Le décryptage éco. Le service civique, ça marche
Vincent Giret évoque ce mardi le service civique, dont François Chérèque dirigeait l'agence jusqu'à son décès.
S'il m’arrive le plus souvent dans cette chronique économique matinale d’évoquer des problèmes, des blocages, des crises de tout ordre, et Dieu sait que j’ai souvent l’embarras du choix, j’ai choisi de vous parler, mardi 3 janvier, d’une réussite française exceptionnelle, dont on parle peu, très peu, en tout cas pas assez.
Cette réussite, c’est le service civique, ouvert à tous les jeunes de 18 à 25 ans. Voilà une initiative venue de la société civile, relayée et soutenue intelligemment par le politique. Le service civique joue dans l’ombre un rôle considérable pour les jeunes qui cherchent leur voie, qui n’ont pas tous été en totale réussite dans le système scolaire et qui ont besoin d’être encore accompagnés, aiguillés, coachés, encouragés, tout en étant considéré comme des adultes.
Une idée venue de la société civile et portée par François Chérèque
Et si je veux vous en parler ce matin, c’est d’abord bien sûr en hommage à François Chérèque, qui fut l’honneur du syndicalisme et qui, après dix ans passés à la tête de la CFDT, avait souhaité diriger l’agence du service civique, pour la faire grandir et lui faire profiter de son expérience hors pair. Il n’y a pas de hasard, Chérèque avait été éducateur spécialisé et avait un contact simple, direct, chaleureux avec les jeunes générations. Tourné vers les autres, voulant être utile, ce syndicaliste était plus que jamais à sa place dans cette reconversion intelligente à la tête du service civique.
L’idée avait d’abord avait germé il y a sept ans dans la tête de quelques personnalités actives dans le domaine social, et portée par Martin Hirsch, qui fut président d’Emmaüs avant d’être nommé par Nicolas Sarkozy et François Fillon haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté et à la jeunesse. C’est Martin Hirsch qui lance donc ce service civique en mars 2010.
Un principe : il ne s'agit pas d'un stage mais d'un travail
L’idée est d’offrir aux jeunes de 18 à 25 ans, sans obligation de diplôme, une possibilité de s’engager dans un projet, pour une mission, pendant huit à dix mois, en France ou à l’étranger. Ces jeunes vont être dirigés vers des partenaires, le plus souvent des associations, des collectivités territoriales, des établissements publics agréés dans les secteurs de l’éducation, du soutien scolaire, du social, de la santé, de l’environnement, du sport, de la culture, du développement international ou de l’aide humanitaire.
L’idée forte est que ce n’est pas un stage, mais un travail, 22 heures par semaine, rémunéré à hauteur de 573 euros par mois. C’est une expérience d’intégration, qui pousse des jeunes à l’autonomie, à l’émancipation, qui valorise d’autres qualités que le système scolaire. Il faut entendre les jeunes volontaires en parler, c’est eux qui en parlent le mieux, et en général ils sont absolument enthousiastes d’autant que pour certains, ils combinent le service civique avec des études.
Objectif : la moitié d'une classe d'âge
Le service civique est monté en charge progressivement, de 6 000 en 2010 à 53 000 en 2015.François Hollande a souhaité ouvrir encore cette opportunité, en fixant l’objectif de 110 000 en 2016. Avec l’ambition d’atteindre 350 000 d’ici 2018, soit presque la moitié d’une classe d’âge.Il y a un deuxième étage, pour les jeunes qui veulent développer un projet, bâtir un nouveau cycle d’étude ou de formation, ou créer une entreprise à l’issue de leur service civique.
Cinq cents d’entre eux vont être chaque année lauréats du service civique, ils intègrent alors l’Institut du service civique qui, pendant une année, va les suivre, les coacher, les aider à travailler leur projet, à travers quatre séminaires, des contacts, des échanges et un mécanisme de parrain ou marraine, des cadres du privé ou des profs qui vont donner de leur temps pour suivre individuellement un jeune dans son parcours. N’ayant pas peur de nous enflammer, c’est tout simplement formidable. Tout simplement parce que ça marche.
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