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"C'est comme si Paul McCartney était rentré dans le studio" : Didier Barbelivien raconte sa rencontre avec Gérard Lenorman

L'auteur, compositeur et interprète Didier Barbelivien est l'invité exceptionnel du Monde d' Élodie toute cette semaine. Il se livre en remontant le temps avec cinq de ses chansons incontournables écrites pour les autres ou pour lui-même. Son dernier album et ultime en tant qu’interprète est sorti en octobre 2022.
Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Didier Barbelivien et Gérard Lenorman en 2019. (BERTRAND RINDOFF PETROFF / GETTY IMAGES EUROPE)

L'auteur, compositeur et interprète Didier Barbelivien est l'invité exceptionnel du Monde d'Élodie toute cette semaine. Depuis 1970, il a écrit et composé plus de 2 000 chansons. Son dernier album,  Didier Barbelivien, qu’il présente comme étant son ultime album en tant qu'interprète est sorti en octobre 2022. Pendant cinq jours, à presque 70 ans, il remonte le fil de sa vie en évoquant ses souvenirs autour de quelques-unes de ses collaborations comme avec Julien Clerc, Gérard Lenorman, Christophe ou encore Johnny Hallyday.  

franceinfo : Ça peut paraître étonnant d'annoncer : "Je ne vais plus chanter, mais je vais continuer à écrire pour les autres". Les autres sont donc un moteur pour vous ?

Didier Barbelivien : J'ai dit que je ne faisais plus de disques. Je vais chanter sur les scènes de France parce que j'adore ça. Je n'ai plus de plaisir à enregistrer des disques.

Vous avez fait pas mal de choses dans cette carrière. Vous avez écrit pour les autres, mais aussi pour la télé. Je voudrais qu'on fasse une petite parenthèse avec les dessins animés. Il y a des génériques qui sont devenus cultes, qui ont bercé l'enfance de beaucoup de générations. Je pense à Albator et à San Ku Kaï. Ça vous a amusé de travailler sur des chansons qui sont devenues cultes aujourd'hui ?

J'adorais ça. À l'époque, je ne pouvais pas le savoir. Surtout, ça me semblait impossible.

Les génériques de feuilletons japonais comme ‘Albator’ et ‘San Ku Kaï’, on les doit en grande partie à ma collaboration avec Éric Charden qui était au moins aussi fou que moi !

Didier Barbelivien

à franceinfo

Un jour, Éric Charden me dit : "Didier, j'ai reçu des bandes-vidéo, on va s'occuper de dessins animés japonais". Je me suis dit : ça y est, c'est la fin et on visionne Albator et San Ku Kaï, il me dit : "C'est passionnant". Je ne sais pas comment on va faire, Albator avec les rimes en "or", ce n'est pas gagné. Quant à San Ku Kaï, les rimes en "aïe", alors là ! Et finalement, on s'est pris au jeu, on est allés en studio, on a pris du plaisir à écrire et produire tout ça. Et voilà pas que 20 ans, 30 ans après, ce sont devenus des génériques très importants pour une génération qui a été élevée avec ces deux dessins animés.

Encore aujourd'hui, ce sont des incontournables. L'une des plus grandes rencontres que vous ayez faites va arriver plus tard, c'est celle avec Gérard Lenorman. Il y a un point de départ qui est très vieux. C'est un premier 45 tours que vous aviez acheté, un disque de Bob Dylan, I Want You. Après, il y a eu Les Amitiés indéfectibles de Jean-Marc Roberts. Et ça vous a donné envie d'écrire une chanson qui s'appelle Michèle ?

C'est plus compliqué que ça. Je fais la connaissance, maislà, jj'étais en seconde, de Jean-Marc Roberts, qui devient mon voisin de classe. Il est assis à côté de moi toute la journée et je me dis : je fréquente un génie. J'en arriverai bien plus tard à Michèle parce que j'écris sur nos années de lycéens. Et comment dire ? Avant qu'elle ne se matérialise en chanson, un jour, interprétée avec succès par Gérard Lenorman, j'écrivais ce que je faisais, simplement. Ma première fiancée de l'époque, Florence, que j'allais attendre à la gare Saint-Lazare, qui était au lycée rue du Rocher, un peu plus bas que le lycée Chaptal, que je déposais au lycée avant de rejoindre mes cours au lycée. C'était notre quotidien de vivre comme ça.

Il va y avoir une chanson avant, c'est Et moi je chante. Ça a toujours matché avec Gérard Lenorman !

Oui, parce que Julien Clerc arrive en 1968, il est très important. Et puis en 1970, arrive ce garçon que je connaissais un peu, pas bien, Gérard Lenorman, avec une chanson qui s'appelle Il. Je me prends d'admiration, d'amour pour ce chanteur et les années passent et un jour, je me dis : il faudrait que j'écrive des chansons pour ce garçon qui me plaît énormément. Et moi, j'amène mes chansons à Jean-Jacques Souplet, son producteur. Et un jour, il me dit : "On va faire écouter cette chanson à Gérard Lenorman". Elle s'intitule La sorcière à l'époque. C'est la même chanson avec un refrain complètement différent. Et puis un soir, je suis chez CBS en train de déposer de nouvelles chansons et voilà que la porte s'ouvre et que c'est Gérard Lenorman qui entre dans la pièce. Et là, c'est comme si Paul McCartney était rentré dans le studio. Jean-Jacques lui dit : "Tu tombes bien, voilà Didier Barbelivien". 

"Gérard Lenorman me dit: ‘Ah, c'est toi ‘La sorcière’! Le refrain, ça ne va pas du tout. Il part dans ce qui devient le refrain de ‘Et moi je chante’. Je suis fasciné, je trouve ça magnifique."

Didier Barbelivien

à franceinfo

Gérard Lenorman me demande : "Tu sais jouer du piano ?" Bien sûr, et je chante la chanson. J'arrive à la fin du couplet et là, il me met la main sur l'épaule et il me dit : "Écoute" et il part dans ce qui devient le refrain de Et moi je chante. Je suis fasciné, je trouve ça magnifique. Il me dit : "Bon, eh ben, tu vois, là, c'est pas si compliqué" et il fout le camp. Et moi, je remonte dans le bureau de Jean-Jacques et il me dit : "Alors comment ça s'est passé ?" J'ai répondu : il est parti, il m'a chanté un truc qui m'a l'air magnifique, mais déjà, je ne m'en souviens pas. Jean-Jacques me dit : "Ce n'est pas grave". Si c'est grave ! Comment on va retrouver la chanson ? "T'inquiète pas, lui, s'il te l'a chantée deux fois, il ne l'oubliera jamais". Et c'était vrai.

Didier Barbelivien sera en concert le 2 novembre 2023 à Bressuire, le 5 à Marseille, le 8 à Lyon, le 12 à Lille, le 26 à Toulouse, le 1er décembre à Tours, etc.

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