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Le décryptage éco. Pourquoi Emmanuel Faber, le patron de Danone, est débarqué

Emmanuel Faber quitte Danone. Les actionnaires ont réussi à l’évincer du groupe. Un conseil d’administration dimanche 14 mars a entériné son départ immédiat.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Emmanuel Faber, patron de Danone à l'Elysée, le 23 août 2019. Photo d'illustration. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Emmanuel Faber était sous pression de certains actionnaires, celle de fonds d’investissements étrangers : notamment un Britannique, Bluebell, et un Américain, Artisan Patners, qui détient 3% du capital de Danone. Tous deux réclamaient la tête de ce patron atypique, diplômé de HEC, entré 1997 chez Danone. Emmanuel Faber a fait presque toute sa carrière dans le groupe agroalimentaire, succédant à Franck Riboud, et avait modernisé l’entreprise. Mais il surprenait dans le monde classique des patrons. Il avait par exemple été un des premiers à baisser sa rémunération, à reverser une partie de ses revenus à des associations. Dans les années 90, il publiait un livre contre les abus de la finance, il ne cachait pas non plus ses convictions écologistes.

Emmanuel Faber était soutenu par les syndicats, malgré l’annonce d’un plan de restructuration qui prévoyait 2 000 suppressions de postes sur les 100 000 dans le monde. Ces dernières semaines, il avait donné des gages à ses actionnaires, notamment en acceptant de lâcher le poste de directeur général, mais cela n’a pas suffi.

Pas assez de bénéfices

On lui reproche de ne pas avoir fait suffisamment de bénéfices pour les actionnaires, d’avoir rogné sur leurs dividendes. Certes, Danone a prévu d’en verser cette année, mais pas assez pour ces fonds d’investissement. L’an dernier, le titre Danone a perdu 27% en bourse, mais le groupe reste bénéficiaire, et affiche 24 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Une rentabilité toutefois moins bonne que ses concurrents, Nestlé ou Unilever.

Emmanuel Faber se définit comme un patron social, responsable, au point d’inscrire noir sur blanc ses convictions dans les statuts de l’entreprises, puisqu’il avait fait de Danone la première entreprise à mission du CAC 40, c'est-à-dire que le groupe s’engage à ne pas considérer les seuls profits financiers pour définir sa stratégie.

Emmanuel Faber est remplacé par Gilles Schepp 

L’ancien patron de Legrand, 62 ans, prend la présidence du conseil. Entré au conseil en Danone en décembre dernier, il est clairement à la main du fonds d’investissement américain, Artisan.
Mais au-delà des hommes, le départ d’Emmanuel Faber est un petit séisme dans le monde des affaires. C'est le signe que les fonds activistes étrangers ont pris le contrôle de ce fleuron français. Que le capitalisme traditionnel oppose finalement une vraie résistance à se réformer, à faire évoluer ses logiciels, même dans un monde traversé par le Covid-19.

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