Le décryptage éco. Opération déminage : Edouard Philippe reçoit les partenaires sociaux
Edouard Philippe reçoit les partenaires sociaux – patronat mais aussi les syndicats représentatifs – vendredi , dans le cadre de l’organisation du grand débat national. Plus que de compter sur eux pour apaiser la colère, Matignon veut éviter de nouveaux foyers d'incendie. Le décryptage éco de Fanny Guinochet ("L'Opinion").
Matignon veut éviter de nouveaux foyers d'incendie et pour ce faire Edouard Philippe reçoit vendredi 11 janvier les partenaires sociaux dans le cadre de l’organisation du grand débat national.
Le Premier ministre répond surtout à la demande de la plupart des partenaires sociaux qui ont demandé à avoir leur place dans ce grand débat national. Cette rencontre est un signe. L’exécutif montre qu’il les prend en compte, surtout après la surprise créée ces derniers jours, lorsqu’on a appris qu’Emmanuel Macron n’a échangé ni avec Laurent Berger, le numéro un de la CFDT, ni avec Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du Medef. Certes, Emmanuel Macron n’a pas montré beaucoup d’égards envers les syndicats depuis qu’il est arrivé au pouvoir. Et la rencontre de ce matin, qui ne se passe pas à l’Elysée mais à Matignon, traduit une volonté d'associer ces partenaires sociaux.
La CGT grande absente
La position de la CGT n’est pas une surprise. Philippe Martinez, le numéro un de l’organisation, refuse l’invitation du Premier ministre : il dénonce une "opération de communication". Il joue à plein la carte de la contestation, notamment parce qu’il veut se représenter en mai prochain à la tête de la CGT. En interne, il est sous pression, la frange d’extrême gauche du syndicat le presse de se ranger plutôt du côté des "gilets jaunes" que du côté du pouvoir. La CGT cherche a se refaire une santé, après une série de cuisantes défaites : la réforme de la SNCF est passée malgré la grève du printemps et les journées d’action nationale ont été des échecs.
Les syndicats bousculés par les "gilets jaunes"
Ils se sont fait doubler par les "gilets jaunes". Déjà sur le déclin, ils n'avaient pas besoin de ça. Dans la plupart des élections professionnelles qui ont eu lieu l’année dernière, à la RATP, à la SNCF aussi dans la fonction publique, les taux de participation ont beaucoup baissé. Et si la CFDT est devenue le premier syndicat français – dans le privé et le public – , c’est plutôt à la faveur du recul de la CGT. Plusieurs syndicalistes dont Laurent Berger avaient d’ailleurs exprimé, bien avant la crise des "gilets jaunes", leurs inquiétudes quant à leur avenir en disant que les syndicats pouvaient aussi être mortels. Le dernier baromètre du Cevipof que publie Le Figaro ce matin montre que le niveau de défiance des Français vis-à-vis des syndicats a encore augmenté ces derniers mois. Les Français ne croient plus dans l’action syndicale, d’ailleurs les "gilets jaunes" ont obtenu plus en quelques semaines de mobilisation – avec des violences – que les grandes mobilisations syndicales traditionnelles.
Ce matin, il ne faut pas attendre d'annonces spécifiques. Officiellement, Edouard Philippe veut discuter des modalités d’organisation du grand débat avec ses hôtes. Mais le Premier ministre veut surtout éviter d’ouvrir de nouveaux fronts. Par exemple, un embrasement de l’hôpital : la "gilet jaune" Ingrid Levavasseur vient de lancer sa pétition pour demander la hausse des salaires des soignants. Et l'hôpital est une institution où le taux de syndicalisation est encore fort. À défaut d’éteindre la crise sociale actuelle, l’exécutif se dit que les syndicats peuvent peut-être permettre de contenir de nouveaux départs d’incendie.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.