Privatisation des aéroports de Lyon et Nice : tout bénéfice pour l’Etat
Souvent accusé de brader le patrimoine national ou de céder un peu trop facilement les bijoux de famille, l’Etat a donc choisi de céder ses parts dans l’aéroport de Nice à un consortium composé de l’italien Atlantia – contrôlé par la famille Benetton –, d'EDF Invest et de l'aéroport de Rome. La participation de l’Etat dans l’aéroport de Lyon est cédée à un consortium composé de Vinci, la Caisse des Dépôts et Predica, filiale assurance du Crédit Agricole. La procédure n’est pas définitivement bouclée. Les représentants des salariés doivent être consultés et l’Autorité de la concurrence doit se prononcer. Le gouvernement espère boucler l’affaire au plus tard à l’automne.
Peut-on parler de choix pertinents concernant ces nouveaux actionnaires ?
Pour une fois, on ne retrouve pas les chinois très critiqués pour leurs investissements tous azimuts en France comme les qataris. Les chinois qui ont racheté l'aéroport de Toulouse l'an dernier mais cela ne se passe pas très bien avec les pouvoirs publics. Certes, les Italiens sont dans le coup mais ils restent des investisseurs européens. Et puis, à majorité, la France garde la manœuvre. Dans le cas de Nice, on retrouve EDF Invest, une structure discrète mais efficace. C’est l’un des investisseurs français en infrastructures financièrement les mieux dotés. Cette filiale a été créée en 2013 pour gérer les actifs d’EDF provisionnés pour couvrir le coût futur du démantèlement des installations de l’électricien. EDF Invest c’est aujourd’hui une force de frappe d’une grosse vingtaine de milliards d’euros.
Les gagnants et les perdants
Outre les candidats déchus, il y a quelques ressentiments au plan local. A Lyon par exemple, la Chambre de Commerce, qui détient 25% du capital de l’aéroport, regrette la manière dont le dossier a été géré par l’Agence des Participations de l’Etat, mais la CCI fait contre mauvaise fortune bon cœur. Quant aux syndicats, ils restent vigilants pour les questions d’emplois. En réalité, le grand gagnant c'est l'Etat, tant sur le plan financier que stratégique. Grâce à l'aéroport de Nice vendu pour 1 milliard 200 millions d’euros et Lyon pour 535 millions, ce sont près de 2 milliards d’euros qui tombent dans les caisses publiques. La valorisation de l'aéroport de Nice est 22 fois supérieure à son résultat brut d'exploitation, 21 fois pour Lyon. Sur le plan stratégique, l’Etat restera le régulateur et gardera la main sur les infrastructures. La sécurité est également gagnante puisque les candidats aux rachats ont revu leurs offres pour s’adapter au nouveau contexte post-attentats.
A quoi va servir l'argent récolté à travers ces opérations
Le pactole va aller à l'Agence des Participations de l'Etat et servir à la recapitalisation de la branche nucléaire – EDF et AREVA. Mais 1 milliard 700 millions, cela ne représente qu'une partie des 8 milliards qui doivent être dépensés pour cet objectif dans les prochains mois. Quoi qu'il en soit, cette vente devient la plus grosse opération de privatisation réalisée par l'Etat depuis celle des autoroutes au milieu des années 2000.
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