L’économie divise une fois encore la gauche
Oui, si l’on prend l’échantillon des militants socialistes présents à La Rochelle, il y eut bien deux moments de tensions, des cris "Macron démission" dans une réunion à huis-clos avec les jeunes du MJS et quelques mouvements d’humeur et sifflets quand Manuel Valls a réitéré sa détermination à réformer les règles du marché du travail. C’est toujours les sujets de politique économique qui divisent la gauche et le parti socialiste, et quand on croit parfois que c’est l’Europe, c’est en fait encore d’économie dont il s’agit.
Depuis des années, c’est le sujet le plus sensible, celui qui enflamme les militants, et oppose les dirigeants. La première hypothèse pour expliquer cette tension, c’est l’absence de résultats tangibles sur ce front de l’économie depuis le début du quinquennat. Le chômage continue de monter, la croissance est atone, les déficits publics ne diminuent que très péniblement, tandis que le niveau de la dette, lui, poursuit inexorablement sa course. Le tout malgré une forte hausse des impôts. C’est, il faut le reconnaître, un tableau assez désespérant. On a déjà beaucoup dit sur l’impréparation de la gauche quand elle revient au pouvoir après 10 ans d’opposition, sur la faiblesse de son diagnostic initial, sur le temps perdu lors des deux premières années du quinquennat. Tout ça peut légitimement, rendre un peu crispé l’électeur et plus encore le militant socialiste.
Les critiques se focalisent essentiellement sur Emmanuel Macron
En ciblant Emmanuel Macron, la gauche du parti ne se trompe pas. En fait, à 36 ans, le jeune ministre, est le premier depuis Dominique Strauss-Kahn à vouloir redonner à la gauche, une doctrine économique assumée, modernisée, adaptée au monde d’aujourd’hui et à ses mutations profondes, notamment technologiques et en matière de travail. Les Français ont plutôt bien compris l’ambition et la fraicheur de ce pragmatisme et de ce parler vrai, si l’on en croit les sondages qui accordent à Emmanuel Macron un sérieux crédit.
L’une des difficultés, c’est que cette modernisation se fait à chaud
Pendant l’exercice du pouvoir, cette modernisation n’a pas été clairement assumée et explicitée pendant la campagne de 2012, et elle se fait donc par coups de boutoirs. L’exemple de la réforme promise sur le marché du travail est emblématique de la philosophie du ministre et d’ailleurs de celle de Manuel Valls : en voulant donner plus de la liberté à l’entreprise, et aux accords d’entreprise en la matière, ce projet prendrait le contre-pied de la philosophie de la fameuse loi de Martine Aubry : Ce sont l’entreprise et les représentants des salariés qui décideraient et non plus une loi tombée d’en haut imposant un même standard à tous, y compris en matière de temps de travail. Sur le fond et sur la méthode, le projet Macron-Valls se situe donc bien à l’opposé de celui de Martine Aubry. Donner plus de liberté aux acteurs de terrain quitte à malmener tabous et totem, voilà les non-dits des discussions et d’une polémique beaucoup plus sérieuse qu’il n’y parait parfois.
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