Les seniors ont-ils vraiment une place sur le marché du travail ?
La question se pose d’autant plus que la France était connue comme l’un des pays les plus problématiques, ou même les plus méprisants à l’égard des seniors avec des taux de chômage ou de non emploi tout à fait spectaculaires. Et bien bonne nouvelle, c’est que la situation a vraiment changé ou soyons plus précis, elle est en train de changer. C’est un rapport publié hier par le Conseil d’analyse économique qui nous l’apprend. Le taux d’emploi, c’est à dire la part de ceux qui travaillent parmi ces générations comprises entre 55 et 64 ans, est en augmentation spectaculaire : ce taux était de 38% il y a huit ans et il atteint désormais près de 50%, soit un sénior sur deux. Cette remontée rapide de douze points montre donc que les choses ne sont pas figées, qu’il n’y a pas ou plus d’exclusion des séniors du marché du travail. Mais si on se compare, on s’aperçoit qu’il y a encore du chemin à parcourir puisque la France accuse encore en la matière un retard de dix points sur la moyenne des grands pays de l’OCDE.
Quelles sont les raisons de cette amélioration ?
On les connaît parfaitement. La France a rompu avec ces politiques publiques désastreuses initiées dans les années 70 et qui se sont poursuivies au cours des deux décennies suivantes. Ces politiques avaient souvent permis et même incité des entreprises touchées par la crise à mettre en place des plans de pré-retraites pour les seniors. Ces dispositifs, souvent financés par l’Etat, furent massifs. On pensait alors, bien naïvement, on peut même dire de façon assez paresseuse, qu’en se séparant des séniors, on ferait de la place aux les jeunes générations. Alors qu’on le sait désormais, les pays qui ont le taux de chômage le plus faible, sont aussi ceux qui permettent le plus aux séniors de travailler. Le marché de l’emploi n’est pas un gâteau, dont on pourrait se partager les parts, mais bien une dynamique, un ensemble vivant, qui répond à d’autres règles. On peut ajouter aussi que les entreprises sont aussi plus précautionneuses à l’égard des séniors, elles font plus attention de ne pas perdre des savoir-faire utiles, elles sont plus sensibles à l’idée de transmission, dans les secteurs en tout cas où cela a du sens bien sûr.
Il y a encore beaucoup de seniors au chômage, que préconisent ces économistes pour améliorer cette situation ?
Ce groupe d’économistes, pluralistes, qui conseille le Premier ministre met sur la table quelques mesures chocs, qui vont forcément faire débat pendant la présidentielle. L’idée est de mettre un terme à la plupart des dispositifs de pré-retraite et en ramenant à deux ans seulement, contre trois aujourd’hui, la durée d’assurance chômage des plus de 50 ans. Ce qui fait qu’il n’y aurait plus de différence, en matière d’indemnisation, entre les plus et les moins de 50 ans. Mais au delà, on sent bien que ces économistes militent pour des règles incitatives, qui permettraient à ceux qui le souhaitent de travailler plus longtemps, à temps plein ou à temps partiel, y compris entre 60 et 64 ans, en y gagnant vraiment au change en matière de retraite. L’allongement de la durée de la vie, et surtout de la santé des séniors, changent à la fois les capacités et les envies de plus en plus de séniors qui sont prêts à garder un pied dans la vie active. C’est à l’Etat de les encourager disent ces économistes, mais sans l’imposer à tout le monde.
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