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Le décryptage éco. Réforme des retraites : concertation à Matignon, pour quoi faire ?

Edouard Philippe continue aujourd'hui de recevoir les partenaires sociaux, dans le cadre de la réforme des retraites et avant la journée du 5 décembre. À quoi sert cette concertation ? 

Article rédigé par franceinfo - Fannt Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Laurent Berger, (à l'extrème gauche) Secrétaire général de la CFDT est reçu par Edouard Philippe (à l'extrème droite), Premier ministre, à Matignon, le 25 novembre 2019. (ERIC FEFERBERG / AFP)

Avant la grève du 5 décembre contre la réforme des retraites, Edouard Philippe reçoit les partenaires sociaux. Depuis lundi 25 novembre et toute la journée aujourd’hui, syndicats et patronat défilent dans son bureau. Ces échanges peuvent-ils changer la donne ?

Une chose est sûre : ces entretiens de la dernière chance n’empêcheront pas la grève interprofessionnelle du 5 décembre prochain. Tout simplement parce que l’on voit mal le gouvernement retirer sa réforme des retraites. Or, c’est le mot d’ordre de la CGT par exemple. Philippe Martinez, son leader, est reçu aujourd’hui  à Matignon par Edouard Philippe. Va-t-il venir au rendez-vous? Philippe Martinez a souvent pratiqué la politique de la chaise vide avec le Premier ministre, se plaignant que ces échanges avec le gouvernement ne servent à rien, que quoiqu’il en soit, il décide toujours seul à la fin..

Mais il n’y a pas que la CGT. Force ouvrière est aussi contre le système universel par points. Pour Laurent Berger, à la CFDT, c’est un peu différent : il est favorable à un système par points, et il espère surtout peser sur les arbitrages. Notamment pour que le gouvernement renonce à des mesures d’équilibre des comptes du régime des retraites. On rappelle que le Conseil d’orientation des retraites estime qu’il va manquer entre 8 et 17 milliards d’euros dans les caisses en 2025. Quoi qu’il en soit, il ne faut pas s’attendre à des annonces ce soir.  

À quoi servent alors ces consultations ?

C’est une mise en scène : le gouvernement montre qu’il reste dans le dialogue avant le 5. Il veut montrer qu’il considère les corps intermédiaires, qu’il est dans l’écoute alors qu’on lui a souvent reproché de passer outre. Du côté de la plupart des syndicats, cela permet d’installer le rapport de forces, en assurant que la France va être bloquée. Les deux parties jouent la bataille de l’opinion : le gouvernement veut isoler les bénéficiaires des régimes spéciaux, convaincre que ce sont des privilégiés prêts à bloquer le pays pour défendre avant tout leurs avantages. Pour les syndicats, l’objectif est au contraire de persuader les Français que tout le monde est concerné et qu’il faut se mobiliser, y compris dans le privé car la réforme des retraites d’Emmanuel Macron va englober les 42 régimes. 

C’est impossible de dire aujourd’hui de quel côté va pencher l’opinion. C’est d’autant plus difficile que ce conflit risque de dépasser les syndicats : il faut s’attendre à des foyers de contestation qui échappent aux consignes des centrales. Est-ce que cela va rester limité au secteur public ? Le privé va-t-il entrer dans la danse ? Et puis, tout dépendra de la durée de la grève : il y a le 5 décembre mais aussi des jours suivants. Enfin, un facteur peut aussi peser : ce sont les violences, l’opinion en général n’aime pas ça. En attendant, pour préparer le conflit, Edouard Philippe réunit tous ses ministres dimanche prochain, le 1er décembre.        

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