Législatives 2024 : "Ce qui a changé c'est que désormais quand on écoute Jordan Bardella, on écoute le potentiel futur Premier ministre"

Mathieu Souquière, consultant, essayiste et expert associé à la Fondation Jean-Jaurès, analyse la situation politique inédite.
Article rédigé par franceinfo
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Le premier tour des élections législatives aura lieu le 30 juin. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS via AFP)

"Est-ce qu'on assume tout à la fois d'envoyer des députés RN au Parlement européen, et aussi d'en faire la majorité parlementaire chez nous ?" D'après Mathieu Souquière, consultant, essayiste et expert associé à la Fondation Jean-Jaurès, c'est cette question qui se pose aux Français à deux semaines des élections législatives du 30 juin.

Interrogé samedi 15 juin sur franceinfo, Mathieu Souquière juge que "ce qui a changé depuis dimanche, c'est que désormais, quand on écoute Jordan Bardella, nous n'écoutons plus la tête de liste de l'extrême droite pour le Parlement européen, nous écoutons le potentiel futur Premier ministre de la France"

Concernant la dissolution de l'Assemblée nationale prononcée par Emmanuel Macron, l'expert juge qu'"une dissolution est quelque chose de totalement incontestable au plan institutionnel", "le président de la République a le droit de dissoudre", rappelle-t-il. "Au plan démocratique, elle n'est pas davantage contestable. L'appel au peuple n'est jamais critiquable", juge-t-il. "Au plan politique" en revanche, "elle est plus étonnante", tranche-t-il. "Engager effectivement une dissolution au moment où votre camp est faible comme jamais et où votre principal adversaire est à l'inverse renforcé comme jamais, cela questionne", s'étonne Mathieu Souquière.

Première semaine "réussie" à gauche, "difficile" au RN, "burlesque" chez LR

Le consultant de la Fondation Jean-Jaurès analyse également l'influence du Nouveau Front populaire. Alors que des députés sortants LFI, comme Alexis Corbière et Raquel Garrido, n'ont pas été réinvestis par le parti, Mathieu Souquière rappelle que "ce n'est pas la première fois que la question démocratique est posée au sein de ce mouvement politique". "Mais là, précisément, elle est posée à un bien étrange moment", juge-t-il. "La gauche, contre toute attente, avait réussi cette semaine à réaliser une union aussi fluide que rapide. Tout semblait bien se passer(...) cette union, effectivement, paraissait assez miraculeuse", décrit-il.

"La question des investitures vient gripper en tout cas cette belle fluidité au sein de la gauche. Donc on verra quelle dynamique l'emporte."

Mathieu Souquière, consultant, essayiste et expert associé à la Fondation Jean-Jaurès

à franceinfo

"Est-ce que ce problème va pouvoir être réglé et remettre l'union sur des rails ou est ce qu'elle est précisément le grain de sable qui vient gripper la machine durablement ?", interroge le spécialiste, rappelant que "le temps est compté" et que "la gauche n'est pas ressortie des élections européennes renforcée". "Le score qu'elle y a accumulé aujourd'hui est à peu près au même niveau qu'il y a cinq ans et c'est pour ça précisément que la dynamique unitaire est la seule condition qui puisse permettre de créer une dynamique politique derrière", tranche-t-il.

Pour autant, Mathieu Souquière estime que malgré "les difficultés" avec ces questions d'investiture, "la gauche a réussi sa première semaine en réalisant son union", alors que "l'extrême droite a connu une première semaine, elle-même assez difficile. Je ne sais pas si on peut la qualifier de calamiteuse, mais en tout cas, on voit bien que sur les alliances, ça s'est mal passé avec Marion Maréchal et avec Éric Zemmour, ils auraient dû conclure une alliance. Ils ne l'ont pas fait dans des conditions optimales. Et avec LR, on a assisté là pour le coup à un épisode totalement burlesque où le président du parti a annoncé une alliance qu'il n'avait pas les moyens politiques de faire."

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