Le fonds souverain norvégien, une richesse presque infinie pour le pays scandinave
Quand on pense à la Norvège, les premières images qui nous viennent sont celles des fjords et des maisons en bois colorées au bord des lacs. Mais la Norvège, c'est aussi le fonds souverain le plus important du monde. Ce fonds vient de battre un nouveau record au premier trimestre 2024, il a gagné 125 milliards d'euros et atteint 1 510 milliards d'euros de valorisation. Ce fonds, créé en 1990 et géré par la Banque centrale norvégienne, est alimenté par les revenus gaziers et pétroliers, les gisements d'or noir sont pléthore au large des côtes norvégiennes. Mais le pays ne veut pas dépendre d’une ressource appelée à se tarir un jour et prépare l’après pétrole.
Depuis quelques années, le fonds diversifie tous azimuts à l'étranger : il a investi en majorité sur les actions, qui représentent 72% de ses capitaux, loin devant les obligations (26%) et les biens immobiliers. Il possède des parts dans plus de 900 entreprises, et notamment dans la quasi-totalité des groupes du CAC40 mais ne prend jamais plus de 10% pour diluer les risques. Il a aussi commencé à investir dans des projets d'énergies renouvelables encore non cotés en Bourse, parce qu'il profite de son poids pour imposer des exigences éthiques aux sociétés dans lesquelles il investit. Son credo, c'est l'investissement dit "responsable". En 2004, le pays s’est doté d’un Conseil de l’éthique (nommé sur proposition du ministère des Finances), chargé d’examiner dans le détail l’activité des sociétés dans lesquelles le fonds investit. Cette mesure vise à exclure toutes celles impliquées dans la fabrication d'armes nucléaires ou de mines antipersonnel, la production de tabac et les activités qui violent les droits humains ou détruisent l’environnement. En mai 2020, il a, par exemple, banni de sa liste d’investissements plusieurs géants miniers, comme Anglo American ou le Suisse Glencore.
L'État peut prélever jusqu'à 4% du fonds pour équilibrer son budget
Le fonds fait aussi campagne pour augmenter le nombre de femmes dans les conseils d'administration (CA). Depuis un an, il vote contre les nominations exclusivement masculines aux CA des entreprises japonaises, coutumières du fait. Le Japon est sa 2e terre d’investissement, derrière les États-Unis. Il se mêle aussi de la rémunération des dirigeants. En juin dernier par exemple, il a voté contre le plan de rémunération de 56 milliards de dollars d'Elon Musk, le patron de Tesla. Il aurait incité Coca, Apple ou Pepsico à réduire celles, jugées excessives, de leurs patrons. Enfin, tout est transparent : on peut voir tous les investissements sur internet.
Ce prodigieux bas de laine profite indirectement aux Norvégiens. Depuis 2001, l'État peut prélever jusqu'à 4% du fonds pour équilibrer son budget. Le fond sert ainsi de bouclier en période de crise. Il sert aussi d’épargne sur le long terme et vient ainsi financer les futures dépenses du généreux État-providence norvégien. Des garde-fous inscrits dans la loi empêchent cependant de trop puiser dans la cagnotte.
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