"Chanter rend le soin plus facile" : Les Soignantes gardent leurs blouses blanches et sortent un premier album "Les voix du cœur"
Aïcha et Amandine sont soignantes et membres, avec Abigaël, du groupe Les Soignantes. Ce trio musical a d'ores et déjà marqué la 18e saison de l'émission "La France a un incroyable talent" et beaucoup de Français puisqu'il comptabilise des millions de vues sur internet et sur les réseaux sociaux. Leur métier est mêlé à leur passion, soigner les patients avec le son de leurs voix. Amandine est pédicure podologue en Ehpad et à domicile en Seine-et-Marne et Aïcha est chirurgienne gynécologue dans une clinique bordelaise.
Les soignantes sortent vendredi 15 décembre leur premier album : Les voix du cœur.
franceinfo : Vous avez été propulsées en demi-finale grâce au Golden Buzzer d'Hélène Ségara qui était en larmes après votre interprétation du single Unstoppable de Sia. Comment est né ce trio ?
Aïcha : Il est né de l'idée d'un soignant qui est aussi réalisateur, scénariste, cinéaste et qui s'est dit que ce serait bien de mettre en lumière les soignants sous un autre jour, de montrer la beauté de ce qu'on peut faire avec nos voix. C'est un projet qui est musical, mais aussi cinématographique et qui nous a réunis toutes les trois pour porter un message.
"On veut montrer à tout le monde qu'on arrive grâce à nos voix, à donner un peu plus de bonheur, plus de lumière et de sourire à nos patients."
Aïcha, du groupe Les Soignantesà franceinfo
On a eu l'impression que la pandémie avait mis en exergue le fait que vous étiez effectivement essentiels de par votre métier et votre engagement. C'est ce que vous souhaitez montrer à travers ce trio ?
Amandine : Oui, tout à fait. On est des soignants de différents horizons et on veut montrer qu'ensemble, on a toutes et tous une importance dans ce corps de métier et qu'il est important aujourd'hui, avec tout ce qui s'est passé ces dernières années, de le rappeler.
Aïcha, avant d'opérer, quand vos patientes sont un peu "tremblotantes", vous leur chantez des titres, notamment ceux d'Alicia Keys. Le fait de chanter est-il vraiment bénéfique ?
Aïcha : Oui. Alors on sait déjà très bien que la musique a beaucoup de bienfaits. La première fois que je l'ai fait, c'était fortuit. J'ai toujours aimé chanter. On avait une patiente qu'on n'arrivait pas à endormir parce qu'elle était agitée, je me suis dit : bon, je vais pousser la chansonnette et on va voir ce que ça donne. Ça a marché une première fois. Par la suite, j'ai continué à le faire régulièrement et le fait de chanter, ça capte leur attention, c'est un peu comme de l'hypnose. L'endormissement se fait de manière beaucoup plus douce, beaucoup plus facile. On se réveille comme on s'endort et quand elles s'endorment apaisées, elles se réveillent apaisées. Même pendant l'intervention, on utilise beaucoup moins de doses d'anesthésiant. Quand on est stressé, plus on lutte pour s'endormir et plus on a besoin de produits. Je procède ainsi depuis plusieurs années et ça fonctionne vraiment bien.
C'est devenu un art thérapeutique ?
Aïcha : Exactement. Ça fait vraiment partie de mon activité professionnelle.
Amandine, vous travaillez dans les Ehpad et c'est important de le préciser parce qu'il y a peu, il y a eu ce bruit médiatique autour du manque de moyens, du manque de personnel. C'est important de parler à ces personnes âgées, de pouvoir leur interpréter des chansons pour les apaiser, pour leur faire parfois oublier la solitude ?
Amandine : J'utilise le chant pour ces personnes, notamment celles atteintes de la maladie d'Alzheimer. Ça me fait du bien, ça leur fait du bien et ça crée un climat détendu parce que parfois ce sont des patients qui ont des comportements qui peuvent être tendus, stressés, tristes ou en colère. Ça rend le soin plus facile. Ce sont des soins qui durent un petit peu, je passe du temps avec eux, ça leur permet d'avoir une compagnie et ça leur fait vraiment du bien.
Ce qui ressort aussi, c'est qu'on vous sent toujours indestructibles quand vous êtes en blouse blanche. Et là, à travers ce projet, on comprend mieux qui vous êtes et à quel point ça doit être difficile au quotidien d'affronter la maladie, la mort, la solitude. C'est aussi un cri d'alarme ?
Aïcha : Je vais parler pour moi. Je suis chirurgienne et je me dois d'être une femme forte dans mon travail. On n'est pas que des blouses blanches, en fait. Il y a des êtres humains derrière, avec leur sensibilité, avec leurs difficultés, leurs peines, leur tristesse. Je travaille particulièrement avec des patientes qui ont des cancers et quand je chante, en fait je chante pour ma patiente et pour tout le personnel qui est à côté de moi.
"Derrière la blouse blanche, il y a des êtres humains avec leurs sensibilités, leurs faiblesses, leurs forces aussi et c'est beau quand même de pouvoir montrer cet autre aspect des soins."
Aïcha, du groupe Les Soignantesà franceinfo
Trois chansons ont été écrites pour vous : Le droit de briller, Une femme et Tant qu'on a le temps d'être, c'est vraiment un hommage rendu par Loïc, qui est le meneur de ce projet et qui est devenu le directeur artistique. Ça vous a touché qu'on vous rende hommage, qu'on vous dise : "Merci" ?
Amandine : Enormément.
Aïcha : Oui. Chanter ces chansons, c'est très fort. Ce sont de belles chansons.
Que vous évoque la chanson Le droit de briller ?
Aïcha : Dans cette chanson, on parle aussi de l'actualité qui n'est pas simple au quotidien. On voit des choses pas très glorieuses, pas très belles dans ce monde, mais malgré tout ça, on a le droit quand même de briller et je la trouve magnifique.
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