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Le spectre de la déflation plane sur la zone euro

Selon les chiffres de février, la déflation est désormais réalité dans les quatre principaux pays de la zone dont la France et l'Allemagne. Pourquoi ce qui est bon pour le consommateur ne l’est pas pour l’ensemble de l’économie ?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

La baisse générale des prix – la déflation – est ce que l’on appelle un phénomène ‘’auto-réalisateur’’ : face à des prix qui reculent, le consommateur reporte à plus tard sa consommation, tablant sur une baisse encore plus prononcée dans un futur proche.

Une consommation ainsi différée fait baisser  les commandes aux entreprises qui réduisent leur production, baissent les salaires ou licencient purement et simplement.

En sommes-nous réellement à ce point aujourd’hui ?

En février, l'indice des prix à la consommation est passé en territoire négatif dans quatre pays de la zone euro : -0.2% en France et en Allemagne ; -0.3% en Italie et -0.9% en Espagne.

C’est inquiétant car le recul des prix est général, touche de nombreux secteurs, et sur la durée : énergie : -8% sur un an en février ; produits alimentaires, alcool et tabac décélèrent…

Et, phénomène aggravant, la chute des cours du pétrole fait craindre désormais un repli général et durable des prix des biens de consommation

Comment peut-on inverser cette spirale infernale ?

Ce cercle vicieux peut être cassé en redonnant du pouvoir d’achat au consommateur. Facile à dire mais moins facile à faire.

Pour lutter contre le scénario du pire, la banque centrale européenne estime que le bon niveau d’inflation doit se maintenir autour de 2% (veiller à cette stabilité des prix est d'ailleurs la principale mission inscrite dans les statuts de la BCE).

Le 10 mars, la BCE pourrait relever ce montant à 80 milliards par mois, conjuguée à une éventuelle nouvelle baisse de son principal taux d'intérêt.

Quels sont les outils à la disposition des banques centrales pour inverser la tendance ?

Les banques centrales disposent d’assez peu d’outils.

Le principal c'est le levier monétaire mais avec le revers de la médaille d’une relance monétaire et d'une planche à billet qui tourne toujours plus vite : 60 milliards d’euros injectés chaque mois par la BCE, soit disant dans l’économie mais qui se retrouvent en réalité dans la bulle des marchés financiers

En résumé : il n’y aura pas de rebond économique sans une inversion de ce que les économistes appellent la ‘’dynamique’’ des prix. L’inflation est un mal nécessaire. L'inflation maîtrisée est un des ingrédients pour une croissance soutenue mais les moyens d’y parvenir risquent de nous coûter très cher, avec tous les effets collatéraux.

Le mieux est de se remettre à consommer.

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