Le décryptage éco. Le temps de la relance budgétaire
Faut-il en finir avec l’austérité et mener une grande politique de relance budgétaire ? C’est la grande question qui agite aujourd’hui les économistes.
Faut-il en finir avec l’austérité et mener une grande politique de relance budgétaire ? À cette question, le FMI il y a quelques mois, puis cette semaine l’Ocde l’organisation des pays développés, répondent oui, mille fois oui, une grande politique de relance est même vitale pour l’économie mondiale. Ces mêmes économistes avaient plaidé massivement depuis cinq ans pour la rigueur, sinon pour l’austérité pour corriger les graves déséquilibres et les déficits engendrées par la gestion de la crise financière et bien les mêmes conseillent aujourd’hui de tourner le bouton dans l’autre sens pour éviter un nouveau piège à l’échelle mondiale : le piège de la petite croissance, le piège de la croissance molle, et même selon certains le piège de la stagnation séculaire, c’est à dire une très long cycle où les pays les plus développés seraient condamnés au surplace ou presque, faute, notamment d’amélioration de la productivité. Ce piège est bien réel, on en voit des signes multiples et notamment aux Etats-Unis et en Europe. Les banques centrales ont beaucoup donné, elles ont injecté plusieurs dizaines de milliers de milliards mais elles sont au bout, aux limites de ce qu’elles peuvent faire. Aux Etats désormais de prendre le relais. Et l’Ocde se réjouit par exemple des projets de Donald Trump et de son programme massif d’investissements de 550 milliards de dollars pour rénover les infrastructures américaines. L’Ocde demandent que tout ceux qui le peuvent s’y mettent à leur tour au plus vite.
Une politique de croissance qui implique l'Europe et la France
L’Europe est plus que jamais menacée elle-aussi par le piège de la petite croissance, donc l’Europe est impliquée, mais pas tout le monde et pas n’importe comment nous dit l’Ocde. L’organisation met d’abord la pression sur l’Allemagne dont les excédents budgétaires paraissent aujourd’hui totalement anachroniques. L’Allemagne a les moyens budgétaires d’une grande politique de relance, qui ferait un bien fou à la zone euro, mais on le sait, elle s’y refuse jusqu’ici, au nom notamment du vieillissement de sa population et du fardeau des retraites. Mais le cas de la France est très intéressant : elle est impliquée disent ces experts, la France a aussi besoin d’investissements publics, et même s’il y a un léger mieux depuis quelques mois, l’Ocde regrette que ces investissements aient d’ailleurs beaucoup reculé sous ce quinquennat, servant de variables d’ajustements. Simplement la France est d’abord appelée à faire des réformes, car elles ne peut continuer à financer ses dépenses de fonctionnement, ses dépenses courantes par de l’endettement. Il lui faudrait donc restructurer ses dépenses publiques, pour pouvoir consacrer beaucoup plus à l’investissement, dans le numérique, dans l’éducation, où l’Ocde recommandent d’aider les moins favorisés et ceux qui sortent du système scolaire.
Les conditions pour que cela marche pour l’économie mondiale
Il y en a trois pour l’Ocde :
1. Que ça se fasse tout de suite, car on peut actuellement s’endetter pour pas cher, il faut profiter des taux très bas, car ils commencent déjà à remonter.
2. Qu’on le fasse tous ensemble et de manière coordonnée : la relance dans un seul pays, ça ne marche pas.
3. Que les Etats se retiennent de toutes mesures protectionnistes, car cela ruinerait l’impact de la relance. Pour le coup, la feuille de route est claire et chacun aura été prévenu.
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