Le décryptage éco. Visite d'Emmanuel Macron en Corse : l'avenir économique incertain de l'île
Emmanuel Macron est en Corse mardi et mercredi. La question de l'autonomie de l'île sera au coeur des discussions. Et ce, dans un contexte économique particulier. L'île détient à la fois le record de résidences secondaires et celui du taux de chômage.
L’île de Beauté est plus connue pour son tourisme qui représente plus d’un tiers de son activité que pour son industrie. Un chiffre résume assez bien la situation. La Corse détient un record absolu : un logement sur trois est une résidence secondaire. Le territoire produit peu et n'exporte pas grand-chose. Le tissu économique est surtout composé de toutes petites entreprises dans le tertiaire et l’artisanat. Il y a une forte dépendance à l’administration française. On compte un fonctionnaire pour 10 habitants. Autre record, celui de commande publique par habitant : 2 181 euros. Cette situation est liée, notamment, à la mise en œuvre d’un programme exceptionnel d’investissement, lancé en 2002, pour aider le territoire à surmonter ses handicaps naturels.
Un ménage sur cinq sous le seuil de pauvreté
La Corse a de vraies difficultés économiques. L’île a un niveau de chômage plus élevé que sur le continent. De plus, c’est une des régions les moins diplômées de France. Un jeune sur cinq n'a aucune formation et un ménage sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. L'île compte aussi plus de familles monoparentales et la population y est plus âgée, que sur le continent. Mais la Corse bénéficie de nombreuses aides de l’Etat. Et il y a de nombreuses dérogations.
Des impôts plus faibles
Comme le climat, côté impôt, c’est un peu plus doux que sur le continent. La Cour des comptes a relevé qu’il y avait de nombreuses TVA minorées sur plusieurs produits, dans l’alimentaire, comme le vin produit et consommé en Corse, ou encore les carburants, les transports. Au total, le manque à gagner de ces niches fiscales et spécificités corses dépasserait 400 millions d'euros par an pour l'Etat français. Ce qui n’est pas si mal pour un territoire qui compte 330 000 habitants, c’est-à-dire 0,5% de la population française. Ces particularités corses ne sont pas toujours compréhensibles et sont historiques. Mais il y a surtout, disent les magistrats de la Cour, des carences dans la levée de l’impôt sur l’île. Ainsi, les revenus déclarés sont parmi les plus faibles de France, les fichiers ne sont toujours jugés fiables. Les données cadastrales sont parcellaires, et les contrôles sur les entreprises presque deux fois moins nombreux que sur le continent.
Quel avenir économique pour la Corse ?
La bonne nouvelle, c’est que la Corse connaît une importante croissance depuis quelques années. Mais elle garde encore une certaine dépendance aux dotations annuelles de l'Etat, mais aussi aux dotations de l’Europe. Pour produire des emplois, elle mise toujours sur le tourisme et elle a raison car ce secteur progresse. Elle parie aussi sur l'énergie, le numérique, ou encore l'agriculture. D’ailleurs, au cours de son déplacement, Emmanuel Macron visitera le centre de recherche agronomique de San-Giuliano.
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