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Quand La Poste s'ubérise...

La Poste vient de prendre une participation de 20% dans une start up de livraison rapide, "Stuart", c’est son nom. C’est le signe d’une vraie révolution dans cette très ancienne entreprise publique.
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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La Poste est vieille de six siècles, donc on peut vraiment dire que c’est la plus ancienne entreprise française. Une participation de 20% dans une start up, quasiment inconnue, vous me direz que ça ne vaut pas tripette, mais cette petite histoire là est le signe, parmi d’autres, d’une transformation radicale d’une entreprise qui change de modèle pour survivre. Stuart, c’est une start up française, une plateforme à la mode Uber, du nom de l’entreprise américaine qui a révolutionné le métier des taxis. Et cette plateforme s’est spécialisée dans la livraison d’urgence, dans l’heure, en ville : retirer un colis, un achat, une commande, que sais-je, le tout livré en moins de 60 minutes pour un particulier ou une entreprise. A Stuart, pas de salarié, les chauffeurs sont travailleurs indépendants ou auto-entrepreneurs. Ce qui signifie aujourd’hui qu’à la Poste cohabitent désormais des fonctionnaires – pour les plus anciens - des salariés de droits privés – c’est le cas de tous les nouveaux entrants depuis des années – et désormais des travailleurs indépendants. Voilà donc le premier signe d’un début d’ubérisation de la Poste, d’une transformation de statuts, d’organisation, de types de services aussi proposés à sa clientèle, ou pardon, à ses usagers comme on disait autrefois.

La Poste propose et va proposer de multiples nouveaux services

Oui, et pour une raison simple, elle n’a pas le choix. Son vieux modèle reposait hier sur la livraison du courrier : et le courrier c’est fini ou presque. Déjà nous ne recevons plus que des factures ou presque dans nos boites aux lettres. Cette activité dévisse et très bientôt les lettres seront totalement remplacées par des envois numériques. Et sur son autre activité majeure, la livraison de colis, La Poste fait face à l’éclosion de multiples concurrents privés, à commencer par le géant Amazon. Et cette entreprise américaine de commerce en ligne est d’ailleurs aujourd’hui à la fois le premier client de la Poste et le premier concurrent, une situation un peu schizophrénique. Donc oui, la Poste doit proposer de multiples nouveaux services, y compris pour donner du travail à ses 90 000 postiers : des activités de commerce en ligne, de livraison de repas ou de produits frais par exemple. Invité cette semaine du Club de l’économie du Monde, le patron du groupe Philippe Wahl a révélé qu’en octobre prochain serait ainsi proposé un nouveau service appelé : « Veillez sur mes parents ». « Veillez sur mes parents » sera un service auquel chacun pourra s’abonner, pour qu’un facteur passe, deux, quatre ou six fois par semaine pour visiter une personne âgée, statistiquement, d’ailleurs ce sera votre Maman, pour s’assurer que tout va bien.

Ces nouveaux services, ça peut marcher et sauver La Poste

Quand vous posez cette question au patron de la Poste, Philippe Wahl, il vous répond deux choses :

Ce qu’on appelle la silver économie et les multiples services liés au vieillissement de la population constituent une vivier considérable d’activités et donc de business. Mais dans le même temps, Philippe Wahl avoue qu’il ne sait pas si cela suffira, qu’il ne sait pas chiffrer avec certitude la valeur que créera ces nouveaux services. Et cette incertitude, il l’assume, mieux il l’explique à ses 260 000 salariés. Et c’est cette pédagogie là qui a mis vraiment l’entreprise en mouvement. D’autres vieux services publiques feraient bien de s’inspirer de ce qui se passe aujourd’hui à la Poste.

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