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Pourquoi les aides à l'apprentissage risquent d'être rabotées

Olivier Dussopt, le ministre du Travail, était mardi soir devant la commission des Affaires sociales. Il a défendu les aides à l’apprentissage, non sans provoquer des débats, alors que le budget 2024 est actuellement discuté au Parlement et que l’État cherche à réaliser des économies.
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, à la sortie d'un conseil des ministres, à Paris, le 18 octobre 2023. (LE PARISIEN / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

L'aide à l'embauche pour un contrat d'apprentissage, c’est la prime versée aux employeurs pour les encourager à prendre des apprentis et elle fait polémique. Aujourd’hui une entreprise qui recrute un apprenti touche 6 000 euros, quel que soit le niveau d’études du jeune. Or, plusieurs députés de la majorité souhaitent limiter, dans le projet de loi de finances, cette aide pour les jeunes jusqu’à niveau Bac+2 maximum. L’objectif, c’est de rendre cette prime plus efficace. Ils jugent que les Bac+5 n’ont pas forcément besoin d’un coup de pouce pour trouver une entreprise qui les prend en apprentissage. Selon eux, l’État finance donc des embauches qui de toute façon seraient faites.

Et plusieurs économistes, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) notamment, dénoncent, eux aussi, ces effets d’aubaine. Ces dernières années, l’apprentissage a été très encouragé et ça marche bien. Preuve en est, plus de 800 000 contrats ont été signés cette année. Mais, ils coûtent cher aux finances publiques. Selon des économistes, comme Bruno Coquet de l’OFCE, au total, le montant de toutes les aides à l’apprentissage atteint près de 20 milliards d’euros par an pour l’État. En fait, ces dépenses sont disséminées, ventilées, entre France compétences, les Centres d’apprentissages, les employeurs, les aides aux apprentis.

Un intense lobbying patronal pour le maintien de cette aide

Pour le ministère du Travail, ce chiffrage est contestable, et surtout, Olivier Dussopt préfère mettre en avant les bénéfices du système : l’apprentissage permet à des jeunes de trouver un emploi et changer les règles serait un mauvais signal pour les patrons. Mais à un moment où l’État cherche à réaliser des économies, la question de procéder à un petit coup de rabot se pose au sein de la majorité.

Le risque, c’est d’avoir moins de jeunes en apprentissage, c’est bien tout le problème et c’est politique. Car Emmanuel Macron affiche toujours l’objectif d’avoir un million de jeunes par an en alternance d’ici 2027. C’est sans compter sur l’intense lobbying patronal. Certaines fédérations professionnelles sont très actives, pour demander le maintien des aides telles qu'aujourd’hui.

Enfin, dernier sujet, là aussi très politique : ces dernières années, si le taux de chômage a baissé, c’est en partie grâce à l’apprentissage. Selon l’Insee, un tiers des entrées en postes seraient en fait des contrats d’alternances. Demain, si l’État soutient moins ce système, la courbe du chômage promet de remonter. Alors qu’elle a déjà tendance à repartir à la hausse, il n'est pas sûr que le gouvernement prenne ce risque.

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