Législatives anticipées : malgré l'appel de Bruno Le Maire, les organisations patronales se montrent discrètes face au RN
"Que le monde économique se mouille !", c'est ce qu'a lancé Bruno Le Maire, pour contrer le Rassemblement national à l'occasion des élections législatives anticipées. Il demande aux patrons de s'engager et de dénoncer le programme économique du parti.
Depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, dimanche 9 juin, il est vrai que les milieux économiques sont assez discrets. Contrairement aux syndicats, comme la CGT ou la CFDT, qui ont appelé tout de suite à faire barrage à l'extrême droite, le Medef ou encore la CPME ont fait preuve de prudence.
Les organisations patronales expliquent qu'elles n'ont pas vocation à faire de politique et que chacun doit rester dans son rôle et dans son couloir. Cette façon de botter en touche traduit plutôt un embarras, car elles comptent, parmi leurs adhérents, des électeurs du Rassemblement national, qu'elles ne veulent pas braquer.
CPME et Medef ont publié chacun un communiqué ou les mots ont été choisis, pesés et sous-pesés. À aucun moment, il n'est inscrit "extrême", par exemple et aucun parti n'est cité. Plutôt que de pointer les craintes face au programme des uns et des autres, les organisations ont pris le parti d'inscrire leurs revendications et leurs priorités en direction des futurs élus. Sans surprise, on retrouve ainsi des demandes concernant la baisse du coût du travail, le maintien des aides aux entreprises, de la politique de l'offre ou encore de la simplification de l'économie.
Un changement de position
Ce positionnement marque une vraie rupture, puisqu'il y a encore quelques années, le patronat ne voulait rien avoir à faire avec l'extrême droite et refusait de recevoir les représentants du FN de l'époque. Aujourd'hui, les candidats RN sont reçus au même titre que les autres. Laurence Parisot, présidente du Medef de 2005 à 2013, avait même écrit un livre, Un piège bleu marine, en 2011.
Pourtant, le programme économique du Rassemblement national inquiète les milieux d'affaires, mais les temps ont changé, et certains dirigeants, notamment les plus petits, sont aussi très sensibles à des thèmes portés par le RN, comme l'Europe qui étouffe l'activité à cause des normes, l'immigration ou encore l'assistanat versus le travail.
Il y a également toute une frange des patrons, même si elle difficilement quantifiable, qui est encore plus effrayée par les positions de l'extrême gauche sur le capital et la propriété. Certains confient en coulisses, préférer finalement, voir le RN prendre le pouvoir que la France insoumise, estimant que ce sera moins déstabilisant pour l'Économie.
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