Le décryptage éco. Réformer grâce à la croissance économique
Lors d'un déplacement à Vienne, en Autriche, samedi, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie a déclaré : "La France doit profiter de la croissance pour réformer". Le gouvernement, lui, continue de chercher des moyens de faire des économies.
"La France doit profiter de la croissance pour réformer". La phrase est signée Bruno Le Maire. Et le ministre de l'Economie l'a prononcé lors d'un déplacement à Vienne, en Autriche, samedi 29 juillet, alors que le gouvernement continue de chercher comment faire des économies.
Prenons au mot le ministre de l'Economie et notons dans nos agendas la date du samedi 29 juillet 2017. Non pas pour lancer un défi à Bruno Le Maire, mais l'opportunité est trop belle pour ne pas la souligner. C'est la première fois depuis longtemps que la volonté de profiter de la croissance économique et réformer est exprimée par un locataire de Bercy.
Evidemment, nous ne sommes pas revenus au temps de la fameuse "cagnotte" évoquée par Jacques Chirac en 1999. Le président de la République d'alors avait reproché à son premier ministre de cohabitation, Lionel Jospin, d'entretenir un trésor caché au ministère des Finances. Deux ans de croissance qui auraient permis d'alimenter la fameuse "cagnotte" qui, en réalité, n'a jamais existé. Aujourd'hui, nous en sommes même très loin.
Des indicateurs positifs
L'Insee a annoncé la couleur vendredi : PIB en hausse de 0.5% entre avril et juin, troisième trimestre consécutif de progression grâce à des exportations en hausse de 3 % ; plus 0.3 % pour la consommation des ménages (premier pilier de l'économie française). Une situation que l'on doit essentiellement au niveau compétitif de l'euro par rapport au dollar, aux taux d'intérêts très bas et à la baisse des prix de l'énergie sur le marché international.
Quoi qu’il en soit, ce rythme permet d'envisager cette année une croissance d'1,6 à 1,7 %. Quelques dixièmes de points supplémentaires très précieux alors que le budget 2017 est construit sur une hypothèse de croissance d’1,5 %.
Est-ce suffisant pour mener les réformes prévues ?
Mettons les chiffres en parallèle. Un dixième de point de croissance ce sont deux milliards d'euros supplémentaires injectés dans la machine. 0,2 point représentent quatre milliards d'euros. 4,5 milliards c'est ce que l'Etat doit trouver d'ici la fin de l'année pour arriver aux 3 % de déficits public. Trois milliards ont déjà été rabotés entre la Défense, certaines aides sociales (APL), la diplomatie, la politique des territoires. Avec cette croissance, si le rythme se poursuit, les objectifs budgétaires peuvent être atteints quasi automatiquement.
Le ministre de l’Economie ne dit rien d’autre : si on ne met pas cette période à profit, on fait une erreur comme certains précédents gouvernements qui lâchaient plutôt la bride au lieu de mettre de côté quand la conjoncture le permettait.
Bruno Le Maire estime qu'il est possible de faire baisser les impôts des ménages tout en réduisant la dépense publique. Reste à connaître les détails de ce dernier point car le ministre s'est bien gardé d'en dire plus. Les prochaines semaines vont probablement livrer leur lot de surprise, peut-être même avant la rentrée.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.