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Pourquoi la politique monétaire de la BCE ne marche pas mieux ?

Tous les regards sont une fois encore tournés vers Mario Draghi ce mercredi. Le patron de la Banque centrale européenne devrait annoncer de nouvelles mesures pour relancer l’économie.
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Pourquoi la politique monétaire de la BCE, pourtant très active, ne marche-t-elle pas mieux ? C’est la question qui suscite aujourd’hui le plus d’inquiétude. La Banque centrale européenne a pourtant sorti le bazouka pour tirer de sa torpeur l’économie européenne. Elle a racheté 600 milliards de dettes publiques depuis le 9 mars 2015, c’est-à-dire en un an exactement, ce qui est colossal. Elle a, par ailleurs, adopté des taux négatifs. 

Vers une nouvelle crise ? 

Pourtant, l’inflation diminue encore, et loin de s’améliorer vraiment, la machine économique européenne inquiète à nouveau. Certains économistes, les plus pessimistes, n’hésitent plus à parler du risque d’une nouvelle récession générale. Plusieurs banques centrales nationales ont d’ailleurs diminué, comme en France, leurs prévisions de croissance pour les mois qui viennent. A peine la reprise a-t-elle pointé le bout de son nez que les nuages reviennent.

 

En théorie, l’argent massif qu’injecte la banque centrale devrait diminuer l’inflation, inciter les banques à prêter de l’argent, et les entreprises à investir…L'inflation, par exemple, lorsqu'elle est faible, induit une croissance est faible, c’est mécanique. Or l’inflation est retombée à – 0,2%, c’est à dire qu’elle est négative, alors qu’en principe l’objectif cible de la banque centrale est de 2%. On en est donc très loin.

Quant à ces milliards d’euros que la banque injecte dans l’économie, ils ne parviennent pas, ou très peu, jusque dans l’économie réelle. Cet argent reste comme bloqué dans le système financier.

En réalité, les outils de politique monétaire sont inefficaces contre certains maux qui minent l’économie européenne, mais aussi une bonne partie de l’économie mondiale : ces maux, ce sont l’hyper-concurrence, la course au plus bas pris entre les pays, l’anémie générale de la demande, l’affaiblissement de la productivité ou encore le vieillissement de la population. Bref, des facteurs très lourds sur lesquels une banque centrale n’a pas de prise réelle.   

 

La banque peut-elle frapper encore plus fort ?

La Banque centrale européenne devrait encore augmenter son programme de rachats. De ce côté, les idées fleurissent. Certains par exemple, suggèrent que la banque rachète certaines créances douteuses des banques italiennes ou espagnoles pour relancer le crédit dans ces pays qui ont fait beaucoup de réformes, et où l’économie repart. Mais, une autre idée réapparaît, tout droit sortie d’une théorie économique inventée en 1948 par le père du monétarisme, Milton Friedman : l’idée, un peu simplifiée, consisterait à distribuer de l’argent non plus aux banques mais directement aux agents économiques, à nous particuliers ou entreprises. L’effet serait immédiat sur l’inflation, sur la demande et du coup redonnerait aux entreprises le goût de l’investissement. Cette théorie a un nom : "l’hélicoptère money" : comme si on distribuait de l’argent frais par hélicoptère. L’idée est réapparue dans le débat, notamment chez nos voisins britanniques. Gardons notre calme, cependant : elle n’a quasiment aucune chance de voir le jour. Jamais les Allemands, qui restent traumatisés par l’hyperinflation, ne laisseraient faire une chose pareille.

 

 

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