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Quand la Chine s'engage pour le climat...

La Chine vient d’annoncer ses objectifs en matière de lutte contre le réchauffement climatique, bonne surprise : ces objectifs sont plutôt ambitieux !
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

C’est une bonne surprise, une bonne nouvelle, passée quelque peu inaperçue en raison de l’intensité du feuilleton grec mais la Chine a profité de la visite de son Premier ministre à Paris pour annoncer qu’elle se dotait d’une feuille de route (on dirait plutôt un plan dans le langage chinois). Le programme est établi sur quinze ans. Il mise sur une profonde mutation de l’économie. La Chine s’engage ainsi à réduire de plus de 60% l’intensité de son économie en carbone d’ici 2030, à plafonner ses émissions de gaz à effet de serre à la même date en dépit de la croissance très soutenue de son économie.

C’est donc une contribution majeure à la lutte contre le réchauffement climatique, une contribution qui ouvre sans doute la voie à un accord international lors de la COP21, cette grande négociation internationale qui se tiendra à Paris en décembre prochain. 

Peut-on y croire vraiment ?

Oui, on peut croire à la sincérité de l’engagement de la Chine pour au moins deux raisons. La première est que le problème de la dégradation de l’environnement et de la pollution qui frappent de nombreuses villes chinoises (à commencer d’ailleurs par la capitale Pékin) est devenu un sujet majeur dans le débat public et dans les médias. Les Chinois savent très bien que leur pays est aujourd’hui le premier pollueur de la planète, avec 25% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Les Chinois en sont les premières victimes et la pression populaire est désormais très forte.

La deuxième raison est que le modèle de croissance de la première puissance mondiale en terme de PIB est en train de changer profondément. Le modèle chinois de croissance avait été tiré essentiellement par l’industrie ces trois dernières décennies avec une demande considérable d’énergie et des matières premières polluantes. Un autre modèle de croissance prend à présent le relais, il est davantage basé sur le développement des services parce que le niveau de vie progresse très vite et que le gouvernement veut améliorer l’efficacité énergétique du pays.

Comment se manifeste cette volonté politique des dirigeants chinois ?

Elle se manifeste d’abord par des investissements massifs dans le domaine des énergies renouvelables. Ces investissements dépassent désormais ceux des Etats-Unis et de la France réunis, dans l’éolien, le solaire. 75% des investissements chinois dans l’énergie le sont désormais dans les énergies non fossiles. Un fonds spécial est alimenté par la taxation de la consommation d’électricité. Résultat : les Chinois, qui ne font pas les choses à moitié, se sont dotés de technologies. Ils exportent déjà leur savoir-faire, et certaines villes chinoises font déjà figure de laboratoires, si ce n’est de modèles. La capacité de production d’énergie nucléaire va aussi tripler dans les quinze ans qui viennent.

Cette politique ultra-volontariste donne déjà des fruits. La Chine est déjà le pays où les émissions de CO2, rapportées au PIB, ont le plus baissé. La Chine fait donc un véritable effort. Maintenant à l’Inde, l’autre géant, de s’y mettre vraiment.

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