Pourquoi, en France, le chômage ne baisse pas ?
Oui, c’est la question qui hante d’ailleurs le président de la République, car il y a bien une énigme française en matière de chômage, le chômage a baissé de 25 des 28 pays de l’Union européenne en 2015. La France affiche donc l’une des plus mauvaises performances, alors que plusieurs indices économiques se sont bien retournés en 2015, et qu’ils sont en principe, tous favorables à l’emploi. D’abord la consommation des ménages : elle a augmenté l’an dernier, les Français ont bénéfice d’une hausse de leur pouvoir d’achat, grâce à la baisse très forte des prix du pétrole et au recul de l’inflation. 2ème indice favorable, la compétitivité de la France s’est améliorée, d’une part vis à vis du monde hors de la zone euro, grâce à la dépréciation de la monnaie unique, mais aussi vis à vis de beaucoup des pays membres de l’euro, comme l’Allemagne et l’Italie, grâce cette fois au CICE et au pacte de responsabilité qui ont fortement diminué les charges des entreprises. Enfin, 3ème indice favorable, la profitabilité des entreprises s’est aussi améliorée, les marges sont bien meilleures pour les mêmes raisons, la baisse des prix du pétrole, la dépréciation de l’euro et la baisses d’impôts. Voilà donc, trois impulsions positives qui auraient dû permettre l’inversion de la courbe du chômage.
Et pourtant, ça n’a pas marché, alors pour quelles raisons ?
En fait, l’économie française ne repart pas, la croissance frémit, mais elle reste décevante. Et surtout les entreprises ne montrent aucune intention d’embaucher ou d’investir davantage. En fait, les économistes nous disent qu’on peut avoir un contexte macro-économique qui s’améliore, c’est à dire du côté de la demande, de la compétitivité et de la profitabilité mais que ça ne suffit pas s’il n’y a pas aussi un contexte favorable du côté de la micro-économie : c’est à dire du côté des règles du marché du travail, des conditions de séparation d’un salarié, de la formation professionnelle, de l’innovation, et du positionnement des produits français. Et c’est bien du côté de la micro-économie que la France souffre : des produits trop bas de gamme pour s’exporter, là c’est clairement une pierre dans le jardin des entreprises. Mais aussi des règles du marché du travail trop rigides. Et puis la France souffre d’un problème énorme, majeur, du côté de la formation professionnelle, on y met beaucoup d’argent mais ce système très opaque ne bénéficie pas vraiment aux gens qui en ont le plus besoin, c’est à dire les travailleurs non qualifiés. Et sur ces deux derniers points, ce sont d’abord l’Etat et mais aussi les partenaires sociaux qui sont responsables.
Est-ce que ce que Français Hollande devrait annoncer va remédier à ces problèmes ?
Il y aura bien quelques avancées, en matière de formation et d’apprentissage, des aides nouvelles pour les petites entreprises, mais globalement, sauf surprise, pas d’électrochoc, pas de réforme systémique, pas d’expérimentations nouvelles, et surtout ces mesures mettront du temps avant de produire leur effet. Vous l’avez compris, l’inversion rapide de la courbe du chômage, ce n’est pas encore gagné.
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