Le décryptage éco. Michelin poursuit sa cure d’amaigrissement
Michelin poursuit sa réorganisation et va supprimer 2 000 nouveaux emplois dans le monde d’ici à 2021. 1 500 départs prévus en France et 500 aux Etats-Unis, sans licenciements. Pourquoi cette vaste réorganisation à l’échelle mondiale ?
Michelin est à l’image de son emblème, Bibendum, le bonhomme boursouflé. Trop gros, plus assez agile, il poursuit sa cure d'amaigrissement. Mais que veut dire trop gros pour une entreprise dont le but est de gagner de nouveaux marchés, de générer toujours plus d’activités, réaliser toujours plus de profits pour réinvestir et remercier les actionnaires de leur fidélité ? La réponse, c’est la compétitivité du groupe. Bibendum continue de s'adapter pour faire face à la concurrence internationale.
Des résultats pourtant en hausse
Lorsque l’on regarde les chiffres 2016, on voit que le groupe a atteint un niveau record de rentabilité avec un bénéfice net de 1,66 milliard d’euros, en hausse de 43% par rapport à 2015, mais avec des ventes en baisse en valeur. D’où le besoin de réagir pour sauvegarder ce qui peut encore l’être de l’emploi en France. Réagir aussi face à la mutation du travail. Le monde se transforme, le numérique envahit les usines, l’emploi est de plus en plus à forte valeur ajoutée, c’est-à-dire qualifié, voire très qualifié. C’est l’emploi traditionnel, manuel, à la chaîne, qui en fait les frais.
On est aujourd’hui sur le digital, l’utilisation de matériaux de haute technologie, l’imprimante 3D, etc. Ces métiers demandent des formations et des qualifications spécifiques. Certains y verront un progrès vers des emplois mieux payés grâce à des formations plus poussées, d’autres y verront la paupérisation d’une classe de salariés mais l’adaptation est incontournable. La particularité de Michelin est d’avoir une pyramide des âges vieillissante, une opportunité pour l’entreprise clermontoise qui ne va pas licencier mais privilégier les départs en retraites et embaucher 3 500 jeunes d’ici 2021.
Une forte concurrence
Prenons l’exemple du pneu poids lourds, dont la branche fait partie des restructurations engagées depuis plusieurs années chez Michelin. Le marché en baisse de 25% depuis 2007 en Europe. Dans le même temps, les importations d’Asie ont flambé de 110%. Changement de monde et nouvelles technologies, Michelin est aujourd’hui l’exemple typique des adaptations nécessaires de l'industrie, avec la contrainte de sauvegarder au mieux le capital humain et social sans lequel une entreprise ne peut pas fonctionner.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.