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Le gouvernement sort le carnet de chèques pour soutenir son indépendance industrielle

Le gouvernement a annoncé, lundi 5 juin, mettre près de trois milliards d’euros pour financer une usine de semi-conducteurs à Crolles, près de Grenoble. La France cherche à bâtir son indépendance industrielle. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le site STMicroelectronics de Crolles (Isère). (LAURENT GALLIEN / RADIO FRANCE)

Près de trois milliards d'euros : c’est un des montants les plus importants investis depuis six ans pour bâtir une usine dans l’Hexagone. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a annoncé lundi le montant de l'aide d'Etat qui sera accordée à la nouvelle usine de semi-conducteurs de STMicroelectronics et GlobalFoundries à Crolles, près de Grenoble, un projet de presque 7,5 milliards d'euros, a indiqué Bercy. 

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L’argent est pris sur le plan de relance "France 2030" pour ce site.
Si le gouvernement sort le carnet de chèques, c'est pour éviter les pénuries de semi-conducteurs, indispensables pour la téléphonie, la construction de voitures, etc. On le voit en ce moment : faute de composants électroniques, Renault suspend la construction de sa petite Zoé sur le site de Flins pendant trois semaines. Un tel investissement, c'est justement pour s’assurer que les puces fabriquées à Crolles iront bien à l'économie française et ne seront pas exportées à l’étranger, surtout si on en manque.

Des nouveaux sites et des questions

Le gouvernement a ainsi posé une condition : sur une partie de la production de cette usine - 5% -, l’État aura son mot à dire et pourra décider où affecter ces composants, vers quelles usines tricolores. Autre clause du contrat : si l’entreprise STMicro gagne plus d’argent que prévu, une partie de la subvention devra être rendue à l’État. 

La France ne peut espérer être leader sur ce créneau parce que les pays asiatiques, et notamment la Chine, dominent vraiment le secteur des semi-conducteurs. Mais avec ces investissements, l’Union européenne espère atteindre rapidement 20% de la production mondiale. Ce n’est pas le seul domaine où la France cherche à se réindustrialiser pour gagner en indépendance : la pharmacie, la fabrication de batteries électriques... D’où l’annonce la semaine dernière de la construction de méga-usines de batteries électriques, dans les Hauts-de-France. 

Il faut donc s’attendre à d’autres implantations d’usines, mais peut-être pas avec les mêmes niveaux d’investissement. La Commission européenne doit valider la semaine prochaine plusieurs futures installations soutenues par l’État français : X-FAB à Corbeil-Essonne, Soitec, près de Grenoble, tous deux également dans les semi-conducteurs ou encore à Sablé-sur-Sarthe, une usine de l’équipementier automobile Valéo. Mais au-delà des subventions, des emplois que promettent de créer ces futures usines, il reste des interrogations et non des moindres : ces sites vont-ils bien respecter l’environnement ?

Lundi 5 juin à Crolles, des manifestants écologiques ont dénoncé l’implantation de l’usine parce qu’elle va consommer l’eau de la région. "De l’eau, pas des puces" disaient les banderoles, soulignant combien, avec les sècheresses, l’eau est aussi une ressource précieuse et hautement stratégique.

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