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Qu’en est-il du statut des fonctionnaires ?

C’est le jour J pour les fonctionnaires, c’est ce jeudi matin que le gouvernement dévoilera l’ampleur de la hausse de la rémunération qu’il leur a promise après six ans de blocage du point d’indice. Un geste qui suscite une polémique très politique. Paraît-elle justifiée ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
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Que le gouvernement ait bien quelques arrières-pensées en tête, Fabienne, personne, avec un peu de bonne foi, ne peut le nier au risque du ridicule. Que Manuel Valls et François Hollande cherchent à amadouer les fonctionnaires dans un climat social très tendu, que le Président et le Premier ministre aient peut-être même une arrière-pensée liée à l’approche de la présidentielle, c’est aussi probable. Que certains s’interrogent sur le financement d’un geste, forcément coûteux pour le budget de l’Etat, c’est légitime dans une période très contrainte : tout geste en faveur des fonctionnaires devra d’ailleurs être intégralement compensé par des économies équivalentes a rappelé le ministre Michel Sapin. Mais franchement, je crois que ni les arrières-pensées, bien réelles, ni même la question du financement, à ce stade au moins, ne constituent le fond du problème. Que des enseignants, des infirmières, des aides-soignantes, des policiers, des magistrats demandent à ce que leur traitement augmente après six ans de blocage, et pour certains, de vraies pertes de pouvoir d’achat, cela ne paraît pas illégitime.

Mais alors où se situe le vrai problème ?  

Le problème, c’est que l’ensemble de la fonction publique est aujourd’hui installé dans un statu quo dévastateur. Des rémunérations bloquées ou étriquées, des perspectives de carrière si lentes ou si compliquée et en même temps parfois si prévisibles qu’elles découragent, des parcours professionnels ultra balisés et trop rigides, un usage structurel des précaires plus vaste et plus problématique encore que dans le privé, et je pourrais ajouter un un jeu syndical sans imagination et très conservateur, tout cela donne aux fonctionnaires un sentiment général de paupérisation de la fonction publique. Bien sûr, je généralise, cela n’est pas vrai partout, mais globalement, ce sentiment progresse. D’autant que l’Etat a pratiqué ces dernières années pour des raisons budgétaires respectables, des coups de rabot sur les effectifs et les budget sans proposer de vision sur les caractéristiques d’un Etat moderne, sans donner de sens, sans réforme profonde des modes de fonctionnement.

Alors c’est le statut des fonctionnaires qui pose problème ?

Cela va bien au delà du sujet inflammable du statut Fabienne. Il est étonnant que la gauche, si attachée à l’Etat, à l’idée d’une puissance publique bien réelle, régulatrice, protectrice, porteuse de valeurs, n’ait pas eu l’audace de la réformer en profondeur avant que celle-ci ne s’abime vraiment. Ensuite, oui, il y a bien, parmi d’autres, la question du statut, qu’il ne s’agit pas de casser, mais de fluidifier en s’interrogeant s’il est aujourd’hui pertinent, juste  et efficace, que des personnes et des métiers aussi différents soient soumis aux même règles, au même statut, des règles et des statuts par ailleurs inventés au lendemain de la Seconde guerre, dans un tout autre contexte. A droite, en tout cas, c’est déjà un sujet de positionnement politique : Nathalie Kosciusko-Morizet ou Alain Juppé veulent restreinte l’usage du statut, François Fillon veut instaurer les 39h dans la fonction publique, Nicolas Sarkozy veut en supprimer 300.000 postes. Une chose est sûre, la situation est telle qu’on n’échappera pas à un grand débat sur la fonction publique lors de la prochaine élection présidentielle. Le débat a d’ailleurs déjà commencé. Pourvu qu’il soit à la hauteur de l’enjeu.

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