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Christian Binet : "L'humour permet de prendre de la distance, la peinture permet d'exprimer des choses qui font mal, et la musique vient adoucir tout ça"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo et se confie. Aujourd'hui, l'auteur de BD Christian Binet.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Christian Binet, auteur des Bidochon, le 1er septembre 2010 (CLAUDE STEFAN / MAXPPP)

Papa, entre autres, des Bidochon, Christian Binet voit ce vendredi 3 mai la famille s'agrandir d'un 22e album. Cette fois, Robert et Raymonde tentent de relancer leur couple. "Pour Les Bidochon, il faut un thème qui change nos comportements, ou nos habitudes. Il y a eu internet et le téléphone par exemple, le tri sélectif... Et puis là ça faisait six ans que je n'en avais pas fait parce que je cherchais un thème, et petit à petit des choses sont arrivées, déjà le film 50 Nuances de Grey, après même autour de moi, les hommes allaient faire des épilations, on trouvait des sextoys dans les grandes surfaces... Et finalement comme c'est devenu très quotidien et à la portée de tout le monde, ça pourrait très bien être un thème pour les Bidochon."

Si ça marche, c'est parce que beaucoup de gens se retrouvent dedans. L'humour il faut que ça soit rapide. Si vous faites des références qu'il faut expliquer, c'est foutu.

François Binet

à franceinfo

Sa propre histoire en filigrane

Au départ, Christian Binet se servait du dessin comme un moyen de survivre. "A 6 ans mes parents m'ont mis dans une pension religieuse, et là-bas c'est un peu comme dans les prisons ou la mafia, vous en avez qui ont redoublé quatre fois, qui sont plus vieux, c'est une autre mentalité. Moi j'étais quelqu'un de très faible, et c'est là que le dessin m'a servi, j'étais un peu comme le fou du roi, j'arrivais à les faire rire, et ma vie était plus facile que celle d'autres qui se faisaient tabasser sans arrêt. Mon père était très pratiquant, c'était une usine à fabriquer des monstres sous prétexte des meilleures intentions. Sous couvert de morale, on le détruit. Je me suis rendu compte qu'il m'a transmis ses propres peurs. Résultat, il est mort à 56 ans, j'en avais 22, mais en réalité j'étais un gosse de 15 ans. D'un seul coup je me suis retrouvé tout seul."

On le connaît pour ses bandes dessinées, mais sa palette est plus large, comprenant notamment la peinture. "Ma mère et ma grand-mère étaient de très bonnes peintres amateures. Je les ai vu faire, et très vite ça m'a tenté. Je peins toujours d'ailleurs, puis après comme j'avais des problèmes liés à mon enfance, je me suis mis à faire des trucs style Dali mais avec des corps coupés en morceaux qui sortaient d'un tas de pierre, c'était assez affreux. Mais comme thérapie c'est excellent. Je suis aussi accordéoniste, j'aime bien composer. La musique, ça vient lisser un peu le tout. L'humour permet de prendre de la distance, de rigoler, la peinture permet d'exprimer des choses qui font mal, et la musique vient adoucir tout ça."

Mon arrivée à Fluide Glacial m'a permis d'aller plus loin parce que j'étais toujours sous le coup de la morale chrétienne. Quand je dessinais, j'avais l'impression d'avoir un curé ou mon père par-dessus mon épaule qui me disais 'C'est un péché, c'est horrible, il faut arrêter'

Christian Binet

à franceinfo

Les Bidochon relancent leur couple, 22e tome de la série, est disponible depuis le 3 mai aux éditions Dargaud.

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