grignan qui se déroule du 4 au 8 juillet.

franceinfo : Le thème du Festival cette année est : Ces lettres d'amour et de haine et vous avez choisi la plume de Diderot.

Alex Vizorek : Alors ce n'est pas moi qui ai choisi. On a choisi pour moi. Je trouve ça toujours chic quand on vous propose... La dernière fois on m'avait proposé de lire Baudelaire. Alors il y avait une vraie raison parce que Baudelaire a vécu à Bruxelles et disait que de la merde sur les belges. Et on m'avait dit : "Si c'est un Français qui lit, ça va paraître horrible. Si c'est un Belge, il y a peut-être bien du second degré", donc j'avais une vraie légitimité. Et cette fois, c'est les correspondances de Diderot avec Sophie Volland qui est la dernière compagne ou maîtresse, en fait, on en sait très peu sur cette Sophie. On a que les lettres de Diderot et au fond la facilité serait de se dire : "Ben, il n'y a qu'à lire des lettres, en fait" mais non, il y a vraiment un travail de comédien. Un metteur en scène me fait travailler.

De quoi revenir à vos premières amours. C'est ça le point de départ d'ailleurs, de monter sur scène et déclamer, de raconter des choses, mais pas forcément avec ce genre de texte-là puisque au début, vous étiez dans une classe de one-man-show, la première spécialisée dans ce domaine.

Si on ajoutait à mon désir d'être sur scène le plaisir d'écrire, alors là j'allais pouvoir en faire un travail et gagner ma vie.

Alex Vizorek

à franceinfo

Oui, mais quand je suis monté à Paris, on dit ça, nous, les provinciaux, même si géographiquement de Belgique, on descend, c'était pour justement faire comédien et interpréter les textes. Et j'avoue, j'avais une culture assez classique. Moi, j'aime bien les alexandrins, j'aurais bien aimé être bon dans Corneille, dans Racine. Force est de constater que quand il fallait faire rigoler, j'étais plus instinctif. Mais par exemple, Shakespeare devenait des comédies… Donc, en dernière année, il y a eu cours de one-man-show et ça, ça a été la grande révélation.

Est-ce que l'écriture, du coup, ça peut être une thérapie ?

Je suis sûr. Moi, j'ai ce souvenir d'une grande déception amoureuse. J'avais 22, 23 ans et je me suis dit : en fait, je vais écrire, mais avec aucune volonté d'en faire un produit littéraire. C'était juste poser, faire sortir de moi. Et donc je n'ai jamais relu ces 35 pages Word où je mettais des dates et au fur et à mesure, j'écrivais moins. Je ne relisais même pas, je ne faisais pas attention à la qualité du texte, à l'orthographe, à la ponctuation, tout ça. Mais d'écrire, c'était déjà se soigner.

Je voudrais juste connaître votre rapport à l'humour. Il y a eu ce magasin de chaussures de vos parents que vous auriez pu reprendre. Il y a eu ces études de commerce, de journalisme. Il y a les cours Florent. Qu'est-ce qui fait que vous ayez eu envie de faire de l'humour et de devenir humoriste ?

Ça vous prend un peu, c'est-à-dire que les rires, c'est assez addictif. Au fond, tant que vous n'avez pas essayé une drogue, je dis ça en en ayant essayé très peu dans ma vie, vous ne pouvez pas vous rendre compte du plaisir que c'est. Et une fois que vous y avez goutté, vous faites tout pour ne pas décevoir parce que vous avez senti la qualité d'un bon rire une fois que vous avez démarré. Il ne faudrait pas qu'au fur et à mesure, j'estime que c'est acquis et que j'entende que les rires sont moins bons. Donc j'essaye de travailler pour être à la hauteur.

Quand avez-vous vécu cette ascension ? En dix ans, vous êtes devenu l'un des humoristes les plus en vue de la scène francophone.

J'ai eu la chance de monter progressivement. Quand vous passez du Comedy Club à 80 places au Zénith en huit mois, parce que vous avez fait un ou deux sketchs qui ont percutés, faut les avoir bien accrochées et quelque part, je suis très content d'être monté une marche après l'autre. Et chaque année, j'ai eu l'impression d'être plus en vue ou plus présent ou avoir plus de travail que l'année précédente. Donc je suis très inquiet à l'idée de voir si l'année prochaine ce sera pareil !

Justement, parlons de France Inter. C'est quoi la suite ?

Nous aurons une émission le week-end sur France Inter, ce sera en direct et en public donc c'est plutôt joyeux.

Alex Vizorek

à franceinfo

Les auditeurs nous ont aimé, je crois. Les audiences étaient plutôt bonnes et on a été très surpris quand il y a eu une pétition des auditeurs, qui n'est pas de notre fait, avec 200 000 personnes qui ont pris le temps d'écrire qu'ils étaient attachés à nous, ça nous a énormément touchés. J'ai profité, à l'époque, quand France Inter nous a engagé, d'un changement de cycle. Ils voulaient des nouvelles voix, de nouveaux visages alors espérons qu'ils donnent la chance, comme on l'a eu, nous, à de nouvelles voix, de nouveaux visages. C'était une chance inouïe ces années ici et puis nous avons cette chance incroyable de partir au sommet. Tout le monde n'a pas cette chance- là !

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