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Loi anti-inflation : le retour du "quoi qu'il en coûte" ?

Le gouvernement n’a pas beaucoup de marges de manœuvres dans un contexte de  croissance nulle. Le décryptage de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un chariot de supermarché plein de victuailles. (JULIO PELAEZ / MAXPPP)

Le premier dossier du nouveau gouvernement sera la loi anti-inflation pour protéger le pouvoir d’achat des Français. Ce qui veut dire de nouvelles dépenses pour l’État. Les mesures promettent d'être nombreuses car avec cette loi, qui devrait être votée au début de l’été –sous réserve qu’Emmanuel Macron ait une majorité à l’Assemblée – le gouvernement prévoit plusieurs choses. Le bouclier tarifaire sur le gaz va être prolongé jusqu’à la fin de l’année (ça représente plus de six milliards d’euros) et la ristourne de 18 centimes d’euros par litre de carburant va aussi être prolongée au-delà du 31 juillet, mais on ne sait pas jusqu’à quand (une prolongation de quatre mois coûterait trois milliards d’euros). Dans le texte, il y aura aussi la suppression de la redevance audiovisuelle : soit trois milliards d’euros en moins pour l’État.  

Il faut ajouter à cela la reindexation des retraites sur l’inflation, dès le mois de juillet, sans savoir où sera le curseur :  4% ? 5% ? Selon les experts, un point de revalorisation, c’est 2,5 milliards d’euros. Il faut aussi y ajouter le chèque alimentation, la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires, etc. On n’a pas de chiffrage précis parce que tous les arbitrages ne sont pas encore pris mais ça va se compter en plusieurs dizaines de milliards d’euros. 

Une réforme des retraites pour retrouver des marges

Le gouvernement n’a pas beaucoup de marges de manœuvre dans un contexte de  croissance nulle, surtout qu’il promet de ne pas augmenter les impôts et de ne pas creuser la dette. On rappelle qu’elle est déjà à près de 2 800 milliards d’euros et que sa charge promet de s’alourdir avec la hausse des taux d’intérêts. La solution du gouvernement ? Dégager de l’argent en faisant rapidement la réforme des retraites et en décalant l’âge légal de départ de 62 à 64 ans. Elisabeth Borne le dit, c’est ce qui doit permettre à notre pays d’assurer notre modèle social. Cette réforme des retraites n’a donc pas juste vocation à équilibrer le régime. 

En attendant, le gouvernement aimerait bien que d’autres participent à l’effort, notamment les entreprises, qu’elles mettent la main à la poche pour améliorer le pouvoir d’achat des Français, en augmentant les salaires ou en distribuant la fameuse prime Macron sans cotisation, ni impôts dont le plafond va être porté à 6 000 euros annuels – ce sera d’ailleurs dans la loi anti-inflation. C’est le message que Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie entend bien faire passer aux représentants des organisations patronales qu’il reçoit lundi 23 mai.

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