Menaces de grève sur les JO 2024 : "Si on avait écouté les syndicats" avant, "on n'en serait pas venu à cette tragicomédie", fustige Bernard Thibault

L'ancien secrétaire général de la CGT, invité dimanche sur franceinfo, a réagi aux menaces de grèves pendant les festivités, qui se font de plus en plus fortes.
Article rédigé par franceinfo
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Bernard Thibault, l'ancien secrétaire de la CGT, avec Emmanuel Macron, lors d'une visite du village olympique à Saint-Denis en février 2024. (LUDOVIC MARIN / POOL / AFP)

"Si on avait écouté les syndicats en temps et en heure, on n'en serait pas venu à cette tragi-comédie", estime Bernard Thibault, co-président du Comité de suivi de la charte sociale des Jeux de Paris 2024, sur franceinfo dimanche 10 mars au matin, alors que la menace de grève pendant les festivités se fait de plus en plus forte. Cette semaine, CGT et FO, ont lancé des appels dans la fonction publique. Stanislas Guerini, le ministre de la Fonction publique, a annoncé samedi sur franceinfo "des primes de 500, 1 000, 1 500 euros pour tous les agents de la fonction publique qui seront sur le terrain" pendant les JO.

"Nous devions avoir des négociations" à la fin de l'année 2023, mais "ça n'a pas eu lieu", assène Bernard Thibault, ancien secrétaire général de la CGT. Il rappelle que le 19 juin 2023, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, avait annoncé des négociations dans chacun des ministères pour définir "le plan de continuité des activités", c'est-à-dire "combien de fonctionnaires" doivent être mobilisés et quels sont les "modes d'organisation du travail".

"Un retard a été pris" avant les JO

Il dénonce ensuite "l'inquiétude liée au remaniement ministériel" qui a suivi. "Un retard a donc été pris, alors qu'il faut anticiper sur cette question-là. L'impatience et l'inquiétude sont montées progressivement. Les fonctionnaires, comme d'autres salariés, arrivent à une période où ils aimeraient bien y voir plus clair sur la période d'été", notamment pour une question d'organisation familiale. À cela, s'ajoute l'annonce d'une prime exceptionnelle portée jusqu'à 1 900 euros pour les policiers et gendarmes qui travaillent en Île-de-France. Cela a "alourdi le contexte global". C'est comme s'il y avait "une République autonome du ministère de l'Intérieur".

Bernard Thibault dénonce aussi le "contentieux salarial entre les fonctionnaires et l'Etat" : "Les fonctionnaires s'entendent dire qu'il n'y aura aucune revalorisation des salaires cette année et les fonctionnaires, comme les autres salariés, sont à même de revendiquer une amélioration de leur pouvoir d'achat, dans une période d'inflation." Il évoque notamment l'appel à la grève lancé par les syndicats le mardi 19 mars, lié à la question des salaires.

Des grèves, "pas la crainte principale" de Bernard Thibault

Malgré ce contexte, l'éventualité que les JO soient perturbés par des tensions sociales "n'est pas la crainte principale" de Bernard Thibault puisqu'aucun "syndicat n'est opposé aux Jeux de Paris". "Ils ont pris l'initiative dès 2017, et j'y suis un peu pour quelque chose, de concevoir une charte sociale. Des Jeux organisés en France se devaient de respecter des conditions de travail, d'emploi, de formation... Et c'est sur cette base-là qu'on travaille depuis plusieurs années." 

Mais, "je pense que si on avait écouté les syndicats en temps et en heure, on n'en serait pas venu à cette tragicomédie", estime l'ancien secrétaire de la CGT. Alors qu'une réunion entre les syndicats et le gouvernement est prévue mardi 12 mars, Bernard Thibault, également connu pour avoir été secrétaire général de la CGT, "souhaite que la négociation soit une réelle négociation".

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