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À 55 ans, Pierpoljak aimerait bien "avoir 15 ans" et savoir tout ce qu'il sait maintenant

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’auteur-compositeur-interprète version reggae Pierpoljak pour son nouvel album "La roue tourne Igo" qui sort aujourd’hui.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Pierpoljak sur scène lors de la 30e édition du festival Rencontres et Racines à Audincourt, le 29 juin 2019 (LIONEL VADAM  / MAXPPP)

Le grand public rencontre Pierpoljak avec son troisième album Kingston Karma en 1997. Un succès inédit à l’époque car le reggae francophone était une musique un brin confidentielle. Plus de vingt ans plus tard il revient avec un, tout de même, 10ème album, La roue tourne Igo.

Ce dernier, comme à l’accoutumée, se nourrit de sa vie notamment de ses dernières expériences : "C’est inspiré de ma vie en fait, comme d’habitude. C’est inspiré surtout de l’année 2017 où j’ai été incarcéré en fait et donc la roue tourne igo en fait c’était gravé sur la porte à l’intérieur de la cellule. C’est la phrase que j’ai vu en arrivant et que j’ai vu pendant 6 mois et demi et donc, dès le début, je me suis dit : 'si tu refais un album ce sera le titre' !"

Pierpoljak confie à Elodie Suigo que ce n’est pas la première fois qu’il passait du temps en prison, que c’était déjà arrivé par trois fois entre ses 16 et 19 ans: "mais parce que je le méritais entre guillemets, je faisais des conneries quoi ". Cette fois-ci, c’est pour avoir omis de se présenter aux convocations de la justice : "des histoires de pension alimentaire enfin bref, donc à la fin ben comme j’ai pas de chance, je me suis retrouvé là-bas. Et puis finalement, je vais vous dire franchement, ça m’a remis un peu dans la réalité des choses". Dans ce nouvel album, quelques titres se font l’écho de cette période, en particulier la chanson Jeu de con.

Grandir à la cité, faire des séjours en prison, ce n’est pas une fierté, c’est un karma

Pierpoljak

à franceinfo

Adolescent, Pierpoljak raconte qu’il rêve de Mick Jagger : "C’est toujours mon idole d’ailleurs", il écoute par le biais de son grand frère les Rolling Stones, les Who, Otis Redding, Jimi Hendrix, les Sex Pistols, monte même un groupe de musique punk avant de se tourner vers le reggae, le sound system "avec Tonton David, Saï Saï etc… Je voulais être à la hauteur. Et après quand j’ai fini par arriver en Jamaïque, on va dire que c’est là que tout a vraiment commencé. J’ai puisé dans cette force, cette puissance".

L’éloge de la mère et de Rastafari 

De son père, il n’a rien à dire : "il ne m’a rien donné, du tout. Même pas 5 francs". Père à son tour, c’est avec le sourire dans la voix qu’il se qualifie presque de papa poule.

Je suis très protecteur de mes enfants, j’ai cinq enfants. Dès que je n’ai pas de nouvelles, ça va pas du tout. On dirait un peu une maman quoi !

Pierpoljak

à franceinfo

Il évoque sa mère avec admiration. Âgée de 86 ans, elle lui a appris "l’honnêteté et la droiture" alors qu’il avait beaucoup de mal à intégrer ces règles. Il explique notamment qu’à l’époque où il est sur la pente glissante de la délinquance, il part aux Antilles et rencontre des rastas et notamment Rastafari qui lui permettent de rester dans le droit chemin. La musique l’a "sauvé" : "Ce sont les rastas que j’ai rencontrés en Dominique qui m’ont hébergé. Je suis resté chez eux, je n’avais pas une tune à l’époque, j’étais un vagabond même. C’est juste en les voyant vivre que j’ai eu de l’admiration et je me suis dit que je voulais être le plus possible comme eux"

À 55 ans, on peut dire que la chanson Clarks aux pieds symbolise tout son parcours de vie à travers sa musique et justement il a hâte de les chausser à nouveau pour monter sur scène : "Moi, je ne sais faire que ça et c’est ce que j’aime faire".

Son seul regret ? C’est qu’il aimerait "bien savoir tout ce que je sais maintenant et avoir 15 ans".

Pierpoljak sera en concert : le 14 novembre à Montpellier, le 27 à Mulhouse à l’empreinte Festival ou encore le 28 à Beauvais (sous réserve de la covid19).

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