"Le Gouverneur d'Antipodia", de Jean-Luc Coatalem
Un livre d'aventures, brillant et angoissant, doublé d'une réflexion métaphysique. Jean-Luc Coatalem.
Le Gouverneur d'Antipodia , de Jean-Luc Coatalem est publié aux éditions du Dilettante (190 p., 15E) Note : ****
Mot de l'éditeur
Jean-Luc Coatalem, tous ses livres en témoignent, est du club de ceux qui aiment à "tâter de la rondeur" de la planète. Il aime également à goûter les retombées poétiques de l'élan voyageur: étiquettes jaunies et guêtres en cuir de buffle, lunettes de visée et ombrelles de lin, boussoles de cuivre et carabines allemandes, toute la brocante de l'errance aventureuse. Ce goût tout à la fois poétique et forcené s'incarne cependant dans des figures rares. Tel celui qui nous parle debout sur la grève d'Antipodia, parcelle antarctique, "une île perdue, cernée de vagues puissantes, devant, derrière, partout", François Lejodic, mécanicien et amoureux déçu. Depuis il fait fonction de vigie de la République tricolore sur cette miette granitique, poncée par la marée, abrasée par les vents, piquetée de chèvres voraces. Lui sert de compagnon et de supérieur un rejeton des Paulmier de Franville, famille amirale, diplomate en disgrâce qui vit l'endroit comme une Sainte-Hélène à la nudité vertigineuse : "En mon royaume vide, comptable des nuages, prince des nuées, je suis le négus du Grand Rien". Chacun arbitre son quotidien à sa façon: songes érotiques et maintenance du matériel, rêves de pouvoir et taquineries érudites. Une revue d'inspection épicée d'une foulure au pied, la visite à une base météo, l'arrachage d'une molaire prennent stature de dates majeures. Puis le temps joue son rôle d'acide, attaque, délite, excite : la rêverie tourne à l'obsession, le songe exotique à la vision homicide, les tensions s'exacerbent, les violences surgissent entre Antipodiens, un délire épais que rien ne parvient à réduire.
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