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Le décryptage éco. Législatives 2017 ou l'année zéro des partis politiques

Tous les partis des candidats battus ont décidé à un grand nettoyage de leur plateforme programmatique pour les élections législatives.

Article rédigé par franceinfo
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Des panneaux d'affichage électoraux installés pour le second tour de l'élection présidentielle, le 27 avril 2017 à Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes). (BENOIT ZAGDOUN / FRANCEINFO)

Les partis ont revu les programmes de leurs candidats pour les législatives. C’est plus qu’un réajustement, c’est dans plusieurs cas, un véritable "reset", un changement de logiciel opéré à chaud, à la va vite, bricolé sans congrès, sans réelle discussion et sur un coin de table.

Certains avaient entamé un virage, parfois un changement de bord même, dès avant l’issue de l’élection présidentielle. Jean-Luc Mélenchon avait mis beaucoup d’eau dans son vin, expliquant dans les jours qui précédaient le premier tour, qu’on ne l’avait pas bien compris, et qu’il ne plaidait nullement pour une sortie de la France de l’Europe ou même de l’euro. De même, et pour les mêmes raisons, ne pas effrayer l’électeur, Marine Le Pen avait fait volte face sur l’euro, affirmant que ce n’était plus urgent d’en finir, qu’il fallait attendre d’avoir d’autres alliés en Europe pour envisager une sortie de l’euro et que de toute façon les Français seraient consultés par référendum.

Coup d'ardoise magique

Au Parti socialiste et chez Les Républicains, il n’aura fallu que deux petits jours après l’élection d’Emmanuel Macron pour donner un petit coup d’ardoise magique sur les programmes, en particulier économiques, des candidats Benoît Hamon et François Fillon. Dans les deux cas, il y a un grand recentrage idéologique des programmes, les idées les plus clivantes ont presque toutes disparu.

Le cas le plus spectaculaire est c’est celui du Parti socialiste. Et cela a provoqué la furie de Benoît Hamon quand il a découvert les trois petites pages de la plateforme programmatique des socialistes pour les élections législatives. Toutes les idées que le vainqueur de la primaire socialiste avait apporté et mis au cœur de son programme ont été balayées : plus de revenu universel, plus rien sur la raréfaction du travail, plus de taxe sur les robots, plus de droit au temps partiel, finie la sortie du diesel ou la contribution sur les superprofits, et j’en passe. Tout cela est passé par pertes et profits. Et on ne s’est pas perdu longtemps en explications, rue de Solférino, les derniers gardiens de la maison ont tiré un trait sur les idées d’un candidat responsable du plus mauvais score socialiste depuis 1969. Ça sent le règlement de comptes et la panique générale dans un parti en pleine explosion.

Clin d'œil aux électeurs

Et à droite, ce n’est pas beaucoup mieux. Pour Les Républicains, sur fond aussi de graves dissensions, c’est le retour au classicisme, au service minimum, aux fondamentaux dirait-on dans le sport. Pour ne choquer personne à droite, on a limé les arrêtes libérales du candidat Fillon, et gommé cette litanie de mesures martiales qui donnait des allures de purge bien austère au programme de la droite et du centre. Et en recherchant toutefois un équilibre fragile : les nouveaux ténors du parti, sous la houlette de François Baroin, ont ainsi adouci la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires chère à François Fillon et se contenteront donc de 300 000 suppressions. On garde le marqueur des 100 milliards d’économie sur la dépense publique mais on supprime l’augmentation de deux points de la TVA prévue par Fillon. Et on met surtout un peu de sucre dans le pudding, avec la promesse d’une réduction de 10% de l’impôt sur les revenus. Et pour que le clin d’œil soit clair, on explique que toutes les tranches seront concernées par ces baisses d’impôts.

Rafistolages en plein tempête

Difficile de dire pour l’instant à qui profitent ces rafistolages, opérés en pleine tempête, à droite comme à gauche. Chaque tente de fédérer ce qui peut encore l’être autour d’un plus petit dénominateur commun. Mais la vitesse de ces opérations sauve qui peut dit surtout beaucoup de la crise, profonde, radicale des partis politiques, de leur vacuité, de leur cynisme aussi. Ou ,pour le dire plus aimablement, de leur difficulté à penser aujourd’hui et maintenant un monde pris dans une grande transformation. On souhaite bien du courage aux militants de base qui vont démarrer ces jours-ci cette campagne sur le terrain !

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