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Un accord trouvé entre la Grèce et ses créanciers ?

La rumeur a couru hier à la mi journée, propagée par un officiel grec, au point qu’un vent d’optimisme a soufflé et fait s’envoler les marchés, y compris la bourse de Paris. Alors faut-il y croire ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

On l’a encore vérifié hier, une rumeur n’est pas une information, surtout quand elle veut forcer le destin, surtout si elle est propagée sous couvert d’anonymat et qu’elle n’a été confirmée par aucun officiel de la partie adverse, c’est à dire Bruxelles, la banque centrale européenne ou encore le FMI. Tout le monde a voulu croire hier à la bonne nouvelle. Mais force est de constater ce matin, que cette interminable négociation au bord du précipice relève parfois davantage de la bataille politique, y compris sous ses pires aspects – avec sa part d’intox – que d’une discussion économique rationnelle. Alors il est vrai qu’en même temps tout le monde a envie que cet épisode s’achève. Les pressions sont terribles, les nerfs des uns et des autres seront aujourd’hui encore soumis à rude épreuve. La Grèce est au bord du défaut financier, ses caisses sont vides, c’est maintenant vraiment une question de jours.  Le compte à rebours a commencé.

Mais sait-on au moins ce qui bloque encore ?

Sur le papier, le deal paraît simple : les trois grands créanciers de la Grèce, que sont l’Union européenne, la banque centrale et le FMI sont prêts à débloquer une nouvelle tranche d’aide de plus de  7 milliards d’euros, mais ils ne veulent pas mettre cet argent sans garanties et dans un puits sans fond. Les uns et les autres ont déjà mis beaucoup d’argent, au point qu’aucun pays au monde n’aura été autant aidé que la Grèce. En échange donc, ces créanciers demandent un plan précis de réformes et veulent des garanties sur leur application de la part d’un Etat dont l’administration est structurellement faible : il y a sur la table une hausse de la TVA, un report à 67 ans de l’âge de la retraite au lieu de 62 ans, ou encore une libération des marchés de biens et des services réclamée spécialement par le FMI pour booster la croissance.

Et que répondent les négociateurs grecs ? 

Les dirigeants grecs nous font penser à la formule de Woody Allen : « je hais la réalité, mais c’est le seul endroit où trouver un bon beefsteak », bien en la circonstance, la réalité, c’est le seul endroit où les Grecs peuvent trouver de l’argent frais.

Alors ils ne veulent rien de ce qui pourrait ressembler à l’austérité terrible il est vrai qui leur avait été imposée sans grand succès ces dernières années. Ils ne veulent aucune coupe dans les salaires ou les retraites, veulent pouvoir réembaucher des fonctionnaires, garantir des aides sociales notamment en matière de santé et limiter au maximum les privatisations. Surtout le gouvernement d’Alexis Tsipras, veut une victoire politique et une « solution de long terme pour la dette », selon la formule officielle, autrement dit une restructuration de la dette ce que les créanciers ont jusqu’ici toujours refusé. Autant de sujets qui montrent que si un accord était finalement arraché dans les prochains jours, il ne serait que temporaire et partiel et précéderait d’autres négociations. La vérité, c’est que l’Europe n’en aura pas fini avec le problème grec avant plusieurs années.

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