Bixente Lizarazu : "Ce que j'aime dans le sport, c'est le partage"
Bixente Lizarazu, champion du monde en 1998, champion d'Europe en 2000, est assimilé dans le cœur des Français au niveau international comme l'un des plus grands défenseurs latéraux en football. Il faut dire que sa passion et même son amour pour le sport sont presque indéfinissables tant il fait partie de lui. Il est son moteur, son équilibre, son oxygène nécessaire à son quotidien. Il est aussi son phare chaque jour à travers son œil et sa voix en tant que consultant sportif.
Aujourd'hui, il publie : Vivre de sports - Pour rester en forme aux éditions Flammarion.
franceinfo : Ce qui est très intéressant, c'est la place quotidienne du sport dans votre vie. On y découvre que cet amour du sport a effectivement démarré très jeune.
Bixente Lizarazu : Oui, parce que j'avais des parents qui étaient sportifs et qui nous ont permis, mon frère et moi, de faire énormément de sport, de toucher à tout. Cela a représenté mes premiers bonheurs, ça a été une révélation. J'étais doué pour ça. Je m'éclatais là-dedans et je me suis dit très vite : Tiens, j'aimerais bien faire du sport, mon métier.
Votre père est l'un des pionniers du surf au Pays basque dans les années 70. Il vous a toujours guidé. Vous rendez hommage à vos parents dans cet ouvrage en leur disant : "Merci". Au départ, il y a le tennis, mais votre cœur va basculer pour le football. D'abord à Hendaye où vous allez être repéré par le recruteur des Girondins de Bordeaux. Tout bascule. Vous aviez 13 ans, finalement, c’est un peu sur le tard que cela bascule.
Non, non, ce n'est pas sur le tard. C'est un peu comme ça que ça se pratique. C'était l'âge pour entrer au centre de formation et donc c'est arrivé au bon moment. Il ne faut pas que ça arrive trop tôt. Parfois, il y a des gamins qui sont recrutés à l'âge de dix ans, mais c'est beaucoup trop tôt.
"Ma mère était en larmes quand le recruteur est arrivé à la maison. Il leur a dit : ‘Bon, votre fils est doué’. "
Bixente Lizarazuà franceinfo
Il est carrément venu vous chercher chez vous.
Il est carrément venu à la maison : "On voudrait qu'il rentre au centre de formation des Girondins de Bordeaux". Et moi j'étais comme un fou ! Et ma mère, à côté, était en larmes : "Mon fils, il va partir à 200 kilomètres de la maison, ce n'est pas possible". J'étais trop content. Je rêvais de ça, je rêvais de faire du sport, mon métier. Et donc là, j'avais la possibilité au travers du foot, de me spécialiser et d'essayer de devenir footballeur professionnel.
Vous vous livrez énormément dans cet ouvrage. Vous dites des choses très fortes. Vous parlez par exemple du moment où vous passez le tunnel du Stade de France lors de la Coupe du monde 98. Et c'est à ce moment-là, vraiment, que vous prenez conscience que ce match va être le match de votre vie, que vous allez avoir 90 minutes pour sceller le sort de votre vie, de l'équipe de France aussi, de représenter ce maillot. La Coupe du monde 98 reste donc le plus beau moment de votre vie ?
Oui, c'est une fierté, mais c'est aussi le fait de le ressentir avec ses partenaires. Dans les sports collectifs, j'adore sentir la force de mes partenaires et qu'ils sentent ma force et qu’on se transmette ça.
"La Coupe du monde 98 est le plus beau moment de ma vie. Avant de rentrer sur le terrain où tout est possible on passe par tous les sentiments. On peut devenir champion du monde, on peut tout perdre. Rien qu'en parlant de ça, j'ai encore de l'émotion parce que c'est quelque chose de très fort."
Bixente Lizarazuà franceinfo
Quand je commente les matchs, l'avant-match est ce qui me touche le plus. En tant que commentateur, j'ai l'impression de le revivre. À la limite, c'est le seul moment de nostalgie que je peux avoir. C'est quelque chose que je ressens toujours très fort et que j'aime ressentir encore.
Vous parlez de votre âme de gladiateur. C'est vrai qu'avec Zidane, Dugarry, il y avait cet esprit d'équipe. Est-ce que c'est ce qui vous définit le plus d'ailleurs d'avoir toujours eu cet esprit collectif ?
Je ne sais pas si c'est ce qui me définit le plus. Non, je pense qu'il y a la liberté aussi. En fait, c'est assez paradoxal car j'adore les sports d'équipe, mais j'aime aussi être libre et indépendant. Ce que j'aime dans le sport, c'est le partage. Même aujourd'hui dans les sports dits "individuels"... Le vélo, l'intérêt c'est de le faire avec des amis c'est comme dans le foot, voilà, c'est ça qui est fort, c'est que tu le vis non seulement avec des partenaires, mais en plus, comme c'est le sport le plus populaire au monde, tu le vis avec des passionnés de foot. Et quand tu gagnes la Coupe du monde, évidemment, ça génère quelque chose de complètement fou.
C'est aussi des conseils que vous donnez dans cet ouvrage pour bien comprendre le sport. Par exemple le sommeil. Vous dites que ça fait aussi partie de l'entraînement et qu'il faut avoir conscience qu'il faut bien se reposer pour pouvoir pratiquer correctement le sport.
Il n'y a rien de mieux en termes de récupération que le sommeil. Paradoxalement, ce n'était pas là où j'étais le meilleur, notamment la veille des matchs où il y a un peu plus de pression. Mais je me suis aperçu que si on dort bien toute la semaine et qu'on ne dort pas bien la veille d'un match, ce n'est pas très grave. J'ai accepté mon cycle. Mais la récupération dans sa globalité, évidemment que c'est quelque chose de très important. Je parle beaucoup de la blessure aussi. La blessure dans le sport, en fait, c'est parce qu'on a commis une erreur quelque part. Il faut donc trouver un juste compromis entre l'entraînement maximum et la récupération idéale. Et ça, ce n'est pas toujours facile.
Je voudrais qu'on parle des Jeux Olympiques, vous serez consultant pour Radio France et sur franceinfo.
Je suis très heureux de pouvoir participer. Ça m'est arrivé une fois avec Canal, à l'époque des Jeux Olympiques de Pékin où je faisais des reportages sur différents sports.
"Radio France m'a donné carte blanche. Je vais pouvoir parler des J.O comme je le souhaite, libre, parce que j'aime toujours avoir une certaine liberté pour pouvoir parler des sports et je suis très content d'y participer."
Bixente Lizarazuà franceinfo
Homme heureux ?
Homme complet. J'ai adoré ma carrière de footballeur professionnel, mais il me manquait quelque chose parce qu'on était dans la spécialisation, parce que je n'étais pas libre. Là, je suis libre, je continue à faire beaucoup de sports et je continue à parler de sport. Et quand je suis là-dedans, je suis heureux.
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