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Le décryptage éco. Prime à la conversion dans l'automobile : l'Etat compte sur les banques

Des "prêts verts" pour accompagner les foyers les plus modestes dans la transition écologique : c'est une des pistes du gouvernement pour sortir de la crise des "gilets jaunes".

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Bonus écologique et prime à la conversion, document visible sur une tablette.  (MAXPPP)

Pour sortir de la crise des "gilets jaunes", Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie se tourne vers les banques pour qu’elles mettent la main à la poche : une réunion est prévue lundi 26 novembre à Bercy. Bruno Le Maire veut qu’elles accompagnent avec des "prêts verts" les foyers les plus modestes dans la transition écologique.

Il s’agit, en fait, de faire en sorte que les ménages reçoivent à temps leur prime à la conversion, lorsqu’ils changent de voiture. Car aujourd’hui, lorsque vous changez de voiture pour un véhicule moins polluant, l’État vous verse une aide qui peut aller jusqu’à 4 000 euros. Si vous achetez ce véhicule neuf chez le constructeur, le rabais est directement inclus dans le prix du constructeur, qui se fait rembourser ensuite par l’Etat. Mais pour les véhicules d’occasion, qui bénéficient aussi de la prime, le vendeur est souvent un particulier, et il ne peut pas avancer l’argent de la prime. L'Etat verse donc la prime à l’acheteur mais il y a souvent un décalage de trois à quatre mois. D’où l’idée de Bercy que ce soient les banques qui avancent l’argent.

Les banques estiment en faire déjà beaucoup

La prime à la conversion a été étendue. Cette prime, c’est une des rares mesures très concrètes que le gouvernement a mis en œuvre pour aider les Français à s’engager dans la transition écologique. Elle connaît un vrai succès, puisque depuis sa création en début d’année, près de 300 000 français l’ont déjà utilisée. Edouard Philippe a annoncé il y a une dizaine de jours son souhait de l’étendre encore. Sauf que dans les faits, l’Etat a du mal à suivre financièrement, parce que cela représente plusieurs millions d’euros à débourser. On a d’ailleurs déjà enregistré plusieurs retards de versement.

Vu le contexte, le gouvernement veut éviter de rajouter de la colère et demande aux banques de faire l’avance de trésorerie. Sachant que l’avance est de quelques mois seulement, et sans aucun risque pour elles, puisque derrière, l’Etat, de toutes façons, les remboursera.

Les banques ne sont pas de cet avis. Il y a dejà eu des réunions sur le sujet la semaine dernière, et elles se sont montrées pour le moins réservées. Elles estiment déjà proposer des offres de crédits abondantes et peu chères. Il y a deux aspects dans ce dossier : avancer le montant de la prime à la conversion, mais aussi aider les Français modestes à financer l’achat de la voiture en leur octroyant des prêts à de bonnes conditions, à des taux quasi nuls, sans frais de dossier. Elles estiment déjà faire suffisamment le travail.

Un bras de fer en vue avec Bercy

Cela promet d’être animé car Bruno Le Maire entend leur rappeler que lors de la crise de 2008, les banques ont été bien contentes de trouver l’Etat pour les soutenir. Et qu’il serait donc normal qu’elles renvoient l’ascenseur aujourd’hui. De leur côté, les établissements bancaires veulent mettre l’Etat devant ses contradictions, lui qui rappelle sans cesse qu’il ne faut pas pousser les Français à trop s’endetter. C’est vrai que le nombre de surendettés a diminué ces dernières années : la Banque de France a enregistré 30 000 dossiers de surendettement en moins par an. Autant dire qu’on s’attend à un dialogue de sourds.

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